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De la montréalisation à la plateau-isation de l’info

Plus de la moitié (53%) des journalistes membres de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) habitent Montréal. Pire, le tiers s'agglutinent sur un tout petit territoire de 16 km2, soit le Plateau Mont-Royal et ses quartiers adjacents. C'est le constat qu'a fait le magazine Le Trente en étudiant les codes postaux de membres…

Plus de la moitié (53%) des journalistes membres de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) habitent Montréal. Pire, le tiers s'agglutinent sur un tout petit territoire de 16 km2, soit le Plateau Mont-Royal et ses quartiers adjacents. C'est le constat qu'a fait le magazine Le Trente en étudiant les codes postaux de membres de la fédération.

Plus de la moitié (53%) des journalistes membres de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) habitent Montréal. Pire, le tiers s'agglutinent sur un tout petit territoire de 16 km2, soit le Plateau Mont-Royal et ses quartiers adjacents. C'est le constat qu'a fait le magazine Le Trente en étudiant les codes postaux des membres de la fédération.

Cette forte concentration géographique des artisans de l'information québécois a «une influence certaine sur la couverture médiatique», écrit l'auteur de l'article, Jean-François Parent. À titre d'illustration, il cite deux sujets montréalais qui ont fait le tour de la province cette année, soit l’élevage de poules dans le quartier Rosemont à Montréal et le décès de la chanteuse Lhasa de Sela.

Les inquiétudes quant à la montréalisation de l'information au Québec ne sont pas nouvelles. En 2005 par exemple, le président du Syndicat des journalistes du quotidien Le Soleil de l'époque, Éric Moreault, dénonçait la chose en notant plusieurs indices au sein de son entreprise (Gesca), dont le rapatriement des budgets publicitaires vers Montréal et l'imposition des chroniqueurs de La Presse dans Le Soleil.

Mythe ou réalité?

Cependant, pour le professeur Daniel Giroux, secrétaire général du Centre d’études sur les médias de l'Université Laval, la montréalisation dénoncée par Éric Moreault serait un mythe.

En 2007, il a en effet conclu une vaste analyse des contenus des quotidiens Le Soleil, Le Quotidien et La Tribune s'étalant sur quinze ans qui démontrait que l’information dite montréalaise n’a pas remplacé les nouvelles locales dans les autres régions du Québec, mais plutôt les textes d'agences de presse.

Daniel Giroux croit que la perception de l'influence de la métropole sur l'information ailleurs dans la province est alimentée par la télévision. «La télévision est la principale source d'information des gens et c'est vrai que quand on regarde RDI ou LCN, on ne voit pas beaucoup d'information régionale, à moins d'un gros évènement», note-t-il. Même constat à la radio où beaucoup d'émissions sont produites à Montréal pour l'ensemble de la province.

Malgré tout, le grand public ne semble pas s'en formaliser. En effet, un sondage commandé par la FPJQ fin 2008 révélait que 82% des Québécois estiment que les sujets locaux et régionaux sont bien couverts dans leur région.

Pendant ce temps la géolocalisation

Pendant ce temps de l'autre côté de la frontière, les grands médias américains misent gros sur l'information hyperlocale. Le New York Times a par exemple lancé plusieurs blogues d'informations géolocalisée au cours des derniers mois et multiplie les partenariats régionaux. Pour plusieurs analystes, l'information locale a beaucoup d'avenir.

Le tout nouveau patron de la radio de Radio-Canada, Patrick Beauduin, nous confiait par exemple le mois dernier vouloir renforcer les stations régionales. «Mon intention est de rendre les régions plus fortes au plan du contenu et plus autonomes, car je crois énormément au public ciblé. À mon avis, on va vers des audiences très géolocalisées.»

Le consultant Jeff Mignon, fondateur de 5W Mignon Media, une firme internationale de conseil média basée à New York, nous expliquait fin août que l'information hyperlocale dispose d'un avantage de taille dans le contexte actuel de rationnement des budgets publicitaires.

Désormais, «il faut que le média prouve à l'annonceur que la publicité fonctionne. Pour cela il faut que la pub soit présentée à la bonne personne. Ceci implique que le média connaisse bien son public, ses préoccupations, ses intérêts». Une carte que les médias locaux ont en double dans leur jeu puisqu'ils s'adressent à un public restreint et géolocalisé.

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