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L’État doit-il voler au secours de l’information?

La survie de l'information passe par une intervention de l'État sous forme d'aide financière, selon l'éditeur franco-américain André Schiffrin. Dans son dernier essai intitulé «L'argent et les mots», il suggère la création d’un fonds indépendant pour appuyer la libre circulation des idées. La survie de l'information passe par une intervention de l'État sous forme d'aide…

La survie de l'information passe par une intervention de l'État sous forme d'aide financière, selon l'éditeur franco-américain André Schiffrin. Dans son dernier essai intitulé «L'argent et les mots», il suggère la création d’un fonds indépendant pour appuyer la libre circulation des idées.

La survie de l'information passe par une intervention de l'État sous forme d'aide financière, selon l'éditeur franco-américain André Schiffrin. Dans son dernier essai intitulé «L'argent et les mots», il suggère la création d’un fonds indépendant pour appuyer la libre circulation des idées.

Dans une entrevue accordée à Rue Frontenac, le fils du fondateur des éditions La Pléiade se questionne: «La presse repose sur la publicité, qui est un impôt privé, non? Ce que les fabricants de produits dépensent en publicité, ils le refilent aux consommateurs. Alors pourquoi préfère-t-on un impôt privé à un impôt public?».

L'opinion publique et journalistique

En France, la mission Cordoso, chargée en 2009 de repenser le système des aides de l’État à la presse écrite, a réitéré la nécessite des aides publiques: «l'information politique et la presse permettent aux citoyens de participer à la vie publique, pour autant que les titres respectent les termes d'un engagement déontologique. Elles sont au fondement de la démocratie et cette situation justifie le principe d'une intervention publique».

Ceci semble être aussi l'avis d'une partie des journalistes du Québec. En effet, 64,7% des répondants à la récente consultation de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) se sont dit en accord avec le principe d'une aide de l'État aux entreprises de presse et aux journalistes. Sans cela, plus de 50% des répondants estiment que le journalisme dit «d'intérêt public» serait appelé à disparaître.

Le public québécois serait lui aussi en faveur d'une intervention gouvernementale d'après le rapport de la tournée du Québec du Conseil de Presse publié en 2008. Ce document révélait que les Québécois demandent l'intervention de l'État pour améliorer l'information que ce soit en augmentant l’aide financière aux médias communautaires ou en implantant des mesures fiscales pour soutenir l'activité journalistique en région

État des lieux ici et ailleurs

Au Canada, il existe déjà plusieurs formes d’aides publiques aux médias. Patrimoine Canada gère des programmes d’aide aux magazines. Le gouvernement fédéral subventionne également la production d'émissions de fiction et d’affaires publiques en plus de financer partiellement Radio-Canada. De son côté, Québec appuie Télé Québec et les médias communautaires écrits et électroniques.

Néanmoins, ni Québec ni Ottawa n'accordent d'aides spécifiques à l'information, comme c'est le cas de certains pays européens. L'État norvégien subventionne par exemple les publications nationales considérées comme des références en matière de politique ou d’économie.

Pour leur part, les élus belges francophones ont créé en 2009 un fonds de soutien au journalisme d'enquête qui accorde des bourses pour la réalisation d’enquêtes journalistiques de longue haleine. Parmi les répondants à la consultation de la FPJQ, 39,4% se sont dits «tout à fait pour» un soutien similaire, soit «une aide à certaines formes de journalisme plus coûteux comme le journalisme d’enquête».

48,7% se sont également dits «tout à fait pour» «une aide à la création d’emplois en journalisme par exemple par des crédits d’impôt qui diminuent le coût de création de postes de journalistes professionnels». Les Pays-Bas ont lancé une initiative en ce sens en créant en 2009 un programme de deux ans destiné à venir en aide aux jeunes journalistes en offrant d'en rémunérer 60 à l'emploi d'une trentaine de journaux nationaux et régionaux.

Par contre, aux États-Unis, bien que la Federal Trade Commission ait ouvert cette année un débat pour discuter d'hypothèses d'aides possibles de l'État aux médias, cette perspective est accueillie froidement surtout dans le camp républicain déjà opposé au financement, même faible (11% des revenus totaux), du réseau de télévision publique PBS.

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