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La mauvaise image de Gamma

En cessation de paiement, Gamma, cette mythique agence de photojournalisme, est au bord de la faillite. Plusieurs médias comme Le Monde ou Libération rapportent que le tribunal de commerce de Paris l’a placée en « redressement judiciaire » pour une période de six mois.  En cessation de paiement, Gamma, cette mythique agence de photojournalisme, est…

En cessation de paiement, Gamma, cette mythique agence de photojournalisme, est au bord de la faillite. Plusieurs médias comme Le Monde ou Libération rapportent que le tribunal de commerce de Paris l’a placée en « redressement judiciaire » pour une période de six mois. 

En cessation de paiement, Gamma, cette mythique agence de photojournalisme, est au bord de la faillite. Plusieurs médias comme Le Monde ou Libération rapportent que le tribunal de commerce de Paris l’a placée en « redressement judiciaire » à la fin de juillet pour une période de six mois.

Cette disposition des lois françaises se rapproche de la protection offerte au Canada par la Loi sur les arrangements avec les créanciers. Ainsi, un administrateur financier a été nommé « pour étudier le plan de continuation d’Eyedea Presse » qui comprend Gamma. L’entreprise souhaite néanmoins « poursuivre son activité en trouvant des repreneurs ».

Celui qui a longtemps été considéré comme le « fleuron du photojournalisme à la française » traverse ainsi une période difficile après avoir enregistré des millions de pertes en euros. Il emploie près de 60 employés, dont 14 photographes.

Cité par Libération, le président et directeur général d’Eyedea, Stéphane Ledoux, soutient que le photojournalisme français a été « tué […] en obligeant les agences à salarier les pigistes ». Il ajoute que pour se sortir de la situation actuelle, l’agence devrait cesser de couvrir l’actualité, ce qui, pourtant, a été sa raison d’être depuis sa création en 1967 notamment par Raymond Depardon.

Il ajoute que la crise que connaît la presse fait en sorte qu’elle « ne paie plus comme avant » et que les prix ont fondu. Stéphane Ledoux précise que « les médias ne s’intéressent plus aux grands sujets ». Ainsi, l’agence est « systématiquement déficitaire » avec tous ceux qu’elle produit.

Interrogé à ce propos par Le Monde, le directeur du festival Visa pour l’image de Perpignan, Jean-François Leroy, affirme en contrepoint qu’il « n’y a pas de crise du photojournalisme », mais plutôt que ce sont les journaux qui n’ont pas acheté les reportages de Gamma à juste prix. Critique, il ajoute que « si les journaux faisaient leur boulot plutôt que de nous montrer la mort de Michael Jackson et le mariage de Chouchou et Loulou, dont les droits ont été payés une fortune, on n’en serait pas là ».

L’agence Gamma est, avec Sygma et Sipa (cette dernière étant associée à l’Associated Press, elle-même distribuée au Canada par The Canadian Press – La Presse Canadienne), l’une des trois agences qui ont contribué à faire de Paris la capitale mondiale du photojournalisme dans les années 1970. Son fonds est composé de 30 millions de clichés qui ont été produits par 6000 photographes.

Elle a été rachetée en 1999 par Hachette Filipacchi Médias pour passer, en 2006, aux mains de Green Recovery, spécialisé dans la reprise d’entreprise en difficulté, sous le nom d’une société nommée Eyedea.

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Jean-Daniel Bourdon, journaliste indépendant

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