J-Source

Quatre questions à Michel Arpin, ex-vice-président du CRTC

Nommé vice-président du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC), en août 2005, Michel Arpin a terminé son mandat le 31 août dernier. Dans une récente entrevue au quotidien Le Devoir, il expliquait être déçu de ne pas avoir pu rester en poste et confiait avoir entendu «à de nombreuses reprises» que le…

Nommé vice-président du Conseil de la
radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC), en
août 2005, Michel Arpin a terminé son mandat le 31 août dernier.
Dans une récente entrevue au quotidien Le Devoir, il
expliquait être déçu de ne pas avoir pu rester en poste et
confiait avoir entendu «à de nombreuses reprises» que le
gouvernement aurait offert son fauteuil à Luc Lavoie.

Michel Arpin confirmait ainsi la rumeur
lancée par le Globe and Mail en août stipulant que le nom de
cet ancien porte-parole de Quebecor et de Brian Mulroney circulait
comme potentiel futur vice-président ou président du Conseil.
Depuis, Luc Lavoie a néanmoins été nommé vice-président au
développement de Quebecor, donc directement responsable du dossier
Sun TV News à la place de Kory Teneycke.

Nommé vice-président du Conseil de la
radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC), en
août 2005, Michel Arpin a terminé son mandat le 31 août dernier.
Dans une récente entrevue au quotidien Le Devoir, il
expliquait être déçu de ne pas avoir pu rester en poste et
confiait avoir entendu «à de nombreuses reprises» que le
gouvernement aurait offert son fauteuil à Luc Lavoie.

Michel Arpin confirmait ainsi la rumeur
lancée par le Globe and Mail en août stipulant que le nom de
cet ancien porte-parole de Quebecor et de Brian Mulroney circulait
comme potentiel futur vice-président ou président du Conseil.
Depuis, Luc Lavoie a néanmoins été nommé vice-président au
développement de Quebecor, donc directement responsable du dossier
Sun TV News à la place de Kory Teneycke.

Désormais expert en résidence à la
Faculté des arts et des sciences de l’Université de Montréal,
Michel Arpin interviendra dans plusieurs cours pour parler de
l’industrie des médias, de sa règlementation et son économie. En
attendant de répondre aux questions des étudiants, il a bien voulu
répondre à celle de ProjetJ.

Dans quel état d’esprit avez-vous
quitté le CRTC?

Avec le sentiment du travail inachevé.
Au cours, des quatre dernières années, le Conseil a révisé
l’ensemble des règles en télédiffusion et distribution. Il s’agit
d’une révision de fond du cadre de référence de la télévision
hertzienne. Dans ce cadre, le Conseil a demandé à la cour fédérale
d’appel de trancher pour savoir s’il a le pouvoir d’imposer un cadre
de négociations des redevances aux réseaux généralistes et aux
distributeurs. Les audiences ont en ce moment même.

Par la suite le Conseil enclenchera le
processus de renouvellement des licences, ce qui va l’occuper pendant
la majeure partie de 2011. Ce sera la conclusion d’un processus de 36
mois auquel j’ai participé, donc j’aurais bien aimé terminer le
travail. J’aurais ainsi pu terminer un cycle complet de révision de
politique, mais le gouvernement en a voulu autrement.

En janvier, j’ai fait parvenir une
lettre au gouvernement pour signifier mon désir de poursuivre mon
mandat, mais j’ai reçu une lettre en mars m’avisant que mon mandat
ne serait pas renouvelé. Ensuite, j’ai appris que le gouvernement
procèderait par appels de candidatures. J’ai donc postulé, mais je
n’ai pas été appelé.

Quel jugement portez-vous sur la
qualité de l’information au Québec?

Le CRTC a constaté que les entreprises
de télévisions, TQS, TVA et Radio-Canada, ont fait des coupes
sombres dans les régions. Ceci a appauvri la programmation régionale
et limité les bulletins de nouvelles restants à la simple lecture
d’évènements locaux essentiellement urbains comme Chicoutimi ou
Jonquière, mais pas Roberval ou Dolbeau.

Pour permettre aux entreprises
d’améliorer la production de contenu en région, le Conseil a créé
le fonds d’amélioration de la production locale qui vient de
terminer son premier cycle de financement. Radio-Canada s’en est
prévalue en inaugurant notamment des installations à Saguenay et
TVA aussi. Ça devrait permettre de relancer la production
d’émissions d’informations à caractère locale.

Reste le dossier de V. Maxime Rémillard ne croit pas à l’information et veut faire la
démonstration au Conseil qu’il peut populariser une chaîne non pas
généraliste, mais axée sur un public jeune et masculin à la
recherche de divertissement.

C’est sûr que V est en état de
faiblesse par rapport à TVA et à Radio-Canada qui ont tous deux une
chaîne spécialisée en information qui leur permet de partager
les contenus, les coûts et les revenus. Cependant, le Conseil met beaucoup d’emphase sur
l’information locale pour accorder du financement donc V risque de
s’en priver. Selon sa licence de station généraliste hertzienne,
elle n’a pas l’obligation règlementaire de faire de l’information,
mais il y a une tradition de 60 ans de production locale accolée à
cette licence.

Quel est l’impact de la convergence
sur l’information au Québec?

À ce jour, dans la perspective du
CRTC, la convergence a amélioré l’information. Même si plusieurs
observateurs et intellectuels ne sont pas d’accord avec ça, la
convergence a permis d’accroître la quantité de nouvelles et elle a
donné aux gens la possibilité de s’informer en tout temps en
permettant le fonctionnement de chaînes d’information en continu.
C’est sûr que c’est parfois de l’information brute et sans filtre,
mais il y a des gens à qui ça plaît davantage.

Quant à la diversité des voix, dans
les années 1980, nous avons fait le pari de permettre la
multiplication des chaînes d’ici afin de ne pas se faire envahir par
des contenus étrangers, qu’ils soient Français ou Américains. Ce
faisant nous savions que nous sommes une petite société, avec une
petite population et de petits moyens, donc c’est inévitable que les
mêmes visages se retrouvent sur plusieurs canaux.

Quel regard portez-vous sur Sun TV
News?

La
diversité des voix commande que l’on
favorise l’arrivée de cette chaîne. Cependant, cela doit se faire
dans le cadre des règles connues. Or, ce n’est pas ce que Quebecor
souhaite puisqu’il a demandé une licence de catégorie 2 avec une
close d’
exception afin que Sun TV soit distribué
obligatoirement pendant trois ans.

Pour ce qui est des rumeurs de
pressions du gouvernement ou des dirigeants de Quebecor, j’ai
effectivement rencontré personnellement des représentants du
groupe. Ils sont venus me présenter un avant-projet et je crois
qu’ils ont fait de même avec d’autres de mes collègues, mais il n’y
a là rien d’exceptionnel. Ça fait partie des pratiques courantes
tant qu’il s’agit d’un projet. Pendant toute la durée de mon mandat
de cinq ans, je n’ai jamais fait l’objet de pressions d’aucune sorte.

[node:ad]