Former au journalisme par la fiction
Colette Brin, ProjetJ – Mercredi 8 avril 2009 |
L’idée m’est venue en écoutant en rafale l’excellente série télévisée américaine « The Wire », portrait à la fois désespérant et inspirant de différents milieux de la vie urbaine à Baltimore, qui retrace les efforts de quelques individus pour changer les choses, ou à tout le moins pour ne pas se faire étouffer par le système. L’oeuvre de David Simon, ex-journaliste maintes fois primé pour ses enquêtes sur le milieu de la drogue et de la police, a été encensée par les critiques, qualifiée par certains de “chef-d’oeuvre classique”, voire de “meilleure série de l’histoire de la télévision“. J’ai eu envie de l’inscrire au programme de « lectures obligatoires » de mon cours de journalisme.
Plusieurs excellents journalistes ont été formés à l’école de la littérature et vice-versa. Qu’en pensez-vous? Une œuvre de fiction, classique ou populaire, peut-elle servir à former (ou à tout le moins à inspirer) un journaliste, par son propos et son style? Si oui, lesquelles figureraient à votre palmarès ?
Colette Brin, ProjetJ |
L’idée m’est venue en écoutant en rafale l’excellente série télévisée américaine « The Wire
», portrait à la fois désespérant et inspirant de différents milieux de
la vie urbaine à Baltimore, qui retrace les efforts de quelques
individus pour changer les choses, ou à tout le moins pour ne pas se
faire étouffer par le système. L’oeuvre de David Simon, ex-journaliste
maintes fois primé pour ses enquêtes sur le milieu de la drogue et de
la police, a été encensée par les critiques, qualifiée par certains de
“chef-d’oeuvre classique”, voire de “meilleure série de l’histoire de la télévision“. J’ai eu envie de l’inscrire au programme de « lectures obligatoires » de mon cours de journalisme.
Plusieurs
excellents journalistes ont été formés à l’école de la littérature et
vice-versa. Qu’en pensez-vous? Une œuvre de fiction, classique ou
populaire, peut-elle servir à former (ou à tout le moins à inspirer) un
journaliste, par son propos et son style? Si oui, lesquelles
figureraient à votre palmarès ?
Quelques suggestions acheminées via Facebook et le courriel:
– de Jacques Poitras, journaliste et enseignant à Fredericton: Hemingway, Steinbeck, Tom Wolfe
– de Philippe Marcotte, doctorant à l’Université Laval et chercheur au Centre d’études sur les médias: les films (The Insider, All the President’s Men, etc.) – même s’ils
renvoient un journalisme très idéalisé -, et la bande dessinée (ici et ici) et La bibliothèque idéale, de Bernard Pivot.
– de Florian Sauvageau, professeur associé à l’Université Laval et directeur du Centre d’études sur les médias : The Spike, roman de Arnaud de Borchgrave et Robert Moss et The Rules of the Game, par Leonard Downie Jr., ancien patron au Washington Post
Mon collègue Jean-Claude Picard soulève le risque de confusion entre les faits et la fiction. Camille Laville, responsable du programme de journalisme à l’Université de Nice Sophia-Antipolis, relate la question d’une étudiante qui voulait savoir si l’auteur de Into the Wild, Jon Krakauer, est romancier ou journaliste. L’ouvrage de “non-fiction”, comme on dit en anglais, repose sur une longue enquête de terrain et a d’abord été publié sous forme d’article dans un magazine de plein air. À ce sujet, je recommande The New New Journalism, série d’entretiens avec des auteurs ayant une approche similaire.
Nathaëlle Morissette cite, dans La Presse, des chercheurs québécois qui voient dans la télévision un outil de citoyenneté.
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April 9, 2009
Il faut être prudent. Oui, de
Il faut être prudent. Oui, de connaître et maîtriser les techniques littéraires aide à améliorer notre style d’écriture. Mais nous n’écrivons pas de la fiction. Les gens avec qui nous parlons, les événements que nous relatons, tout cela est réel. Ils sont vécus par des gens, et souvent ce qui nous paraît hors du commun, est pour certains partie intégrante de leur quotidien. D’en faire une aventure épique est, à mon sens, une déformation de la réalité malhonnête. La tentation au romantisme en journalisme est forte, probablement encore plus lorsqu’on relate des événements à l’autre bout de la terre. Mais il faut savoir doser dans l’usage des techniques littéraires. Une question d’honnêteté, à mon sens. Envers nos interlocuteurs et envers notre public, même si celui-ci préférerait évidemment la version plus croustillante. Notre travail n’est pas de satisfaire notre public dans ses fantasmes, mais de l’aider à comprendre les événements et le monde tels qu’ils sont. (Frédérick Lavoie)
April 13, 2009
Je suis étudiant en
Je suis étudiant en journalisme.
À mon premier cours un professeur a marqué la différence entre littérature et journalisme en affirmant : “dans un article on apprend des choses, pas dans un roman”. Je suis en total désaccord, les romans m’ont appris beaucoup plus de choses importantes que la lecture de quotidiens.
J’ai moi aussi senti la valeur documentaire de The Wire. Dans les ouvrages mi-fiction, mi-documentiare, je pense au travail de Jean Hatzfeld sur le génocide au Rwanda, “Stranger than fiction”, recueil de nouvelles de Chuck Palahniuk. Enfin je pense à des groupes de rap, comme La rumeur, qui décrivent mieux la vie de banlieue qu’aucun journaliste ne pourrait le faire. (Fabien)