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Libre opinion – Y a-t-il un intellectuel dans la salle… de presse ?

Jacinthe Bédard, Montréal / Le Devoir Suffit. De jour en jour, la lapidation se poursuit, à travers laquelle trop peu de voix dissidentes se font entendre. De jour en jour, les journalistes, ces «experts généralistes», s’échinent à trouver à messieurs Gérard Bouchard et Charles Taylor des vices cachés, des défauts de fabrication qui les rendraient…

Jacinthe Bédard, Montréal / Le Devoir

Suffit. De jour en jour, la lapidation se poursuit, à travers laquelle
trop peu de voix dissidentes se font entendre. De jour en jour, les
journalistes, ces «experts généralistes», s’échinent à trouver à
messieurs Gérard Bouchard et Charles Taylor des vices cachés, des
défauts de fabrication qui les rendraient inaptes à soutenir avec
aplomb cette commission sur les accommodements raisonnables dont il
faut bien dire qu’elle est absolument nécessaire. Pourtant, ce sont ces
mêmes experts en tout qui, une fois par année, nous sortent un dossier
chaud sur le «silence» des intellectuels, leur «démission», leur
absence de la place publique. Mais pourquoi s’exprimeraient-ils si leur
parole est d’emblée, et toujours, déclarée inapte?

Ce discours à double tranchant, cette condamnation du silence des
penseurs québécois et ce rejet de leur parole, ruine en sa base même la
dimension publique que pourrait — voire devrait — avoir le travail de
l’intellectuel. Dimension qui, en effet, est à la base même de la
définition de la figure telle qu’elle s’est imposée à travers Sartre au
XXe siècle. Or, Sartre n’a pas toujours eu raison, tant s’en faut.
Néanmoins, qui réfute aujourd’hui l’importance qu’il a eue, et continue
d’avoir, dans l’histoire des idées ?

Jacinthe Bédard, Montréal / Le Devoir

Suffit. De jour en jour, la lapidation se poursuit, à travers laquelle
trop peu de voix dissidentes se font entendre. De jour en jour, les
journalistes, ces «experts généralistes», s’échinent à trouver à
messieurs Gérard Bouchard et Charles Taylor des vices cachés, des
défauts de fabrication qui les rendraient inaptes à soutenir avec
aplomb cette commission sur les accommodements raisonnables dont il
faut bien dire qu’elle est absolument nécessaire. Pourtant, ce sont ces
mêmes experts en tout qui, une fois par année, nous sortent un dossier
chaud sur le «silence» des intellectuels, leur «démission», leur
absence de la place publique. Mais pourquoi s’exprimeraient-ils si leur
parole est d’emblée, et toujours, déclarée inapte?

Ce discours à double tranchant, cette condamnation du silence des
penseurs québécois et ce rejet de leur parole, ruine en sa base même la
dimension publique que pourrait — voire devrait — avoir le travail de
l’intellectuel. Dimension qui, en effet, est à la base même de la
définition de la figure telle qu’elle s’est imposée à travers Sartre au
XXe siècle. Or, Sartre n’a pas toujours eu raison, tant s’en faut.
Néanmoins, qui réfute aujourd’hui l’importance qu’il a eue, et continue
d’avoir, dans l’histoire des idées ?

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