J-Source

Huis clos sur le Net : une expérience faussée?

Rémy Charest, collaboration spéciale Drôle d’idée que ce “huis clos” de cinq reporters francophones, dont fait état Stéphane Baillargeon dans Le Devoir. Il y a de quoi être dubitatif, en effet, ne serait-ce que du point de vue méthodologique. Rémy Charest, collaboration spéciale Drôle d’idée que ce “huis clos” de cinq reporters francophones, dont fait état Stéphane…

Rémy Charest, collaboration spéciale

Drôle d’idée que ce “huis clos” de cinq
reporters francophones, dont fait état Stéphane Baillargeon dans Le Devoir. Il y a de quoi être dubitatif, en effet, ne serait-ce que du point
de vue méthodologique.


Rémy Charest, collaboration spéciale

Drôle d’idée que ce “huis clos” de cinq
reporters francophones, dont fait état Stéphane Baillargeon dans Le Devoir. Il y a de quoi être dubitatif, en effet, ne serait-ce que du point
de vue méthodologique.

D’abord parce que Twitter et Facebook sont des
illustrations parfaites de l’idée d’auberge espagnole: on y trouve bel et
bien ce qu’on amène avec soi, puisque c’est le réseau qui détermine ce
qu’on y lit. L’expérience en montrera plus sur les journalistes présents que sur les
réseaux eux-mêmes. Twitter et Facebook ne sont pas des canaux “neutres”
de diffusion, mais bien des canaux qui reflètent la nature d’un réseau personnel. Personne n’a tout à fait le même – ni dans la vraie
vie, ni sur Internet.
 
Deuxièmement, sur ces réseaux, l’information diffusée ne correspond pas
nécessairement à l’information que ses utilisateurs ont lu ou entendu en
général dans une journée. Des nouvelles très diffusées, sans être hors du
commun (l’annonce d’un important chantier dans une ville, par exemple, par
opposition à un tremblement de terre), justement parce que les
utilisateurs de réseaux sociaux présumeront que tout le monde le sait. On
peut diffuser autant – sinon plus – pour signaler ce qui est méconnu.
Bref, ça ne donne même pas le portrait de la vue d’ensemble des membres de
son réseau.
 
Troisièmement, à peu près tous les médias traditionnels sont maintenant
présents sur Twitter ou Facebook. De la même façon qu’on peut choisir de
s’abonner ou non à un quotidien papier, on peut choisir de s’abonner ou non aux
gazouillis d’un journal. Les journalistes sequestrés auront-ils le droit
de s’abonner au fil des médias traditionnels? Si oui, ça ne prouve plus
rien. Si non, ça déforme considérablement la réalité.
 
Difficile de voir ce qu’on en tirera d’utile. Remarquez, avec une méthodologie
plus sérieuse, il y a certainement des travaux intéressants à tirer de l’observation
des médias sociaux. À ce sujet, le magazine en ligne Slate propose une
réflexion un peu plus constructive sur les applications journalistiques des
médias sociaux.

Rémy Charest, journaliste indépendant, chronique pour divers médias depuis plus de dix ans et blogue dans le domaine du vin et de la gastronomie.

[node:ad]