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L’AJIQ satisfaite du recul de TC Média

La présidente de l’Association des journalistes indépendants du Québec (AJIQ), Mariève Paradis, a scruté à la loupe le nouveau contrat proposé ces derniers jours par TC Média à ses pigistes. Satisfaite du recul de l’éditeur sur plusieurs points fondamentaux, elle n’en reste pas moins vigilante. La présidente de l’Association des journalistes indépendants du Québec (AJIQ),…

La présidente de l’Association des journalistes indépendants du Québec (AJIQ), Mariève Paradis, a scruté à la loupe le nouveau contrat proposé ces derniers jours par TC Média à ses pigistes. Satisfaite du recul de l’éditeur sur plusieurs points fondamentaux, elle n’en reste pas moins vigilante.

La présidente de l’Association des journalistes indépendants du Québec (AJIQ), Mariève Paradis, a scruté à la loupe le nouveau contrat proposé ces derniers jours par TC Média à ses pigistes. Satisfaite du recul de l’éditeur sur plusieurs points fondamentaux, elle n’en reste pas moins vigilante.

Par Hélène Roulot-Ganzmann

Vendredi, Stéphane Baillargeon révélait dans les pages du Devoir que TC Média avait reculé sur les clauses du contrat que l’éditeur souhaitait faire signer à ses pigistes, n’exigeant plus d’eux notamment, la cession pour le monde entier de la propriété entière de tous les droits d’auteur, ni même la renonciation à ses droits moraux.

En mars dernier, les journalistes indépendants avaient pris d’assaut les médias sociaux pour dénoncer un contrat qu’ils trouvaient abusifs. Une mobilisation sans précédent s’en était suivie, plusieurs associations, dont l’AJIQ, s’étant regroupées pour mettre la pression sur l’éditeur et le faire reculer.

«À l’époque, plusieurs personnalités publiques comme Marie-France Bazzo, Guy A. Lepage ou encore Véronique Cloutier avaient également dénoncé le contrat, rappelle Mariève Paradis. Plusieurs journaux, des webzines, des blogues en ont parlé. Bref, il y a eu un véritable buzz autour de ça. Résultat, TC Média est retourné à sa table de travail, ils ont fait leurs devoirs et ils nous sont revenus avec un contrat qui nous satisfait assez.»

En entrevue au Devoir, Lise Paul Hus, vice-présidente du secteur des solutions aux consommateurs du Groupe Transcontinental, confirme que c’est la mobilisation des pigistes qui a fait pencher la balance.

«Nous avons écouté parce que c’est une des grandes forces de notre entreprise d’écouter ses collaborateurs et nous avons fait des modifications, explique-t-elle. Les enjeux étaient beaucoup plus sur les droits moraux, les droits d’auteurs. Nos collaborateurs gardent leurs droits moraux et leurs droits d’auteur. »

Ainsi, le nouveau contrat exige une licence de première publication dans le magazine avec lequel le journaliste a fait affaire, avec rémunération supplémentaire pour toute autre utilisation. Et de renonciation aux droits moraux, il n’est plus question.

«Le contrat du printemps précisait également que TC Média ne protégerait pas ses collaborateurs en cas d’attaque en justice, note également Mariève Paradis. Or de cela, il n’est plus fait mention. C’est donc à chaque journaliste de négocier  cette clause avec la personne qu’il a en face, surtout s’il travaille sur un sujet sensible. La plupart des points que nous avions critiqués ont été modifiés, mais il reste que ce contrat ne répond pas à l’ensemble des dix principes du contrat type que l’AJIQ défend depuis plusieurs années. Mais à ma connaissance, il n’y a aucun média au Québec qui les intègre tous.»

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Pas de grille tarifaire ou de tarif minimum au feuillet notamment dans le nouveau contrat de TC Média, c’est donc à chacun de négocier.

«Quel poids peut bien avoir un pigiste face à un consortium pour négocier sa rémunération?, demande Mariève Paradis. Raison pour laquelle l’AJIQ souhaite une négociation collective. Oui, ce recul nous satisfait, mais nous restons vigilants. Car pendant combien de temps vont-ils le proposer? C’est uniquement à leur bon vouloir.»

L’AJIQ avoue d’ailleurs ne pas avoir été consultée et avoir appris la modification par ses membres.

«Je crois que TC Média et les avocats qui avaient rédigé le contrat au printemps ne s’étaient pas rendus compte à quel point c’était gros ce qu’ils voulaient nous faire signer, estime la présidente de l’AJIQ. À quel point, ça pouvait nous enlever des revenus. Ils ont voulu traiter les pigistes comme n’importe quel fournisseur, comme le font souvent d’ailleurs les éditeurs américains. Heureusement, nous avons été écoutés. Peut-être aussi que l’entreprise, qui jouit d’une relativement bonne réputation auprès des pigistes, n’a pas voulu perdre de son crédit.»

Une bonne nouvelle en tout cas pour tous les journalistes indépendants, qui auront de quoi fêter lors des états généraux de l'AJIQ, samedi à Montréal.

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