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Quand les journalistes font de la pub

Le Conseil de presse du Québec (CPQ) blâme le chroniqueur économique René Vézina et le chroniqueur judiciaire Claude Poirier pour leur participation à des publicités. Pour le gardien de la déontologie journalistique, ils se sont tous deux placés en situation de conflit d'intérêts en s'associant respectivement à la Régie des rentes du Québec (RRQ) et…

Le Conseil de presse du Québec (CPQ) blâme le chroniqueur économique René Vézina et le chroniqueur judiciaire Claude Poirier pour leur participation à des publicités. Pour le gardien de la déontologie journalistique, ils se sont tous deux placés en situation de conflit d'intérêts en s'associant respectivement à la Régie des rentes du Québec (RRQ) et à la marque Knorr.

Le Conseil de presse du Québec (CPQ) blâme le chroniqueur économique René Vézina et le chroniqueur judiciaire Claude Poirier pour leur participation à des publicités. Pour le gardien de la déontologie journalistique, ils se sont tous deux placés en situation de conflit d'intérêts en s'associant respectivement à la Régie des rentes du Québec (RRQ) et à la marque Knorr.

Épargnez et cherchez le sel

Chroniqueur vedette du journal Les Affaires, René Vézina a participé à la campagne "Je planifie" de la RRQ, diffusée du 17 au 25 février sur Internet, à la télévision, à la radio et dans les publications imprimées. Il y faisait la promotion de l'épargne en vue de la retraite, comme on peut le voir dans cette capsule vidéo:

Pour sa part, le chroniqueur judiciaire du Groupe TVA, Claude Poirier a participé à une campagne publicitaire humoristique de l'entreprise agroalimentaire Knorr pour vanter des produits réduits en sodium. Dans un décor similaire à celui de sa propre émission, le journaliste annonce la disparition de Ti-Sel. Il invite en fait les consommateurs à acheter des produits Knorr spécialement identifiés pour participer à un concours, comme on peut le voir dans la capsule suivante:

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Conflit d'intérêts

Pour la plaignante, Marie-Claude Malette, en se livrant à ces deux campagnes, René Vézina, tout comme Claude Poirier, s'est placé dans une situation où il perdait «l’indépendance requise pour exercer son métier de journaliste sans conflit d’intérêts, ou à tout le moins, sans apparence de conflit d’intérêts».

Dans les deux cas, le CPQ a retenu la plainte. Il rappelle que «la déontologie journalistique précise que les journalistes doivent éviter les conflits d’intérêts et de se faire les promoteurs de quelque cause, produit ou événement que ce soit, sous peine d’entretenir une confusion chez le public entre les secteurs de l’information et de la publicité».

Le rédacteur en chef du journal Les Affaires, Stéphane Paquet, a défendu son chroniqueur en soulignant qu'il n’a pas écrit sur la RRQ depuis la diffusion de la campagne en cause. Mais pour le CPQ cet argument n'est pas recevable, car «un conflit d’intérêts peut très bien se manifester par une forme d’autocensure». L'organisme estime que René Vézina ne peut désormais pas garantir qu’il serait en mesure de produire des analyses indépendantes et critiques sur les cotisations et les primes de la RRQ.

Intérêt public

Pour Stéphane Paquet, comme la RRQ ne vend rien, il s'agit d'une «campagne sociétale» d'intérêt public et non d'«une campagne purement publicitaire vantant un produit commercial». Ainsi, René Vézina s’intéressant aux questions touchant la planification financière, le contenu des capsules aurait très bien pu faire l’objet d'une de ses chroniques dans Les Affaires. Cet argumentaire ne convainc pas non plus le CPQ.

Les journalistes et les médias doivent «garder une saine distance à l’égard de tout organisme, groupe, parti politique ou gouvernement, qui, certes, peuvent légitimement prétendre se faire les défenseurs de l’intérêt du public, mais doivent néanmoins faire l’objet d’un regard critique de la part des journalistes. Cette étanchéité absolue est l’une des conditions essentielles pour assurer la confiance du public envers la qualité de l’information qui lui est transmise», explique-t-il.

Le Groupe TVA, quant à lui, n'a pas collaboré aux travaux du CPQ dans la plainte le concernant ce qui lui a valu un énième blâme pour non-collaboration. Mais «les patrons de presse n’ont que faire de la déontologie. Ils ne promettent d’en discuter que lorsqu’il y a de l’argent à la clé… avant de revenir sur leurs engagements une fois cet argent versé», estime le Syndicat national des journalistes français.