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Journalistes en herbe: comment accrocher un recruteur?

Malgré un climat souvent qualifié de morose dans le secteur des médias, le métier de journaliste continue de faire rêver et les formations qui y mènent ne désemplissent pas. Dans ce contexte comment se démarquer pour décrocher un premier emploi dans une rédaction? Le Journal de Montréal, le Voir et Infopresse ont accepté de répondre…

Malgré un climat souvent qualifié de morose dans le secteur des médias, le métier de journaliste continue de faire rêver et les formations qui y mènent ne désemplissent pas. Dans ce contexte comment se démarquer pour décrocher un premier emploi dans une rédaction? Le Journal de Montréal, le Voir et Infopresse ont accepté de répondre à cette question.

Malgré un climat souvent qualifié de morose dans le secteur des médias, le métier de journaliste continue de faire rêver et les formations qui y mènent ne désemplissent pas. Dans ce contexte comment se démarquer pour décrocher un premier emploi dans une rédaction? Le Journal de Montréal, le Voir et Infopresse ont accepté de répondre à cette question.

Par Hélène Roulot-Ganzmann

Ça peut paraitre contradictoire pour quiconque cherche un premier poste en journalisme, mais le critère qui fait l’unanimité chez nos trois répondants est l’expérience du candidat.

«Deux cents textes, précise même George Kalogerakis, directeur de l’information au Journal de Montréal. Et pas des articles commandés par un professeur. Des papiers publiés dans le journal étudiant, dans un magazine communautaire, bénévolement même. Je veux voir un peu d’expérience.»

Car on ne devient pas journaliste du jour au lendemain, on ne se met pas à écrire du jour au lendemain, on embrasse cette carrière parce qu’on a la fibre, la passion.

«Les médias vivent des heures assez dures, affirme Simon Jodoin, rédacteur en chef du Voir. Nous avons besoin de gens qui ont envie de ramer avec nous dans une galère, d’aller au combat. Pas de quelqu’un qui se cherche juste une job. Si j’ai un conseil à formuler, ce serait de profiter du temps que l’on a lorsqu’on est jeune pour en faire le plus possible. Quelqu’un qui n’a toujours rien publié en sortant de l’école ne démontre pas une personnalité forte. Or, c’est ce dont nous avons besoin.»

Prendre l’entrevue en main

Une personnalité forte, de l’expérience et de la culture générale. Aller aux spectacles s’il s’agit de postuler au Voir. Connaitre l’industrie des médias et du marketing pour qui cherche à entrer chez Infopresse. Avoir en tête la nouvelle du jour lorsque l’on se présente en entretien au Journal de Montréal.

«Et savoir comment fonctionne la société, les différents paliers de gouvernement, les systèmes de santé et judiciaire, etc., confie George Kalogerakis. Le journaliste a la chance et la responsabilité de pouvoir questionner les hommes et les femmes de pouvoir sur n’importe quel sujet. Il a donc besoin de savoir ce qui se passe autour de lui, comment ça fonctionne. Je dois voir dans ses articles, mais aussi au cours de l’entrevue, si son cerveau fonctionne assez bien pour déceler les problèmes de notre société. S’il ne se questionne pas, ça ne fera pas un bon journaliste.»

Arnaud Granata, rédacteur en chef d’Infopresse, va même plus loin.

«En entrevue, j’attends d’un candidat qu’il me pose des questions, confie-t-il. Le travail du journaliste est de faire parler les gens. En entretien, j’évalue l’entregent, la curiosité, le dynamisme, la passion, mais aussi la capacité à poser les bonnes questions et à obtenir des réponses.»

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Critères traditionnels

Bien sûr, une orthographe parfaite, une lettre de motivation et un CV clairs, synthétiques, lisibles, une tenue en entretien qui cadre avec le type d’emploi auquel le candidat postule, restent des critères auxquels les recruteurs sont attentifs.

«Si un candidat est capable de bien synthétiser son expérience, je me dis qu’il y a de grandes chances qu’il sache le faire sur un autre sujet», note Arnaud Granata.

«J’ai eu quelqu’un en entretien avec lequel je n’ai pas pu rester plus de quelques minutes tellement il sentait mauvais, avoue George Kalogerakis. On ne sait jamais ce qu’on va couvrir dans la journée, il faut être habillé pour pouvoir parer à toutes les situations.»

Si les critères de recrutement traditionnels restent, d’autres se sont adjoints avec l’arrivée des nouvelles technologies et des médias sociaux. De ce point de vue, chaque recruteur à sa propre façon de faire.

Multitâches

Simon Jodoin se méfie des journalistes en herbe qui mettent surtout de l’avant leur capacité à faire la promotion de leurs articles sur les médias sociaux.

«Oui, c’est devenu important de nos jours, estime-t-il. Mais il faut d’abord savoir écrire. En revanche, j’ai besoin de personnes qui soient multitâches. J’aime bien voir des gens qui m’envoient un blogue sur lequel ils font tout: photos, réalisation de vidéos, montage, des textes écrits bien articulés, des discussions via les commentaires, des polémiques bien gérées, etc.»

De leur côté, Arnaud Granata et George Kalogerakis ne s’intéressent pas aux blogues.

«À moins qu’il s’agisse d’un blogue de nouvelles, nuance le directeur de la rédaction du JDM. Je cherche un journaliste capable de cueillir la nouvelle, de la vérifier, de la recouper et de l’écrire. S’il tient un blogue d’opinion, je ne le regarde pas. En revanche, les candidats doivent faire très attention à ce qu’ils publient sur les médias sociaux, poursuit-il. Il m’est déjà arrivé d’offrir un emploi à un candidat qui est allé tout de suite publier sur Facebook un commentaire niaiseux qui démontrait qu’il ne voulait pas vraiment du poste… je l’ai rappelé pour lui dire que je ne le prenais plus.»