RueMasson.com peut-il être rentable?
Depuis maintenant 7 mois, cinq journalistes montréalais scrutent l'actualité du Vieux Rosemont avec leur loupe numérique: ruemasson.com. Ce site d'information hyperlocale est consacré à un territoire qui compte moins de 35 500 personnes, pourtant il a réussi à attirer 10 000 visiteurs uniques en juin et compte près de 1500 fans sur Facebook.
Depuis maintenant 7 mois, cinq journalistes montréalais scrutent l'actualité du Vieux Rosemont avec leur loupe numérique: RueMasson.com. Ce site d'information hyperlocale est consacré à un territoire qui compte moins de 35 500 personnes, pourtant il a réussi à attirer 10 000 visiteurs uniques en juin et compte près de 1500 fans sur Facebook.
Cécile Gladel, une des fondatrices du site, avoue être impressionnée de sa popularité. «Nous avons eu une très bonne couverture médiatique au cours des premières semaines et depuis ça continue de tourner. Les gens du quartier et d'ailleurs nous en parlent souvent, nous envoient des suggestions de sujets, des infos. On peut même dire qu'on devient petit à petit une référence.»
Comme ses quatre acolytes, Cécile Gladel travaille pour RueMasson.com tout à fait bénévolement. «On le fait par pur plaisir, par amour pour notre quartier, et je pense qu'on pourrait simplement continuer comme ça parce qu'on a beaucoup de fun, mais c'est sûr qu'on se demande comment l'expérience pourrait devenir rentable.»
Tirer profit de son écosystème
Pour Jeff Mignon, fondateur de 5W Mignon Media, une firme internationale de conseil média basée à New York, la rentabilité est loin d'être inatteignable pour un blogue d'information hyperlocale, car il dispose d'un avantage de taille: il s'adresse à un public restreint et géolocalisé. Il est donc plus facile au plan éditorial de cerner le lectorat et au plan publicitaire de cibler le consommateur.
Pour le consultant, c'est la clef pour se démarquer auprès des annonceurs. «Il faut que le média prouve à l'annonceur que la publicité fonctionne pour cela il faut que la pub soit présentée à la bonne personne. Ceci implique que le média connaisse bien son public, ses préoccupations, ses intérêts», explique-t-il.
Néanmoins, Jeff Mignon souligne qu'un modèle d'affaires ne doit plus reposer uniquement sur les revenus publicitaires. La rentabilité passe selon lui par la multiplication des sources de revenus, soit les activités connexes comme la production de guides, d'évènement, de conférences, ou l'offre de services via le cybercommerce. Le Utah's Salt Lake Tribune s'est par exemple lancé dans l'immobilier.
À ce chapitre, le professeur Jeff Jarvis de l'Université de New York croit fermement que l'avenir des médias est justement dans la création de réseaux. Il les encourage à se percevoir comme partie prenante d'un écosystème et à collaborer avec d’autres acteurs d’Internet. C'est ce qu'a commencé à faire Le Figaro en achetant des sites marchands avec lesquels il peut créer des synergies.
… et se réinventer constamment
L'équipe de RueMasson.com suit de près toutes ces idées. Cécile Gladel a même participé aux consultations du Groupe de travail sur le journalisme et l'avenir des médias, pour discuter de son site cobaye qui sera revampé très prochainement. Cette seconde mouture, qui doit être mise en ligne cet automne, sera plus flexible que l'actuelle et permettra par exemple d'introduire la publicité hyperlocale.
En attendant, les cinq journalistes continuent de parcourir les rues du Vieux Rosemont à la recherche de la primeur du coin et promettent encore de faire parler d'eux: «On n'a pas encore traité le dixième des sujets qu'on avait en tête quand on a commencé l'aventure», prévient Cécile Gladel.
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