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«Le journalisme de données ne vit pas un boom au Québec»

C’est l’avis de Steve Proulx, journaliste indépendant et fondateur de 37e Avenue, agence de presse spécialisée dans le journalisme de données, qui a décidé d’élargir les contenus qu’il propose à ses clients. Encore persuadé que cette nouvelle approche du métier fait partie des solutions qui permettront peut-être de sauver l’industrie, il a mis sur pied…

C’est l’avis de Steve Proulx, journaliste indépendant et fondateur de 37e Avenue, agence de presse spécialisée dans le journalisme de données, qui a décidé d’élargir les contenus qu’il propose à ses clients. Encore persuadé que cette nouvelle approche du métier fait partie des solutions qui permettront peut-être de sauver l’industrie, il a mis sur pied une formation, qu’il donnera samedi aux pigistes, à la demande de l’Association des journalistes indépendants (AJIQ).

C’est l’avis de Steve Proulx, journaliste indépendant et fondateur de 37e Avenue, agence de presse spécialisée dans le journalisme de données, qui a décidé d’élargir les contenus qu’il propose à ses clients. Encore persuadé que cette nouvelle approche du métier fait partie des solutions qui permettront peut-être de sauver l’industrie, il a mis sur pied une formation, qu’il donnera samedi aux pigistes, à la demande de l’Association des journalistes indépendants (AJIQ).

Par Hélène Roulot-Ganzmann

Trop cher et surtout trop aléatoire… si l’on avait cru l’an dernier que comme partout autour de la planète, les médias québécois se lançaient corps et âmes dans le journalisme de données à qui l’on prédisait un avenir radieux, et surtout que tout le monde voyait comme une nouvelle approche susceptible de sauver la profession, il semble que le soufflet soit retombé.

«L’intérêt est là, mais je n’ai pas remarqué qu’il y ait véritablement un boom dans ce domaine au Québec, affirme Steve Proulx. Et je ne suis d’ailleurs pas capable de citer un exemple tellement bon qu’il me soit resté en tête. Je pourrais le faire pour de tel projet dans des journaux à l’étranger, notamment au New York Times. À tel point, qu’avec 37e Avenue, nous nous sommes recentrés pour répondre aux demandes de nos clients. On fait moins de journalisme de données, plus de textes et surtout d’infographies.»

Mais journalisme de données et infographie, quelle différence finalement? Pour M. Proulx, le journalisme de données, c’est une nouvelle approche du journalisme, c’est en fait ce qui permet de tirer du sens à partir de données.

«Au lieu d’interviewer des sources, tu vas interroger des bases de données, explique-t-il. Tu vas tirer du sens de vastes jeux de données. Ça peut devenir ensuite une infographie, ce qu’on appelle une visualisation de données, mais ça peut tout aussi bien mener à un texte ou une application en ligne interactive. Ça peut surtout ne rien donner du tout… et c’est pour cela que c’est cher et aléatoire.»

Replonger dans ses cours de secondaire…

Cher également parce que le journalisme de données se pratique en équipe. Il y a le journaliste qui part à la pêche aux informations, mais il faut aussi bien souvent un économiste, un statisticien, un infographiste, voire un programmeur informatique… bref, pour qui souhaite se lancer seul, il y a une grosse marche technique à surmonter avant même de démarrer.

«J’ai récemment donné une formation de trois jours à Radio-Canada et je me suis alors aperçu à quel point les journalistes partent de très loin en matière de maniement des chiffres, raconte Steve Proulx. Calculer un taux croissance, on apprend ça au secondaire, et puis on oublie… et les jeunes ne sont pas plus aptes. Ils maitrisent mieux les technologies, savent mieux se servir instinctivement d’un nouveau logiciel, mais savoir sortir des informations pertinentes d’une base de données qui possèdent parfois un million d’entrées ou plus, c’est autre chose! C’est illusoire de penser qu’un journaliste va être techniquement assez bon pour faire du journalisme de données de haute qualité.»

Il y a donc de la place dans les rédactions pour des profils d’informaticiens, économistes, statisticiens, ayant décidé sur le tard de bifurquer en journalisme. Ce qui n’empêche pas que tout journaliste devrait être capable de savoir faire une moyenne et de travailler un temps soit peu avec les chiffres afin de ne pas se faire berner, de pouvoir vérifier certaines petites choses avant de les transmettre à ses lecteurs. Raison pour laquelle, M. Proulx a décidé de réorienter sa formation en partant vraiment de la base.

Rigueur, rigueur, rigueur

Être à l’aise avec les chiffres et les technologies, première grande qualité donc, pour qui souhaite toucher au journalisme de données sans se rendre malheureux. Ensuite, comme tout bon journaliste, il faut savoir douter de tout et surtout de l’interprétation que proposent ceux qui ont des chiffres à présenter.

«Mais il faut par-dessus tout être très rigoureux, ne pas avoir peur de lire ce qui est écrit en tous petits caractères en bas des tableaux, entrer en contact avec les gens qui ont fourni les données au moindre questionnement, explique Steve Proulx. Les médias ont le fétichisme du chiffre. On en retrouve souvent dans les titres. Si ce n’est pas le bon, s’il résulte d’un mauvais calcul, ça peut fausser tout le raisonnement, toute la démonstration, et causer du tort.»

Et Steve Proulx de rapporter une erreur commise par le journal La Presse au début de l’année, qui donnait l’Université Concordia en très mauvaise place en terme de taux d’obtention de diplôme… article qui a été suivi d’un mea culpa.

«Il y a dû y avoir pas mal de coups de téléphone parce que la semaine suivante, le quotidien a publié deux pages très complaisantes, raconte-t-il. En matière de journalisme de données, il faut toujours être capable de défendre ses chiffres.»

La formation sur le journalisme de données aura lieu samedi 7 juin de 9h30 à 17h. Les inscriptions sont encore ouvertes.

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