Conflit au JdeM: la loi anti-scabs est-elle la clef?
L’Assemblée nationale a adopté hier
une motion demandant au gouvernement d’étudier la possibilité de
moderniser le Code du travail, particulièrement les dispositions
anti-briseurs de grève. Un dossier porté en grande partie par la
Confédération des syndicats nationaux (CSN) au nom des 253 salariés
du Journal de Montréal en lock-out depuis 20 mois.
La loi actuelle, en vigueur depuis 1978, prévoit qu’un employé doit se trouver physiquement sur les
lieux d’une entreprise en lock-out pour être considéré comme un
briseur de grève. Or, comme les jeunes libéraux l’avaient fait lors
de leur congrès au mois d’août, la CSN souligne qu’à l’heure
actuelle, l’informatique et Internet permettent maintenant aux
journaux d’être produits à distance.
L’Assemblée nationale a adopté hier
une motion demandant au gouvernement d’étudier la possibilité de
moderniser le Code du travail, particulièrement les dispositions
anti-briseurs de grève. Un dossier porté en grande partie par la
Confédération des syndicats nationaux (CSN) au nom des 253 salariés
du Journal de Montréal en lock-out depuis 20 mois.
Scabs ou/= travailleurs à distance
La loi actuelle, en vigueur depuis 1978, prévoit qu’un employé doit se trouver physiquement sur les
lieux d’une entreprise en lock-out pour être considéré comme un
briseur de grève. Or, comme les jeunes libéraux l’avaient fait lors
de leur congrès au mois d’août, la CSN souligne qu’à l’heure
actuelle, l’informatique et Internet permettent aux
journaux d’être produits à distance.
Pour la présidente du syndicat,
Claudette Carbonneau, il faut modifier la loi en tenant compte des
nouvelles technologies en élargissant la notion de travailleurs de
remplacement à celle de travailleurs à distance. Mais pour le
professeur Alain Barré, qui enseigne le droit du travail à
l’Université Laval, l’évolution technologique ne change rien. «En
1978, quand la loi a été mise en place, rien n’empêchait un
quotidien en lock-out d’avoir recours à des textes d’agences pour
remplir ses colonnes et maintenir ainsi la publication»,
explique-t-il.
Vers d’importantes concessions
Selon lui, les salariés du Journal
de Montréal ne doivent pas compter sur une modification des
dispositions anti-briseurs de grève pour retrouver leur emploi. «Au
Journal de Québec et dans les journaux de Gesca, les
syndicats ont fait d’énormes concessions, ceux du Journal de
Montréal n’y échapperont pas étant donnée la baisse du
lectorat qui affecte la presse écrite et qui va l’affecter encore
davantage dans les prochaines années.»
Alain Barré ne pense simplement pas
que le gouvernement va resserrer la loi anti-briseurs de grève. «Ce
serait se tirer dans le pied considérant la concurrence
internationale à laquelle le marché québécois fait face. Quand
cette loi a été mise en place, nous n’étions pas dans un contexte
de libre-échange. Aujourd’hui, nous ne pouvons pas en faire
abstraction.» C’est aussi la position du Conseil du patronat du
Québec qui estime que renforcer le Code du travail ferait fuir les
investisseurs et nuirait donc à la croissance économique de la
province.
Rééquilibrer le rapport de force
Le regroupement des patrons est par
ailleurs d’avis que ce projet approfondirait le déséquilibre
favorable à la partie syndicale dans les relations du travail au
Québec. À la CSN, Claudette Carbonneau défend plutôt qu’il
permettrait de «ramener un équilibre dans le rapport de force entre
les syndicats et les employeurs». Pour sa part, Alain Barré estime
que c’est en fait tout le système actuel de représentation
syndicale qui est responsable du déséquilibre dans le rapport de
force.
Il prône une élévation de la
négociation collective au-delà des entreprises. «Nous négocions
au niveau des entreprises, mais dans un contexte de mondialisation,
nous devrions plutôt négocier au niveau sectoriel. Les
journalistes, comme les autres professionnels, devraient se
regrouper. Même s’ils devraient accepter les ajustements qu’implique
la crise des médias, ils auraient plus de poids.»