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Lombudsman de Radio-Canada : Au service du public ou du milieu journalistique?

Colette Brin, ProjetJ | À force de toujours nager dans le petit bocal du journalisme québécois, on finit par perdre le sens de la perspective, ainsi que celui du public. Tout journaliste qui se respecte devrait s’imposer à s’extraire périodiquement du milieu, discuter avec sa femme de ménage (!) ou à tout le moins lire…

Colette Brin, ProjetJ |

À force de toujours nager dans le petit bocal du journalisme québécois, on finit par perdre le sens de la perspective, ainsi que celui du public. Tout journaliste qui se respecte devrait s’imposer à s’extraire périodiquement du milieu, discuter avec sa femme de ménage (!) ou à tout le moins lire ce qui s’écrit sur les forums électroniques pour reprendre le pouls d’un certain « vrai monde ».

Cette réflexion me vient à la lecture de la réaction de la FPJQ à une plainte soumise à l’ombudsman de Radio-Canada par un citoyen qui déplore que le lieu de signature d’un reportage (Trois-Rivières) ne soit pas celui de l’événement (Bécancour). La FPJQ estime que cette plainte, par ailleurs rejetée par l’ombudsman, « montre la futilité de certaines plaintes de citoyens sur lesquelles elle doit malgré tout se pencher. »

Cette réaction, que je comprends complètement – on a d’autres chats à fouetter en matière de déontologie – traduit néanmoins une attitude corporatiste potentiellement néfaste pour le journalisme. Faut-il rappeler que les citoyens, y compris ceux moins bien renseignés quant aux pratiques journalistiques, sont la raison d’être du métier? Ainsi, l’ombudsman de la SRC ne doit pas être au service des journalistes mais du public, même s’il erre parfois à cet égard, comme le souligne un ouvrage de Marc-François Bernier. Ce genre de réaction – « ne nous dérangez pas avec vos plaintes insignifiantes » – ne servira certainement pas à consolider la confiance du public à l’égard des journalistes, déjà pas très forte…

Au contraire, selon le principe voulant qu’il n’y a pas de question idiote (c’est tout autre chose pour les réponses!), il faut saisir toutes les occasions du genre pour expliquer les règles du métier, comme l’a fait Julie Miville-Dechêne. Et se dire que le citoyen qui prend la peine de formuler une plainte, même maladroitement, est sans doute un « news junkie », donc un allié potentiel de notre cause.

Il faudrait même aller plus loin : créer une foire aux questions pour les citoyens sur les méthodes journalistiques. Pourquoi n’informe-t-on à peu près jamais le téléspectateur qu’une interview a été réalisée en différé? Que signifie l’expression « des sources généralement bien informées »? Qu’est-ce qui distingue le journaliste du blogueur, à part la rémunération? Etc.

Je parie que ça marcherait très fort. Qu’en dites-vous?

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