Deux journalistes lancent le magazine Muses
Encore un nouveau magazine au Québec, mais cette fois dans les kiosques. Muses a débarqué ce matin sur les étals et se veut, selon sa fondatrice Josianne Massé, «le porte-étendard d’une génération médiatiquement perdue, celle des 20-45 ans, qui ne se reconnait pas nécessairement dans ce que publient en général les féminins aujourd’hui.»
Encore un nouveau magazine au Québec, mais cette fois dans les kiosques. Muses a débarqué ce matin sur les étals et se veut, selon sa fondatrice Josianne Massé, «le porte-étendard d’une génération médiatiquement perdue, celle des 20-45 ans, qui ne se reconnait pas nécessairement dans ce que publient en général les féminins aujourd’hui.»
Par Hélène Roulot-Ganzmann
Encore un féminin! Mais un féminin «audacieux» et «intelligent», précise d’emblée Josianne Massé.
«Les sujets traités ne sont pas superficiels, prévient-elle. On a choisi d’aller au-delà des aspects beauté et mode traditionnellement traités dans les magazines féminins. On va parler de politique, d’économie, d’éducation, de culture. Et si on parle de mode, ça va être des portraits de designers, comme dans notre premier numéro, une entrevue avec Pedram Karimi, pour comprendre son univers, qui n’est peut-être pas accessible à première vue.»
Si la journaliste dit avoir toujours voulu créer son propre magazine, elle avoue également que c’est parce qu’elle ne se retrouvait pas elle-même dans ce que les médias québécois pouvaient lui proposer, qu’elle a décidé de lancer Muses.
«En tant que femme, ce qui existe déjà ne me parlait pas. Et en tant que journaliste, je ne parvenais pas à placer les papiers qui me tenaient à cœur, explique celle qui a déjà écrit pour Branchez-Vous, Canoe, le 24 Heures, le Journal de Montréal, le Huffington Post Québec ainsi qu’Afrique Expansion. La plupart des magazines féminins sont édités par des conglomérats au sein desquels il est difficile de faire évoluer la ligne éditoriale. Il y a une véritable frontière entre les journalistes, qui proposent des sujets qui iraient réellement chercher le public, et les annonceurs et les propriétaires des médias. En créant Muses, je suis complètement indépendante et je crois vraiment que c’est la seule solution.»
Investissement personnel
Un nouveau féminin qui parlera donc prioritairement aux femmes, tout en n’excluant pas les hommes, par ailleurs.
«Nous avons par exemple une enquête sur les applications pour taxis à Montréal, poursuit la fondatrice. À première vue, ce n’est pas un sujet proprement féminin. Sauf qu’il y a beaucoup de femmes qui prennent des taxis. Les sujets abordés ne seront pas forcément typiquement féminins, mais dans la manière de les aborder, nous restons un féminin… très ouvert aux hommes.»
Si Muses est présent sur le web, les fondateurs ont quand même voulu faire le pari du papier. Parce qu’ils aiment ce support et parce que, d’après leur étude de marché, le taux d’adoption sur tablette n’aurait pas été assez fort pour être rentable.
«Ce qui n’exclut pas à terme une migration sur support numérique, explique Josianne Massé. Mais pour l’instant, les études démontrent que les femmes aiment encore le format papier magazine.»
Les études, mais également la campagne de sociofinancement que l’équipe a lancée en décembre dernier, et qu’elle a remportée.
«Ça nous a donné un bon coup de main, ce qui n’empêche que nous avons dû faire un investissement personnel, admet la fondatrice, précisant que pour le premier numéro, les collaborateurs n’ont pu être rémunérés et ont donc dû faire le pari d’y croire. Dès le deuxième, les piges seront payées dans la mesure de nos petits moyens. Mais à terme, nous voulons nous aligner sur les tarifs pratiqués par nos concurrents.»
Du leadership et un réseau
Josianne Massé et son coéditeur, Jean-Nicolas Saucier, lui-même journaliste et chroniqueur depuis une quinzaine d’années, se donnent un an environ pour que leur entreprise trouve une bonne santé financière. Tout juste le temps que ça leur a pris pour monter leur projet et passer de journalistes… à éditeurs.
«Je ne dis pas que ce passage a été facile, concède Josianne Massé, mais je crois quand même que j’ai assez de leadership pour que ça se passer bien. Je m’appuie également sur une de mes expériences passées puisque j’ai été gestionnaire de service à la clientèle dans une autre vie. Bien sûr, j’ai beaucoup à apprendre en matière d’entrepreneuriat, mais je trouve qu’on évolue dans un milieu où les gens partagent beaucoup leurs compétences. C’est une chance!»
Muses est un trimestriel. 8000 exemplaires du premier numéro ont été tirés et 6000 sont depuis ce matin en kiosque. L’abonnement annuel au papier coûte 25$ et 15$ au format pdf. Le lancement aura lieu ce soir à 18 heures à l’Alizé, 900 rue Ontario Est, à Montréal.
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