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Somalie: blackout médiatique sur l’enfer

L’état de famine a été décrété officiellement le 20 juillet dans deux provinces du sud de la Somalie, le sud de Bakool et le Lower Shabelle, mais les journalistes y sont traités en indésirables. La plupart des reportages qui parviennent aux Occidentaux arrivent donc des camps de réfugiés situés dans les pays limitrophes, en particulier…

L’état de famine a été décrété officiellement le 20 juillet dans deux provinces du sud de la Somalie, le sud de Bakool et le Lower Shabelle, mais les journalistes y sont traités en indésirables. La plupart des reportages qui parviennent aux Occidentaux arrivent donc des camps de réfugiés situés dans les pays limitrophes, en particulier le Kenya.

L’état de famine a été décrété officiellement le 20 juillet dans deux provinces du sud de la Somalie, le sud de Bakool et le Lower Shabelle, mais les journalistes y sont traités en indésirables. La plupart des reportages qui parviennent aux Occidentaux arrivent donc des camps de réfugiés situés dans les pays limitrophes, en particulier le Kenya.

Les journalistes étrangers qui se sont rendus dans ce pays sans gouvernement stable depuis 1991 sont rares. Les chefs de guerre islamistes, les Shebab, qui contrôlent environ 80% du territoire, imposent un blackout médiatique qui a fait de la Somalie le pays le plus meurtrier de l'Afrique pour les médias en 2010. Cette semaine, un présentateur de la radio privée, Radio Simba, Farah Hassan Sahal, a été tué à bout portant à Mogadiscio, la capitale.

Cette chape de plomb a valu 15 mois de captivité à la journaliste canadienne Amanda Lindhout et à son collègue australien Nigel Brennan, enlevés en août 2008 alors qu'ils revenaient d'un camp de réfugiés. Plusieurs n'ont pas eu la chance de quitter la Somalie vivants. Le photographe suédois Martin Adler et la reporter britannique Kate Peyton ont été assassinés en 2006 et 2005. Avant eux, au plus fort de la guerre civile, entre 1993 et 1995, neuf journalistes étrangers ont été tués dans ce pays.

Dans ce contexte, les rédactions sont réticentes à envoyer des équipes sur place. Les journalistes se tiennent donc à distance. La reporter Laura-Julie Perreault de La Presse était par exemple cette semaine à Dadaab, au Kenya. Au cœur du plus grand camp de réfugiés du monde, elle a rencontré des Somaliens à bout de force et des humanitaires obligés de louvoyer avec les Shebab pour qu'ils les laissent passer la frontière, dont Amanda Lindhout devenue travailleuse humanitaire.

Mais de l'autre côté, loin des flashs des grands médias, «c'est pire que l'enfer», confiait hier le journaliste François Bugingo au 98,5FM. Parvenu jusqu'au Palais présidentiel à Mogadiscio, l'ancien président de Reporter Sans Frontière Canada décrit une Somalie en train de s'afghaniser et de se talibaniser sous la coupe d'un mouvement djihadiste en passe de devenir la franchise d'al-Qaïda pour l'Afrique orientale.

 

Voir aussi sur L'Express.fr:

Famine: pourquoi les médias boudent la Somalie

 

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