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«La diversité est un travail de longue haleine»

En tant que diffuseur public, Radio-Canada a des obligations à remplir en matière de représentativité de la diversité culturelle. Un travail qu’il dit mener sur la durée et qui devrait être de plus en plus visible à l’antenne dans les prochaines années. En tant que diffuseur public, Radio-Canada a des obligations à remplir en matière…

En tant que diffuseur public, Radio-Canada a des obligations à remplir en matière de représentativité de la diversité culturelle. Un travail qu’il dit mener sur la durée et qui devrait être de plus en plus visible à l’antenne dans les prochaines années.

En tant que diffuseur public, Radio-Canada a des obligations à remplir en matière de représentativité de la diversité culturelle. Un travail qu’il dit mener sur la durée et qui devrait être de plus en plus visible à l’antenne dans les prochaines années.

Par Hélène Roulot-Ganzmann

Après avoir dressé un portrait de la situation, Projet J a publié une série d’entrevues concernant la place des minorités dans les médias et ses répercussions sur la société québécoise. Voici le dernier texte.

D’emblée Luc Simard, directeur diversité, formation et traitement des plaintes à la SRC, affirme que le diffuseur public est au Québec, et de loin, le média audiovisuel, télévisions et radios confondues, qui a le plus grand nombre de représentants des communautés culturelles à l’antenne.

«Nous faisons des efforts à tous les niveaux, assure-t-il. Personnel technique, personnel de production des émissions de variété, des séries ou de l’information, et ça inclut le personnel à l’antenne. Il suffit de regarder qui sont nos journalistes, nos correspondants à l’étranger, nos animateurs, etc., pour voir que nous nous sommes donnés, de longue date, cet objectif de refléter la diversité culturelle, et que nous le respectons. Ça ne date pas d’hier, c’est un travail qui est loin d’être parfait et qui se poursuit.»

Notamment dans les stations régionales.

«C’est moins visible aujourd’hui à Montréal parce que nous avons besoin de personnel expérimenté pour nos programmes nationaux, estime le Monsieur Diversité de Radio-Canada. Nos stations régionales sont des lieux d’entrée. Les journalistes issus des minorités, comme les autres, démarrent en général par là avant d’arriver au siège social à Montréal. Ils sont nombreux en région à apprendre le métier sur le terrain, et avec le temps, ils vont arriver à l’antenne dans des programmes nationaux.»

Pas une vitrine

«Notre défi, c’est de parvenir à les soutenir assez longtemps pour qu’ils puissent faire leurs preuves, poursuit-il. Nous avons la volonté de développer les gens sur la durée pour qu’ils deviennent solides, pas de prendre des gens déjà tout formés et qu’il suffit de lancer à l’antenne. À Radio-Canada, la diversité est un travail de longue haleine, pas une vitrine.»

Encore faut-il parvenir a les convaincre de partir s’établir en région, voire dans une autre province, pendant quelques années, avant d’hypothétiquement pouvoir faire un grand retour dans la métropole. Mais, selon Luc Simard, il ne serait pas plus difficile de convaincre les jeunes journalistes fraichement immigrés que les purs laines.

«Certains font le saut, d’autres non, pour tout un tas de raisons, qui de mon expérience, n’ont rien à voir avec le fait d’appartenir à une communauté ou non.»

Le plus de Radio-Canada, la formation offerte à tout nouvel entrant, et qui permet à un  journaliste arrivant d’un pays n’ayant pas la même culture journalistique ou le même niveau de démocratie, de pouvoir comprendre le fonctionnement du diffuseur public et de s’adapter assez vite.

Parcours migratoire et informations internationales

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Mais qu’en est-il de la place des communautés dans les sujets présentés à l’antenne?

Quand on lui parle minorités. Luc Simard répond du tac-au-tac international. Selon lui, les immigrés regarderaient plus Radio-Canada que les autres chaines de télévision parce que le diffuseur public serait le seul à parler de leur pays d’origine.

«L’Algérie dans les années 90, puis l’Afghanistan et la Syrie aujourd’hui, énumère-t-il. Nous leur parlons d’une situation qui les a parfois amenés à partir et à venir s’installer ici. Nous sommes les seuls à le faire.»

Historiquement peut-être, mais depuis la rentrée LCN mène l’offensive avec la quotidienne d’informations internationales 30 sur le radar, animée par François Bugingo.

Sauf que selon Patricia Rimok, ex-directrice du feu Conseil des relations interculturelles, si les communautés se détournent des médias québécois, c’est justement parce qu’ils focalisent sur leur parcours migratoire et leur pays d’origine, pas sur leur réalité en tant que néo-Québécois.

«Nous le faisons, se défend Luc Simard, tout en soulignant une nouvelle fois être même les seuls à en faire autant. Et pas que de manière négative. Il y a la nouvelle, que nous traitons et qui ne met pas toujours les minorités à l’honneur, si je prends l’exemple notamment des événements de Montréal-Nord il y a quelques années. Mais grâce à tous les magazines d’affaires publiques que nous mettons à l’antenne, nous avons la possibilité de présenter les communautés dans leur quotidien, de parler de leur cuisine, de leur spiritualité, loin des phénomènes extraordinaires qui se retrouvent parfois dans l’actualité. Ça nous permet de sortir des crises et des portraits caricaturaux.»

Projet J aurait souhaité savoir comment le Groupe TVA gère quant à lui la diversité au-delà de la présence forte à l’antenne de François Bugingo, mais au moment de publier, aucun porte-parole n’avait répondu à l’invitation.

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