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Congrès FPJQ – Compte-rendu Atelier – Les journalistes doivent-ils tenir compte des sensibilités locales?

ProjetJ, en collaboration avec le Trente, vous présente quelques compte-rendus des ateliers présentés au congrès 2012 de la FPJQ.  Quand les journalistes se rendent en région ou dans des villes normalement peu couvertes, doivent-ils être particulièrement attentifs à ménager les susceptibilités locales?  ProjetJ, en collaboration avec le Trente, vous présente quelques compte-rendus des ateliers présentés…

ProjetJ, en collaboration avec le Trente, vous présente quelques compte-rendus des ateliers présentés au congrès 2012 de la FPJQ. 

Quand les journalistes se rendent en région ou dans des villes normalement peu couvertes, doivent-ils être particulièrement attentifs à ménager les susceptibilités locales?
 

ProjetJ, en collaboration avec le Trente, vous présente quelques compte-rendus des ateliers présentés au congrès 2012 de la FPJQ. 

Quand les journalistes se rendent en région ou dans des villes normalement peu couvertes, doivent-ils être particulièrement attentifs à ménager les susceptibilités locales?

Invités: 

Pierre Marceau, journaliste, Radio-Canada Mauricie dont un reportage sur Shawinigan a provoqué une manifestation de citoyens mécontents de l'image de la ville qui en ressortait.
Mariève Paradis, journaliste indépendante qui a couvert la communauté inuite échaudée par les reportages négatifs
Réal Laverdière, maire de St-Pamphile et préfet de la MRC de l'Islet
Animation: Lise Millette, journaliste, La Presse Canadienne

Par Malorie Gosselin

 

Les faits, la vérité, mais aussi la nuance. Et l’humilité.

Quand les nationaux débarquent… «Il y a quelques années, il y a eu le naufrage de l’Acadien 2 près des Iles-de-la Madeleine. On a vu arriver tous les camions satellites, les journalistes, les politiciens. Tout ce monde-là est débarqué en masse. Leur manière d’entrer en contact très agressive ne correspondait pas à la sensibilité locale. Aux Îles, on  n’a pas l’heure, on a le temps. C’est ce qu’on dit là-bas… Les gens ont été brusqués», a témoigné Pierre-Luc Richard, rédacteur en chef pour Le Radar aux Îles de la Madeleine. «Surtout que ces gens-là, on ne les voit jamais, sauf quand il y a quelque chose de négatif. On n’a pas vu de camion satellite débarquer parce qu’une entreprise a reçu une subvention de 20, 30 millions pour relancer l’économie locale. Un bon coup qui a sauvé un village dans la région… Ça, il n’y a personne qui est venue en parler. Il ne faudrait pas oublier, lorsque c’est le temps de parler des régions, de parler aussi des bons coups, car il y a beaucoup de gens qui y travaillent fort à essayer d’améliorer le milieu.»

Un journaliste qui veut expliquer une réalité locale d’une région à un public qui vient de l’extérieur, sans tomber dans la visite touristique, devrait garder en tête qu’un portrait négatif d’un milieu à un impact important sur la dynamique de ce milieu. Ses propos peuvent peser très lourd dans la revitalisation du lieu et, même, créer un recul. «Se faire gratter le bobo, surtout quand on n’est pas habitué, a deux effets : d’une part, ça conforte dans les perceptions négatives du milieu et, d’autre part, c’est une douche froide pour ceux qui font des efforts pour améliorer la situation», a fait valoir Réal Laverdière,  maire de Saint-Pamphile.

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Pierre Marceau, journaliste de Radio-Canada, a fait un reportage sur Shawinigan qui a provoqué une manifestation de citoyens mécontents de l’image de la ville qui en ressortait. Il admet du bout des lèvres qu’il aurait pu faire autrement, mais seulement sur le plan de la réalisation (musique dramatique, choix de certains mots ou tournure de phrase, etc.). 

«Même si mes enfants pratiquent deux fois par semaine à l’aréna, je dois poser des questions sur les projets de développement de l’aréna, comme Pierre Moreau l’a fait.  Je pense que c’est nécessaire à la saine gestion.» Josée Cloutier de TVA Sherbrooke pense qu’il ne faut pas perdre de vue que les journalistes ne sont pas des agents de promotion de petites communautés locales.

Elle croit cependant que là où un journaliste peut faire la différence lorsqu’il travaille en région, c’est dans le choix des mots. Les journalistes ont du pouvoir sur le choix des mots, et ce choix peut faire une énorme différence dans la vie des gens qu’ils auront ou non à côtoyer le lendemain matin.

Marie-Ève Paradis est une journaliste indépendante qui a couvert la communauté inuite échaudée par les reportages négatifs. Elle affirme que de faire preuve d’humilité, mais aussi de prendre le temps qu’il faut pour bien connaître le contexte autour de la nouvelle peut aider à dire les choses autrement. Elle soutient que c’est une recherche approfondie en amont de son reportage qui lui a permis de braver l’hostilité des Inuits.