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Élections 2011: Harper, le plus contrôlant et le plus médiatisé

«Qu'on parle de moi en bien ou en mal, peu importe. L'essentiel, c'est qu'on parle de moi!» Au cours des 37 derniers jours, le chef du Parti conservateur du Canada, Stephen Harper, a fait sienne cette célèbre phrase du journaliste français Léon Zitrone et a réussi à faire de son parti le plus médiatisé de…

«Qu'on parle de moi en bien ou en mal, peu importe. L'essentiel, c'est qu'on parle de moi!» Au cours des 37 derniers jours, le chef du Parti conservateur du Canada, Stephen Harper, a fait sienne cette célèbre phrase du journaliste français Léon Zitrone et a réussi à faire de son parti le plus médiatisé de la campagne, d'après Influence communication. Pour le président de cette firme d'analyse médiatique, Jean-François Dumas, c'est à coup sûr une stratégie gagnante, car le parti qui a le plus d'attention des médias, en bien ou en mal, est toujours celui qui sort gagnant des urnes.

«Qu'on parle de moi en bien ou en mal, peu importe. L'essentiel, c'est qu'on parle de moi!» Au cours des 37 derniers jours, le chef du Parti conservateur du Canada, Stephen Harper, a fait sienne cette célèbre phrase du journaliste français Léon Zitrone et a réussi à faire de son parti le plus médiatisé de la campagne, d'après Influence communication. Pour le président de cette firme d'analyse médiatique, Jean-François Dumas, c'est à coup sûr une stratégie gagnante, car le parti qui a le plus d'attention des médias, en bien ou en mal, est toujours celui qui sort gagnant des urnes.

Le candidat téflon

Les troupes conservatrices ont réussi à enfermer leur chef dans une bulle à l'abri de toute controverse, estime le professeur Thierry Giasson, chercheur principal du Groupe de recherche en communication politique (GRCP) de l’Université Laval. Pourtant, «dès le premier jour de la campagne, les journalistes ont adopté un discours de confrontation face aux conservateurs», note-t-il.

«Comme il n'a répondu systématiquement qu'à cinq questions par conférence de presse, c'était très difficile de lui demander des comptes», explique la journaliste Manon Cornellier du Devoir. «Quand vous jouez au tennis, il faut qu'on vous renvoie la balle pour que le jeu se poursuive», illustre-t-elle. Selon elle, la presse écrite a réussi à contourner la stratégie du Parti conservateur en décortiquant son programme et en faisant des comparaisons entre les partis. Par contre, plus dépendante des clips, la télévision a eu plus de fil à retordre.

Intimidation envers les journalistes

La journaliste souligne même que les médias de l'image ont contribué à la mise en scène de l'information en acceptant les photo up contrôlés par le Parti conservateur. N'ayant pas elle-même couvert la campagne sur la route, Manon Cornellier ne comprend pas qu'il n'y ait pas eu une révolte massive des journalistes affectés à la campagne conservatrice alors qu'ils ont fait face, tout au long de la course, à de l'«intimidation à l'état pur».

Exemple parmi d'autres, samedi, des militants conservateurs présents lors d'un point de presse ont hué les journalistes pour étouffer leurs questions sur l'éventualité d'une coalition. Loin de calmer la foule, Stephen Harper s'est contenté d'un «silence complice», a rapporté le chroniqueur de La Presse, Vincent Marissal. Selon lui, «il en fallait de peu pour que cela dégénère en affrontement ouvert entre médias et partisans conservateurs».

Les préoccupations de Mme Paillé

Dans ce contexte, Thierry Giasson, qui s'est entretenu avec de nombreux journalistes politiques avant et pendant la course, note que plusieurs s'interrogent sérieusement sur leur rôle dans une campagne électorale. Certains se questionnent ouvertement sur la pertinence de couvrir la course en embarquant dans les autobus de campagne nolisés par les partis. Exercice qui, en plus d'être très couteux pour les médias, les oblige à flirter avec le rôle de faire-valoir face à un parti passé maître dans l'art du contrôle de l'information.

Le professeur Giasson explique: «une campagne électorale c'est un exercice de communication visant à faire passer un message par le biais des médias de masse, mais c'est aussi aller sur le terrain à la rencontre des citoyens pour connaître leurs préoccupations. Faut-il revoir le type de couverture qu'on en fait? Peut-être. Peut-être y aurait-il lieu de l'axer davantage sur les citoyens. (…) Il faudrait les consulter pour savoir ce qu'ils veulent, car plusieurs études, aux États-Unis, ont démontré qu'il y a un réel décalage entre les attentes du public envers les médias et ce qu'on leur offre.»

Au cours des cinq dernières semaines, les médias canadiens ont parlé avant tout du contenu des sondages et des controverses entourant les partis, selon Influence Communication. La santé, les industries et les infrastructures arrivent après, tandis que la culture, l’environnement et la pauvreté ont été complètement éclipsés des médias. En bref, on a parlé de la course et non pas d'enjeux politiques, estime le professeur Giasson pour qui cette façon de faire «alimente les conversations cyniques envers les acteurs et les institutions politiques».

 

* texte modifié après publication

 

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