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Étudiants en journalisme: la relève consciente, mais optimiste

Le journal étudiant La Pige, du Cégep de Jonquière, ainsi que le Montréal Campus de l’Université du Québec à Montréal (Uqàm) se sont démarqués plus tôt ce printemps, faisant partie des gagnants du concours Le Devoir de la presse étudiante. Un événement désormais annuel, qui souligne l’engagement, la participation citoyenne et le travail d’équipe des…

Le journal étudiant La Pige, du Cégep de Jonquière, ainsi que le Montréal Campus de l’Université du Québec à Montréal (Uqàm) se sont démarqués plus tôt ce printemps, faisant partie des gagnants du concours Le Devoir de la presse étudiante. Un événement désormais annuel, qui souligne l’engagement, la participation citoyenne et le travail d’équipe des artisans de la relève. Une tâche pas toujours facile tant les médias étudiants, eux-aussi, doivent composer avec la crise.

Le journal étudiant La Pige, du Cégep de Jonquière, ainsi que le Montréal Campus de l’Université du Québec à Montréal (Uqàm) se sont démarqués plus tôt ce printemps, faisant partie des gagnants du concours Le Devoir de la presse étudiante. Un événement désormais annuel, qui souligne l’engagement, la participation citoyenne et le travail d’équipe des artisans de la relève. Une tâche pas toujours facile tant les médias étudiants, eux-aussi, doivent composer avec la crise.

Par Héloïse Henri-Garand, stagiaire

«Nos nouvelles sont parfois reprises par les autres médias professionnels de la région, ce qui est valorisant pour nos étudiants, explique Cathy Tremblay, enseignante au programme Art et Technologie des médias (ATM) du Cégep de Jonquière. Si c’est le cas, c’est parce que nos étudiants font de l’excellent travail, c’est vraiment grâce à eux et à leur volonté de faire du bon boulot.»

Depuis deux ans, l’Association des amis du Devoir célèbre la journée de la liberté de la presse, en organisant début mai le Devoir de la presse étudiante, concours visant à reconnaitre et à mettre en avant ce qui se fait de mieux en matière de médias scolaires et étudiants.

Si dans la catégorie «presse collégiale», le Trouble-Tête, journal du cégep de St-Jérôme s’est vu remettre une mention spéciale, et l’Éclosion du collège de Sainte-Foy, un prix coup de cœur, le premier prix est tout de même revenu à l’équipe du journal la Pige, du cégep de Jonquière. Un  choix que le jury justifie par un souci évident de l’intérêt public, mais aussi par sa capacité à rivaliser avec des hebdomadaires régionaux.

Montréal Campus à l’honneur

Autre grand gagnant de la soirée, Montréal Campus. Car si dans la catégorie presse universitaire, le Délit, journal francophone de l’Université McGill, remporte la mention spéciale, le journal des étudiants de l’Uqàm obtient quant à lui, à la fois le premier prix et le prix coup de cœur, attribué à la journaliste Marie Kirouac-Poirier pour un article intitulé «Trisomie 55».

«En tant que finissante au baccalauréat en journalisme, je trouve que c’est encourageant», explique-t-elle en entrevue téléphonique à ProjetJ.

Encourageant et stimulant, alors que le milieu de la presse étudiante vit elle aussi une révolution sans précédent, celle du glissement lent et sûr vers le numérique. Révolution qui entraine, dans les médias étudiants, comme partout ailleurs dans l’industrie, son lot de difficultés.

«C’est la crise partout, et on ne se rend pas toujours compte à quel point les médias étudiants sont primordiaux pour former la relève, ajoute-t-elle. La différence entre ceux s’investissent dans les médias étudiants, et ceux qui ne le font pas, c’est le jour et la nuit. C’est ce qui fait toute la différence».

Ainsi, si toute l’équipe de Montréal Campus peut le temps d’une soirée célébrer ces deux victoires, elle n’oublie pas que depuis deux ans, le journal de l’Uqàm connaît des jours sombres.

«Contrairement à la majorité des journaux étudiants universitaires, le nôtre était complètement indépendant, explique William Fonseca-Baeta, ancien chef de pupitre du journal. Il ne dépendait pas de revenus universitaires et cela nous donnait une marge de manœuvre pour critiquer l’université, s’il le fallait, sans avoir peur de se faire couper l’herbe sous le pied.»

Le Radeau de la Méduse

En 2012, la situation change cependant: les revenus publicitaires trop faibles obligent à revoir à la baisse le nombre de numéros publiés et à demander l’aide de personnalités publiques québécoises pour sauver le journal.

«Si les grands quotidiens vivent des crises, c’est certain que des petits mensuels gratuits comme les journaux étudiants sont touchés eux-aussi. Encore plus que les journaux payants, explique Sandrine Champigny, rédactrice en chef de Montréal Campus. Cette année, nous avons réduit au  maximum les publications, et ça va continuer comme ça l’année prochaine.»

En plus d’une bourse, les lauréats se sont vu remettre un dessin de Garnotte, concocté spécialement pour l’occasion. Le caricaturiste y représente sa vision de la situation du journal papier en ce début du 21e siècle: des journalistes, papier à la main, à bord du Radeau de la Méduse du peintre Géricault.

Le journalisme, une profession à la dérive? Le sentiment n’est pas tout à fait partagé par les jeunes journalistes lauréats du concours.

«Je reste quand même optimiste, avoue Sandrine Champigny. J’ai confiance. Le Montréal Campus va continuer à être animé par des gens qui ont une réelle passion pour leur journal. Même s’il n’y a pas de salaire en bout de ligne, même si ça peut devenir difficile, il y a toujours moyen de sortir un journal», se convainc-t-elle.

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