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Journaliste: vraiment le pire métier au monde?

Selon le site Careercast.com, qui publie chaque année le classement des meilleurs et des pires jobs à exercer, le reporter de presse écrite se retrouve bon dernier. En cause, le stress, la précarité, la lourde charge de travail, tout cela pour un salaire de misère comparé au nombre d’années passées sur les bancs de l’école.…

Selon le site Careercast.com, qui publie chaque année le classement des meilleurs et des pires jobs à exercer, le reporter de presse écrite se retrouve bon dernier. En cause, le stress, la précarité, la lourde charge de travail, tout cela pour un salaire de misère comparé au nombre d’années passées sur les bancs de l’école.

Selon le site Careercast.com, qui publie chaque année le classement des meilleurs et des pires jobs à exercer, le reporter de presse écrite se retrouve bon dernier. En cause, le stress, la précarité, la lourde charge de travail, tout cela pour un salaire de misère comparé au nombre d’années passées sur les bancs de l’école.

Par Hélène Roulot-Ganzmann

Le classement a de quoi surprendre. Vraiment? Il n’y aurait pas pire métier que celui de journaliste? Il suffit de faire un petit sondage dans le milieu des médias québécois, même parmi les journalistes les plus précaires, pour s’apercevoir que ce résultat ne correspond pas au sentiment ressenti par la grande majorité des confrères.

L’un d’entre eux rentre tout juste de Cannes où il a couvert de festival international du film, une autre termine l’écriture d’une entrevue avec l’astrophysicien Hubert Reeves, quand un troisième tweete sans relâche, chaque jour, les derniers rebondissements de la Commission Charbonneau, censée faire la lumière sur le système de collusion et ramener un peu plus de démocratie dans la Province. N’y aurait-il pas pire dans la vie?

«Un métier noble»

«Il n’y a pas une journée où je me dis que je fais un boulot pourri!», assure Marc Cassivi, chroniqueur cinéma à La Presse.

«Est-ce que la charge de travail est une valeur négative?, demande Pierre Sormany, éditeur de Vélo-Québec, ex-patron de l’émission Enquête à la SRC et auteur d’un livre sur le métier de journaliste. J’aime mes journées très longues au travail. Est-ce qu’un éboueur, qui a négocié de travailler cinq heures par jour, parce qu’il les passe les deux mains dans les vidanges, peut en dire autant? Rien de moins sûr. Et le romancier qui passe 27 heures par jour à mettre son histoire en place, s’ennuie-t-il une seule seconde?»

Tout deux remettent en cause les critères pris en compte pour établir le classement. Et notamment le fait que la passion et l’utilité de la profession ne rentrent pas en ligne de compte.

«C’est un métier noble, estime Marc Cassivi. N’oublions pas que sa mission première est de faire la lumière sur la vérité. De rendre publiques des choses que certains auraient intérêt à cacher. Pour ma part, il me permet de rencontrer des gens formidables chaque jour.»

Instabilité du milieu

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Le classement met cependant le doigt  sur l’aspect précaire du métier. Précaire à court terme parce que nombre de journalistes de presse écrite vivotent à la pige. Précaire aussi à plus long terme parce que personne ne peut prédire comment va évoluer le milieu dans les prochaines années. Ainsi, Carreercast.com estime le revenu moyen des reporters de presse écrite à 36k$ par an et prédit globalement une perte d’emplois de 6% dans le métier.

Un argument que Pierre Sormany récuse. «Les jeunes trouvent cela plutôt enthousiasmant cette révolution dans la presse écrite, affirme-t-il. Oui, c’est un métier exigeant et on leur en demande beaucoup. Mais ils sont généralement touche-à-tout et c’est une véritable opportunité pour eux que de devoir revenir avec une histoire, du son, de la vidéo, de faire leur montage, etc. Le changement des conditions de pratique, c’est un défi à relever et je trouve ça fascinant!»

Personne ne nie cependant l’instabilité du milieu et le stress que cela peut engendrer. «D’autant que le nombre de pigistes et de surnuméraires a augmenté de manière exponentielle au Québec durant la dernière décennie», admet Pierre Sormany. Les moins résilients passent souvent du côté des relations publiques, y trouvant une stabilité de revenus et un confort dans les horaires.

Développer son réseau

«C’est certain que pour les petits revenus, obligés parfois de faire des concessions, d’accepter des contrats moins intéressants pour boucler les fins de mois, il peut y avoir du stress, voire de la dépression, admet Pierre Sormany. Mais pour un journaliste qui a su bien développer son réseau de clients, qui fait le choix de ses horaires et de ses sujets, qui a une marge de manœuvre et le pouvoir de décision, ce qu’il doit se demander, c’est plutôt s’il ne fait pas le plus beau métier du monde?»

«La preuve, c’est que les formations en journalisme ne désemplissent pas, ajoute Marc Cassivi. Bien sûr, il y a une minorité qui vient là en pensant devenir une vedette et être à l’abri, mais la grande majorité se lance en se doutant que ce sera précaire. C’est d’ailleurs déjà ce que l’on nous disait il y a vingt ou trente ans.»

Quoi qu’il en soit, les journalistes de presse écrite peuvent se consoler en se disant que dans le top 10 des pires métiers, se retrouvent également les acteurs aux côtés des soldats, bucherons, couvreurs et autres postiers. Quant aux dix meilleures professions, elles se situent toutes dans les secteurs de la finance, de l’informatique et de la médecine.

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