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Les neuf vies du Reader’s Digest

Au bout du fil, Robert Goyette se veut rassurant sur l’avenir du Reader’s Digest au Canada. Le rédacteur en chef insiste sur le fait que les difficultés rencontrées aux États-Unis n’auront aucune répercussion au Canada.   Par Catherine Mathys « On continue nos activités comme la semaine dernière. » Au bout du fil, Robert Goyette se veut…

Au bout du fil, Robert Goyette se veut rassurant sur l’avenir du Reader’s Digest au Canada. Le rédacteur en chef insiste sur le fait que les difficultés rencontrées aux États-Unis n’auront aucune répercussion au Canada.

 

Par Catherine Mathys

« On continue nos activités comme la semaine dernière. » Au bout du fil, Robert Goyette se veut rassurant sur l’avenir du Reader’s Digest au Canada. Le rédacteur en chef insiste sur le fait que les difficultés rencontrées aux États-Unis n’auront aucune répercussion au Canada.

Le 17 février dernier, RDA Holding, l’entreprise qui chapeaute The Readers’ Digest Association, annonçait qu’elle se plaçait sous la protection de la loi sur les faillites aux États-Unis (Chapitre 11). C’est la deuxième fois en quatre ans qu’elle y a recourt. 

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La première fois, en 2009, sa dette atteignait 2,2 milliards de dollars, mais l’entreprise était parvenue à restructurer ses opérations en six mois. Cette fois-ci, la direction vise à réduire une dette qui s’élève à 1,2 milliard.

De notre côté de la frontière, les dernières années n’ont pas été moins tumultueuses pour le magazine. En 2009, les opérations canadiennes du Reader's Digest ont fait l’objet d’un vaste plan qui visait à contrer les effets de la récession, ce qui s’était traduit par l’abolition de 15 postes permanents au pays. 

La rédaction avait aussi été restructurée : toutes les équipes avaient été regroupées sous la direction d'un seul rédacteur en chef. Le poste de vice-président et rédacteur en chef des magazines de langue anglaise qu'occupait Peter Stockland avait alors été aboli.
C’est à ce moment que Robert Goyette a été nommé au poste de vice-président, éditeur des livres et rédacteur en chef des magazines. Mais même sous son règne, les compressions se sont poursuivies: l’an dernier, une douzaine d’emplois ont été abolis aux bureaux de Montréal, principalement en marketing.
Il reste que les déboires de l’édition américaine ne devraient pas avoir d’effet au Canada. « Reader’s Digest a des éditions dans 40 pays, explique M. Goyette. Aucune n’a des actifs qui font partie de ce dépôt de bilan, parce que ce sont des entités juridiques séparées. »
Aucune mise à pied en vue au Canada – bien au contraire : le rédacteur en chef mentionne que son plan d’affaires prévoit plutôt des investissements et un développement rapide des diverses marques de l’entreprise.

Une industrie en difficulté

N’empêche, l’industrie des magazines poursuit sa décroissance. Le 7 février, l’Alliance for Audited Media (AAM) publiait son rapport sur la diffusion des magazines canadiens pour la deuxième partie de l’année 2012. Les chiffres montrent une baisse de 3,5 % de la diffusion payée ou de la diffusion sur demande  des 67 publications contrôlées entre les six derniers mois de 2011 et ceux de 2012.

Entre 2010 et 2011, on notait déjà une chute de 4,9 %. La tendance se poursuit aussi tant pour les abonnements payés (-6,2 %) que pour la vente de copies uniques (-1,2%).

Parmi les 10 magazines les plus populaires au Canada, l’édition canadienne anglaise du Reader’s Digest se classe au troisième rang. Mais c’est aussi celle qui a connu le plus grand recul de sa circulation en réduisant son tirage de 15,2 %. Le magazine a terminé l’année 2011 avec un tirage de 557 700 copies, pour ensuite reculer à 472 883 à la fin de 2012. 
Pour Robert Goyette, ces chiffres correspondent plutôt à une bonne gestion de la décroissance pour atteindre des objectifs de rentabilité. « On a un plan pour maintenir le tirage à 500 000 exemplaires, explique-t-il. On pense que dans l’économie actuelle, c’est le niveau convenable pour Reader’s Digest. » 
Selon lui, c’est le même scénario pour la version française du magazine. La baisse des ventes publicitaires a été plus importante dans Sélection que dans l’édition canadienne anglaise. Le tirage a donc été réduit en conséquence, pour se situer à 130 537, selon les chiffres de AAM pour la seconde moitié de 2012.
« Le tirage se fait en fonction de l’investissement, dit-il. Si vous êtes prêts à investir pour acquérir des abonnés, vous allez augmenter votre tirage. Si vous estimez qu’il n’est pas rentable d’aller chercher cette tranche de 50 000 abonnés parce qu’on ne peut pas augmenter nos revenus publicitaires en conséquence, il y a une décision à prendre.»

Virage numérique

Comme pour beaucoup d’autres magazines, la portée réelle du lectorat ne se limite plus au papier. En 2012, l’édition canadienne anglaise du Reader’s Digest a lancé une édition iPad, une autre sur Google Play, en plus d’être disponible en .pdf sur Zinio. 
M. Goyette a d’ailleurs l’intention de lancer la version iPad de Sélection plus tard cette année. Il constate qu’aux États-Unis, les ventes numériques du magazine dépasse celles des copies papier, soit environ 250 000 par mois. La tendance arrive aussi chez nous aussi, et il y voit l’occasion de poursuivre la déclinaison de son contenu sur diverses plateformes.
Mais l’éditeur ne veut pas négliger le papier pour autant. En effet, il lancera le nouveau magazine trimestriel Taste of Home Canada en juin. Les rédacteurs et journalistes canadiens et québécois qui y seront affectés seront principalement des pigistes.