En créant la Chaire de journalisme scientifique Bell en 2001 grâce à un don d’un million de dollars, l’Université Laval lançait bien avant l’électrochoc pandémique une première réflexion élaborée sur la question au Québec. Son premier titulaire, Jean-Marc Fleury, allait lui donner une envergure planétaire.
En créant la Chaire de journalisme scientifique Bell en 2001 grâce à un don d’un million de dollars, l’Université Laval lançait bien avant l’électrochoc pandémique une première réflexion élaborée sur la question au Québec. Son premier titulaire, Jean-Marc Fleury, allait lui donner une envergure planétaire.

La pandémie a donné un nouvel élan au journalisme scientifique

par Mathieu-Robert Sauvé La pandémie a propulsé au-devant de la scène la nécessité de bien vulgariser des notions comme l’immunologie, la virologie, la microbiologie et toutes les composantes de la santé publique. Dans la dernière livraison du Trente, revue de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec, trois éminents journalistes scientifiques du Québec (Pascale Lapointe,…

par Mathieu-Robert Sauvé

La pandémie a propulsé au-devant de la scène la nécessité de bien vulgariser des notions comme l’immunologie, la virologie, la microbiologie et toutes les composantes de la santé publique. Dans la dernière livraison du Trente, revue de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec, trois éminents journalistes scientifiques du Québec (Pascale Lapointe, Valérie Borde et Marine Corniou) soulignent leur « expertise sur les différentes façons dont la science se construit ».

Bien qu’ils et surtout elles (les femmes sont nettement plus nombreuses dans les équipes de Découverte, Québec Science, Débrouillards et Agence Science-Presse) soient encore rares dans les grandes salles de nouvelles, les journalistes scientifiques avaient une longueur d’avance quand la zoonose a contaminé la planète. « Nous avons été les premiers à alerter le public sur le risque sous-estimé des aérosols, sur le fait qu’on s’inquiétait beaucoup trop pour les surfaces au temps où presque toute le monde s’évertuait à laver son épicerie », écrivent-ils dans « Covid-19 : pourquoi il aurait fallu plus de journalistes scientifiques ».

En créant la Chaire de journalisme scientifique Bell en 2001 grâce à un don d’un million de dollars, l’Université Laval lançait bien avant l’électrochoc pandémique une première réflexion élaborée sur la question au Québec. Son premier titulaire, Jean-Marc Fleury, allait lui donner une envergure planétaire.

« Cette plateforme m’a beaucoup servi pour faire connaître et financer la Fédération internationale du journalisme scientifique », relate-t-il au moment de passer le flambeau à son successeur, nouvellement confirmé au poste de titulaire, Fabio Henrique Pereira, professeur au Département d’information et de communication de l’Université Laval.

Il faut savoir que le Québec joue un rôle majeur en matière de promotion du journalisme scientifique grâce, justement, à cette Fédération créée par Fleury en 2004. Regroupant aujourd’hui 15 000 membres dans 53 pays, l’organisme tient son congrès en mars prochain à Medellin, en Colombie. Lors de ces rencontres, qui se tiennent aux quatre coins du monde depuis bientôt 20 ans, les plus grands médias couvrent les ateliers et il n’est pas rare que Nature et Science en reprennent des éléments dans leurs éditoriaux. Qui sait que le siège social de cette organisation internationale est à Montréal?

« Je suis très fier de pouvoir faire évoluer la chaire de journalisme scientifique Bell à partir de tout ce que M. Fleury a construit », lance le chercheur d’origine brésilienne qui s’est joint à l’Université Laval à l’occasion de son embauche en novembre 2021.

Au cours des prochains mois, Pereira préparera des rencontres avec la communauté universitaire afin de bien enraciner les principaux axes d’intervention : la formation, l’expérimentation et la participation aux débats publics. Sa réflexion est déjà bien entamée. Fabio détient un doctorat en « Journalisme et société » soutenue en 2008 à l’Université de Brasilia, au Brésil, en codirection avec l’Université de Rennes, en France. Depuis 2012, il collabore à différents projets de recherche et d’enseignement à l’UQAM.

Mais avant d’enseigner le journalisme scientifique, d’en expérimenter les pratiques et d’en discuter sur la scène publique, il faut d’abord bien le connaître, souligne le titulaire. Il mentionne que certains voient dans le journalisme scientifique une forme de médiation contribuant à la culture populaire; d’autres, de la propagande à peine déguisée du système universitaire ou une forme de communication critique de l’activité scientifique.

En tout cas, le professeur Pereira a déjà réussi un bon coup en mettant la main sur une exposition virtuelle sur l’histoire du journalisme scientifique, dont on avait perdu la trace depuis plus de cinq ans. Après avoir été diffusée par le Musée de la civilisation de Québec, grâce à un financement de Patrimoine Canada, le contenu était disparu de la circulation. Or, au moyen de la Wayback Machine, un site permettant des recherches dans les archives du web, l’exposition est subitement réapparue. Certains liens vers des archives sonores et visuelles sont périmés mais l’essentiel a été expurgé des profondeurs du web. Le tout devrait être remis en ligne à l’été 2023.