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Formations en journalisme: les collèges aussi s’adaptent

Même si c’est plus vrai  du côté des formations techniques destinées à mettre les étudiants directement sur le marché du travail à la sortie, tous les collèges offrant un programme en journalisme ont intégré les nouvelles technologies à leur offre de cours, et amènent leurs étudiants à réfléchir à l’impact des médias sociaux sur le…

Même si c’est plus vrai  du côté des formations techniques destinées à mettre les étudiants directement sur le marché du travail à la sortie, tous les collèges offrant un programme en journalisme ont intégré les nouvelles technologies à leur offre de cours, et amènent leurs étudiants à réfléchir à l’impact des médias sociaux sur le métier. Coup de projecteur sur le collège privé André-Grasset à Montréal et la Cité collégiale à Ottawa.

Même si c’est plus vrai  du côté des formations techniques destinées à mettre les étudiants directement sur le marché du travail à la sortie, tous les collèges offrant un programme en journalisme ont intégré les nouvelles technologies à leur offre de cours, et amènent leurs étudiants à réfléchir à l’impact des médias sociaux sur le métier. Coup de projecteur sur le collège privé André-Grasset à Montréal et la Cité collégiale à Ottawa.

Par Hélène Roulot-Ganzmann

Au collège André-Grasset, l’objectif du cours d’écriture est surtout de fournir aux étudiants les outils leur permettant de porter un regard critique sur le discours journalistique.

«Ça, ça se fait par la lecture des journaux, la connaissance de certains phénomènes journalistiques et aussi par l’apprentissage de rudiments en matière de rédaction d’articles, explique Carlo Mandolini, responsable du programme. Ils doivent donc écrire des topos, produire un reportage radio dans le cadre de leur travail final, une demi-heure d’émission de télévision, etc.»

«Vers la fin de la session, il y a deux à trois semaines qui portent sur l’impact des nouveaux médias, réseaux sociaux ou autres, sur le discours journalistique. Mais nous sommes vraiment dans la réflexion sur un phénomène, précise M. Mandolini. Nous ne sommes pas une école de journalisme, c’est une introduction. J’essaye plutôt d’exercer leur esprit critique, le journalisme étant plus un prétexte à cela.»

Le nouveau programme en tant que tel entrera en vigueur à l’automne 2015. D’ici-là, c’est toujours l’ancien qui prévaut, même si les enseignants remanient année après année leur cours pour coller le plus possible à la réalité des milieux de travail.

Accent sur les techniques modernes

Carlo Mandolini insiste cependant sur le fait que les étudiant de Cegep sont surtout là pour apprendre la base. C’est quoi le journalisme? Quelles sont les problématiques actuelles? Le papier versus la tablette? Et bien sûr quelques notions d’écriture.

«Le nouveau programme n’est pas finalisé, mais c’est certain que l’accent sera mis sur les techniques modernes, ajoute-t-il. Notre cours de télévision sera bien évidemment accès sur la webdiffusion. Ces nouvelles façons de communiquer ou de diffuser l’information y prendront une place importante. On va parler de Twitter, expliquer comment ce média a modifié la façon dont les gens s’informent, mais aussi comment les institutions officielles ont investi ce réseau pour pouvoir communiquer rapidement et être constamment dans l’esprit des gens. Car ce type de phénomènes modifie la manière dont les journalistes vont devoir informer.»

Est-ce que le travail de session sera pour les étudiants de tenir un compte Twitter pour informer leur réseau de ce qui se passe à Grasset? La réflexion sur le nouveau programme n’en est pas encore arrivé à ce niveau de détail.

Un tweet dans les trois premières minutes

Du côté de la Cité collégiale d’Ottawa, établissement francophone en milieu minoritaire, l’utilisation de Twitter est plus généralisée.

«Lorsque nos étudiants arrivent pour couvrir un événement, ils ont la consigne d’envoyer un premier tweet dans les trois premières minutes, explique Marc Bissonnette, responsable du programme. Cette rapidité d’exécution est aujourd’hui primordiale pour un journaliste sur le terrain, et nous les préparons à cette réalité.»

Autre adaptation aux nouvelles réalités, depuis septembre dernier, les étudiants ne choisissent plus entre la presse écrite ou électronique mais sont obligés de se former aux deux techniques.

«Ça répond à une demande des employeurs qui veulent des journalistes polyvalents et multifonctionnels», explique M. Bissonnette.

Contacts avec le terrain

Employeurs et journalistes sur le terrain avec lesquels les deux collèges travaillent régulièrement afin de coller au mieux à leur demande.

Le collège André-Grasset invite notamment des professionnels à venir analyser certains travaux des étudiants et prêter ainsi main forte aux enseignants.

Quant à la Cité collégiale, elle dispose d’un comité consultatif composé d’une dizaine d’employeurs pour la guider dans son cursus et lui signifier lorsque certaines pratiques sont désuètes et ne répondent plus à la réalité du terrain.

«Nous gardons également contact avec nos gradués, qui une fois intégrés à une salle de nouvelles, nous font un retour, évaluent la formation et pointent les manques, explique Marc Bissonnette. Après leur stage dans une salle de nouvelles, nos finissants nous reviennent avec des appréciations sur la formation par rapport aux exigences du milieu. Et  bien sûr, nous exigeons que notre corps professoral se maintienne lui aussi à jour.»

D’ici le mois de mai, les étudiants de la Cité collégiale auront également accès à une toute nouvelle plateforme web sur laquelle se retrouveront tous leurs travaux, qu’il s’agisse de presse écrite, de télé ou de radio. Aujourd’hui, et encore plus lorsque la plateforme sera en place, les étudiants travaillent donc comme s’ils étaient dans une salle de nouvelles intégrée. Ils ont des réunions de production, des affectations, ils réfléchissent à la manière de traiter le sujet, etc.

Polyvalence

En sortant de la Cité collégiale, les étudiants peuvent poursuivre en troisième année de journalisme à l’Université d’Ottawa, les deux programmes étant arrimés, ou tenter leur chance directement dans une salle de nouvelles. Ce qui n’est pas le cas, ni l’objectif au collège André-Grasset.

Le collège privé montréalais propose en revanche depuis la rentrée, via son Institut, un DEC en techniques de production télévisuelle et postproduction. DEC qui jusque-là, était une exclusivité du Cegep de Jonquière.

«Ce programme est proposé à des étudiants qui ont déjà un DEC général et qui souhaitent s’orienter vers des métiers de la prise de son, du montage, etc., explique Daniel Tremblay, directeur de l’Institut Grasset. De fait, il intéresse ceux qui sortent d’une formation en journalisme puisque de plus en plus, on demande aux reporters, à la fois de savoir écrire un topo, mais aussi de tourner les images, de capter le son et de monter son reportage.»

Et toujours dans l’optique de cadrer les plus possible avec la réalité du terrain, à l’automne prochain, le collège André-Grasset ouvrira également une attestation. d’études collégiales (AEC) en montage et habillage infographique.

Quant au collège de Jonquière, il n’a pu donner suite à notre demande d’entrevue, faute de temps, mais il confirme, par la voix de sa responsable des communications, France Tremblay, «que les bouleversements que vivent les médias sont une préoccupation constante, car la formation technique offerte en ATM [Art et technologie des médias] est axée sur la pratique et tient justement compte de ces nouvelles réalités.»

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