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Chantiers paralysés: journalistes malmenés

Depuis hier, plusieurs journalistes ont été victimes de manœuvres d'intimidation alors qu'ils couvraient les perturbations sur les chantiers à Montréal et ailleurs au Québec. Le photographe de l'agence QMI, Maxime Deland, a été brutalement empoigné par deux hommes sur le chantier du Quartier des spectacles. D'autres reporters, qui suivaient comme lui un groupe de syndiqués…

Depuis hier, plusieurs journalistes ont été victimes de manœuvres d'intimidation alors qu'ils couvraient les perturbations sur les chantiers à Montréal et ailleurs au Québec. Le photographe de l'agence QMI, Maxime Deland, a été brutalement empoigné par deux hommes sur le chantier du Quartier des spectacles. D'autres reporters, qui suivaient comme lui un groupe de syndiqués qui ont vidé les chantiers du centre-ville un à un, ont subi le même sort.

(deuxième version)

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Depuis hier, plusieurs journalistes ont été victimes de manœuvres d'intimidation alors qu'ils couvraient les perturbations sur les chantiers à Montréal et ailleurs au Québec. Le photographe de l'agence QMI, Maxime Deland, a été brutalement empoigné par deux hommes sur le chantier du Quartier des spectacles. D'autres reporters, qui suivaient comme lui un groupe de syndiqués qui a vidé les chantiers du centre-ville un à un, ont subi le même sort.

«Ils m'ont agrippé par le manteau en hurlant "Dehors!" "Dehors!". C'était deux bonnes pièces d'hommes de 6,6 pieds ou 6,8 pieds», raconte Maxime Deland (extrait vidéo de l'empoignade). Peu avant, il avait vu les mêmes individus s'en prendre à ses collègues du Devoir et du Journal de Montréal. Avant de se faire expulser, le photographe a néanmoins réussi à parcourir le chantier caméra au poing. Il a constaté le climat de tension aiguë qui y régnait. «Après deux jours sur les chantiers, je comprends à 100% les travailleurs qui disent qu'il y a de l'intimidation. Des menaces, j'en ai eu plusieurs, alors j'imagine bien», poursuit-il.

Plusieurs hommes l'ont menacé de s'en prendre à son matériel. «Un gars avec des lunettes de soleil et un capuchon s'est approché de moi et m'a dit "ce serait dommage qu'il arrive quelque chose à ton kodak"», explique-t-il. Un témoignage qui recoupe celui de son collègue de La Presse, Patrick Sanfaçon, qui a reçu les mêmes menaces. Selon lui, il n'y a pas eu réellement d'agression physique violente jusqu'à présent, mais «la ligne est mince».

Une équipe de La Tribune à Sherbrooke a elle aussi été menacée par un groupe de délégués syndicaux ce matin. «Notre journaliste et notre photographe ont été encerclés de très près par ces individus qui ont tenu des propos menaçants», rapporte le rédacteur en chef du journal, Maurice Cloutier. Les syndiqués «voulaient les voir quitter l'endroit et, surtout, ne prendre aucune photographie», explique-t-il. Le quotidien dénonce ces «agissements totalement inadmissibles» et prévient que «si cela devait se produire à nouveau, la direction du journal prendra les mesures nécessaires afin que ce type d'intimidation cesse».

Du côté de la radio, l'absence de caméra semble protéger les reporters, rapporte Maxime Coutié de Radio-Canada. «J'ai été étonné de ne pas me faire donner du trouble, confie-t-il, c'est sûr que dès qu'on réussit à parler à quelqu'un, il y a toujours un goon qui s'approche bien près, mais c'est plus pour intimider l'interviewé que l'intervieweur.» Il explique que les syndiqués reprochent aux journalistes de faire de la désinformation en ne rapportant qu'un seul côté de la médaille, mais refusent pourtant de leur parler.

«Les gars de la construction sont écœurés qu'on essaie de mettre sur leur dos ce qu'il se passe sur la construction au Québec», déclarait hier le président de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), Michel Arsenault, en référence aux multiples scandales et allégations de collusion qui affectent l'industrie. Ce matin, au micro de René Homier-Roy à Radio-Canada, il s'est plaint de la mauvaise image que les médias donnent aux syndiqués de l'industrie de la construction, en pointant particulièrement le Journal de Montréal.

Depuis hier, de nombreux chantiers à travers la province sont paralysés en réaction au projet de loi 33 qui vise à interdire le placement syndical et, par ricochet, à éviter l'intimidation sur les chantiers. La FTQ-Construction et le Conseil provincial des métiers de la construction s'opposent catégoriquement au gouvernement dans ce dossier. À l'origine du projet de loi, la ministre du Travail Lise Thériault a reçu des appels de menaces hier et sa sécurité a dû être renforcée. Deux députés libéraux, qui participent à la commission parlementaire chargée d'étudier le projet de loi, ont eux aussi subi des tentatives d'intimidation.