Référendum sur le titre professionnel: le oui l’emporte
À l’issue d’un vote en ligne étalé
sur trois jours, 86,8% des membres de la Fédération professionnelle
des journalistes du Québec (FPJQ) se sont prononcés en faveur de la
création d’un titre professionnel protégé. Le taux de
participation au référendum s’établissant à 58%, la fédération
y voit «une marque de confiance qui lui donne le mandat très net de
travailler désormais à l’implantation d’un titre
professionnel».
À l’issue d’un vote en ligne étalé
sur trois jours, 86,8% des membres de la Fédération professionnelle
des journalistes du Québec (FPJQ) se sont prononcés en faveur de la
création d’un titre professionnel protégé. Le taux de
participation au référendum s’établissant à 58%, le regroupement
y voit «une marque de confiance qui lui donne le mandat très net de
travailler désormais à l’implantation d’un titre
professionnel».
Cet exercice référendaire a été le
tout premier vote secret tenu à la FPJQ sur la question de la
certification professionnelle. En 2002, les membres avaient
massivement rejeté l’idée de demander au gouvernement d’adopter une
loi dans ce dossier, cependant ils
n’avaient pas voté. À la suite d’une séance de travail houleuse
lors de son congrès annuel, la fédération avait en effet jugé
qu’un scrutin était inutile compte tenu de la forte opposition
exprimée, notamment par des personnalités
connues de la profession, dont le journaliste Michel C. Auger et
l’animateur Jean Dussault.
Cette fois, le
président de la FPJQ, Brian Myles, affirme avoir reçu des avis
favorables de la part de professionnels appartenant à toutes les
strates de la profession, quelque soit leur âge, des cadres aux
journalistes syndiqués, en passant par les indépendants et les
vedettes. Pour lui, depuis 2002, l’industrie a connu d’importants
changements qui ont accentué la précarité et la fragilité de la
profession. Un nouveau contexte qui expliquerait la couleur du vote.
Au cours des prochaines semaines, la
FPJQ peaufinera son plan d’action pour faire valoir la volonté de
ses membres auprès de la ministre de la Culture, des Communications
et de la Condition féminine, Christine Saint-Pierre. Brian Myles
indique néanmoins qu’il ne faut pas s’attendre à des développements
avant l’automne, car la ministre rencontre actuellement les acteurs
du milieu journalistique pour recueillir des commentaires en lien
avec le rapport Payette. Rapport qui recommandait lui-même
l’instauration d’un titre professionnel.
Exclure l’État… et le public?
Allant dans le sens du rapport Payette,
le président de la FPJQ insistera pour que le rôle de l’État se
limite à appuyer et soutenir la démarche menant à l’instauration
d’un titre. Afin d’assurer l’indépendance de la profession à
l’égard des pouvoirs législatifs, exécutifs et judiciaires, les
journalistes doivent être les seuls responsables de la régulation
de leur profession ce qui exclut l’État, mais aussi le public,
estime Brian Myles. Pour lui, «aussi compétent qu’il soit, le
public n’a pas d’affaire à décider de qui est journaliste et de qui
ne l’est pas».
À ce chapitre, l’opinion de Guy Amyot,
secrétaire général du Conseil de presse du Québec (CPQ), n’est
pas arrêtée. Représentant d’un organisme voué à la défense du
droit du public à une information de qualité, il rappelle que la
raison d’être des médias est de servir l’intérêt public. Pour
lui, exclure le public de la régulation de la profession relèverait
d’une logique corporatiste propre à celle d’un ordre professionnel,
comme celui des médecins par exemple. Or, la FPJQ précise bien ne
pas être en faveur d’un ordre, mais d’un titre protégé.
Selon Guy Amyot, le CPQ devrait avoir
un rôle à jouer non pas tant dans l’attribution d’une carte de
presse, mais, par la suite, en cas de manquement au code de
déontologie, puisqu’il en est le gardien. C’est sur ce plan que
l’avis du public pourrait être considéré. Il estime en effet qu’un journaliste devrait se voir retirer
sa carte de presse, temporairement ou définitivement, à la suite
d’un blâme émis par le tribunal d’honneur du Conseil qui est composé de
représentants de la profession et du public.
Sans un tel mécanisme d’imputabilité,
applicable autant aux journalistes qu’aux entreprises de presse, Guy
Amyot juge que le statut professionnel n’aurait aucune valeur et ne
renforcerait pas la qualité de l’information.
Notre couverture complète sur ce dossier:
L’idée d’un titre de journaliste professionnel refait surface
Certification professionnelle: oui ou non?
Statut professionnel: le Québec pourrait inspirer la France
Titre professionnel: la FPJQ élaborera une proposition
Le rapport Payette appelle une aide publique à l’information
Titre professionnel: la FPJQ organise un vote
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