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SRC: Mandats de campagne de l’ombudsman

Si les campagnes électorales amènent inévitablement une augmentation du nombre de plaintes au service de l’ombudsman de Radio-Canada, le diffuseur public dispose aussi d’un tout autre moyen de savoir ce que pensent les auditeurs de sa couverture des élections. Depuis 1997, des comités de citoyens scrutent à chaque scrutin tout ce qui se dit et…

Si les campagnes électorales amènent inévitablement une augmentation du nombre de plaintes au service de l’ombudsman de Radio-Canada, le diffuseur public dispose aussi d’un tout autre moyen de savoir ce que pensent les auditeurs de sa couverture des élections. Depuis 1997, des comités de citoyens scrutent à chaque scrutin tout ce qui se dit et s’écrit sur les différentes plateformes, et font remonter leurs commentaires à l’ombudsman.

Si les campagnes électorales amènent inévitablement une augmentation du nombre de plaintes au service de l’ombudsman de Radio-Canada, le diffuseur public dispose aussi d’un tout autre moyen de savoir ce que pensent les auditeurs de sa couverture des élections. Depuis 1997, des comités de citoyens scrutent à chaque scrutin tout ce qui se dit et s’écrit sur les différentes plateformes, et font remonter leurs commentaires à l’ombudsman.

Par Hélène Roulot-Ganzmann

«C’est une constante, explique Pierre Tourangeau. C’est inévitable en campagne électorale mais ça l’est aussi lorsqu’il y a des débats sociaux ou de nature politique: le volume de plaintes augmente considérablement. Les plaignants perdent un peu le sens de la mesure dans la perception qu’ils ont de l’information qui leur est livrée. C’était le cas lors du conflit étudiant, c’est le cas avec le débat sur la charte. Beaucoup de plaintes des deux côtés de la clôture, et bien souvent sur le même contenu! Évidemment, une campagne électorale, c’est beaucoup plus concentré, ça se fait sur une trentaine de jours. À chaque fois qu’il y a le moindre petit soubresaut, on reçoit un nombre important de plaintes. Dans les jours qui ont suivi le débat des chefs par exemple, nous en avons reçu une quarantaine, essentiellement des gens qui contestent l’impartialité de l’animatrice, Mme Dussault.»

Des plaintes que l’ombudsman tente d’étudier plus rapidement qu’à l’habitude afin de pouvoir rectifier le tir si nécessaire. Mais il faut pour cela que les artisans de l’information prennent le temps de lui répondre… ce qui en période de campagne n’est pas forcément facile.

Outre ce mandat traditionnel de l’ombudsman, plus achalandé donc qu’à l’accoutumé, le service dispose d’un autre moyen de prendre le pouls de la population concernant la couverture. Depuis 1997, durant chaque campagne provinciale et fédérale, le diffuseur public forme trois groupes de cinq citoyens, chargés de scruter tout ce qui se dit et s’écrit à la radio, à la télévision et sur le web de Radio-Canada.

Coup de sonde

«Les comités sont composés de citoyens que j’essaye de réunir en respectant certains critères de diversité, hommes/femmes, jeunes, moins jeunes, personnes ainées, différentes communautés culturelles et différentes régions du Québec, affirme M. Tourangeau. Ce que je leur demande, c’est de me donner leur avis de citoyen et non pas de s’improviser ombudsman.»

Durant tout le temps de la campagne, les membres n’entrent pas en relation avec Pierre Tourangeau et son service. Ils se divisent le travail et lorsqu’ils ont des questions ou des commentaires, ils les font à leur président de comité, généralement une personne ayant une expérience des médias, anciens journalistes, professeurs dans une école de journalisme, etc.

«À la fin de la campagne, ce président me remet un rapport, que je transmets au conseil d’administration de Radio-Canada, explique Pierre Tourangeau. Je n’interviens en rien dans le contenu. Pour nous, c’est un coup de sonde. Ça n’a rien de scientifique, il ne s’agit pas d’un exercice de vérification de l’éthique. Je ne cherche d’ailleurs pas le consensus. Chaque membre est libre de donner son opinion de citoyen.»

Trop de place aux candidats vedettes

Des rapports rendus publics lorsqu’ils ils viennent étoffer le rapport annuel publié chaque année au mois d’aout par l’ombudsman. L’objectif: améliorer la couverture au fil des différentes campagnes. Ainsi par exemple, les comités ayant suivi la campagne provinciale d’aout 2012 applaudissent «la vérification de certains énoncés des chefs de parti présentée sous la rubrique l’épreuve des faits. Section qui sert l’objectif d’aller au-delà des déclarations des porte-parole des partis pour s’assurer de bien informer les électeurs».

Rubrique qui a repris du service depuis le début de la campagne et qui a été particulièrement achalandée lors du débat des chefs présenté par Radio-Canada et Télé-Québec le 20 mars dernier.

Autre remarque, la présence trop grande de certains candidats vedettes lors de la dernière campagne, à savoir Léo Bureau-Blouin, Jacques Duchesneau, Gaétan Barrette, Jean-François Lisée ou encore Jean-Martin Aussant, ce qui aurait nui à la visibilité d’autres candidats tout aussi intéressants.

La formule du débat en question

Ou encore la présence en ondes de nombreux chroniqueurs et journalistes d’autres médias, qui, s’ils ont pu exprimer à l’occasion des opinions favorables à l’un ou à l’autre des partis, du fait de leur grande diversité, ont présenté un ensemble équilibré et équitable.

La formule adoptée pour le débat des chefs, à savoir le fait que les animateurs, ou animatrices en l’occurrence lors du débat de 2012 puisque c’est Emmanuelle Latraverse qui codirigeait avec Anne-Marie Dussault, n’aient que deux questions par thématique à poser, n’a en revanche pas convaincu tous les membres des comités, ceux-ci lui reprochant d’avoir laissé les chefs divaguer et amener le débat là où ça les arrangeait. Formule qui n’a cependant pas changé d’un iota en 2014.

Gageons que cette année encore ces citoyens auront des choses pertinentes à nous dire sur la couverture de la campagne. L’entrée en lice de Pierre-Karl Péladeau, la question référendaire, l’ombre de Jean Charest et les scandales de collusion, la charte des valeurs, sont autant de ces soubresauts dont parle Pierre Tourangeau, et sur lesquels les comités auront certainement un avis quant au traitement que les journalistes de Radio-Canada en ont fait.

Réponse dans quelques mois.

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