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Thomson Reuters délocalise de Toronto à Bangalore

Thomson Reuters s'apprête à délocaliser une partie de ses activités en ligne dans le sud de l'Inde. Basé à Toronto depuis 2005, le site web de l'agence de presse conservera cinq salariés dans la Ville Reine. 17 permanents et cinq temporaires verront leurs tâches effectuées à Bangalore à compter de mars prochain. Leur travail consiste…

Thomson Reuters s'apprête à délocaliser une partie de ses activités en ligne dans le sud de l'Inde. Basé à Toronto depuis 2005, le site web de l'agence de presse conservera cinq salariés dans la Ville Reine. 17 permanents et cinq temporaires verront leurs tâches effectuées à Bangalore à compter de mars prochain. Leur travail consiste essentiellement à mettre en ligne des articles et des photos.

Thomson Reuters s'apprête à délocaliser une partie de ses activités en ligne dans le sud de l'Inde. Basé à Toronto depuis 2005, le site web de l'agence de presse conservera cinq salariés dans la Ville Reine. 17 permanents et cinq temporaires verront leurs tâches effectuées à Bangalore à compter de mars prochain. Leur travail consiste essentiellement à mettre en ligne des articles et des photos.

Cette restructuration affecte environ un tiers des activités éditoriales de l'agence à Toronto, selon la Guilde canadienne des médias. «C'est vraiment décevant que Thomson Reuters, une entreprise canadienne rentable, délocalise des emplois pour embaucher des gens qui seront payer une bouchée de pain», déclare le porte-parole de la Guilde, Glenn Gray, par voie de communiqué.

Pour sa défense, Thomson Reuters déclare avoir augmenté considérablement le personnel de Reuters.com depuis huit mois. En consultant la zone emploi de son site, on constate néanmoins que l'entreprise embauche surtout massivement en Inde dernièrement. Au cours du mois de décembre seulement, elle a ouvert six postes liés à l'information à Bangalore. Sur le même territoire, elle a par ailleurs acheté le mois dernier Pangea3, une entreprise de services-conseils juridiques qui lui permet aussi de délocaliser ses activités dans ce domaine.

Cette restructuration intervient alors que les performances économiques de Thomson – qui a absorbé la Britannique Reuters en 2008 – ont fait rouler plusieurs de ses têtes dirigeantes depuis l'été. Il y a deux semaines, l'entreprise a annoncé le départ de son président-directeur général, Tom Glocer, premier américain et non-journaliste à diriger la célèbre agence. Il sera remplacé le premier janvier par le directeur d'exploitation du groupe, l'ancien journaliste James Smith.

Une tendance en voie de se généraliser?

Interrogée par le Toronto Star, la directrice de l'École de journalisme de l'Université King's College de Halifax, Kelly Toughill, explique que la délocalisation dans le secteur des médias n'est pas unique à Thomson Reuters. Selon elle, on assiste à une vague de délocalisation de fonctions éditoriales rendue possible par la naissance de nouveaux outils et de nouvelles tâches liés à Internet. Ainsi, la Guilde des médias craint que le groupe Sun Media délocalise lui aussi une partie de ses activités en Inde. Le groupe a d'ores et déjà mis en place une structure à Ottawa pour centraliser le travail de prépresse (mise en page, corrections, etc.) qui se fait normalement localement dans chaque salle de rédaction.

Les déboires de la division média de Thomson Reuters ne sont pas sans rappeler ceux d'autres grandes agences de presse, dont La Presse Canadienne. Convertie d’une coopérative industrielle en une entreprise à but lucratif en 2010, après que CanWest et Sun Media s'en soient retirés la privant d'une part importante de ses revenus, l'agence presque centenaire lutte pour sa survie. La partie syndicale, qui négocie actuellement le renouvellement de la convention collective, craint des mises à pied importantes, combinées à des réductions de salaires et d'avantages sociaux, au cours de la prochaine année.

À la table des négociations, les salariés font face à un tout nouveau directeur général, l'ancien cadre de Quebecor, Serge Gosselin. Journaliste de formation, il a notamment été rédacteur en chef au Winnipeg Sun, éditeur du 24 heures à Montréal et vice-président corporatif, information pour le groupe Sun Media, mais aussi rédacteur en chef du Journal de Québec au moment du lock-out, en 2007. C'est au cours de ce conflit que Quebecor a créé l'agence QMI qui lui permet de centraliser, donc de délocaliser, un grand nombre de tâches.

Ancien cadre chez Quebecor lui aussi, mais également ex-rédacteur en chef adjoint de la PC et correspondant pour Reuters, Patrick White traitait déjà des déboires des agences de presse en 1997 dans son livre Le Village CNN. La crise des agences de presse. Pour l'éditeur du Huffington Post Québec, le concept d'agence «de presse» est dépassé. Il faut plutôt parler d'agence «d'information», soit des entreprises qui fournissent des contenus à diverses clientèles, comme les banques, les entreprises ou les individus. Selon lui, la survie des agences passe par «la diversification économique de leurs produits ou de leurs clientèles». Elles doivent donc investir massivement dans la recherche et le développement.

 

Voir aussi:

Vaste restructuration chez Sun Media

 

 

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