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Hackgate: Murdoch nie toute responsabilité

Le patron de News Corp., Rupert Murdoch, affirme qu'il n'était pas au courant que son tabloïd, News of the World, infiltrait illégalement des boîtes vocales. Appelé à s'expliquer aujourd'hui devant les parlementaires britanniques en compagnie de son fils James, il a nié toute responsabilité dans le scandale du hackgate, rejetant le blâme sur ses subordonnés.…

Le patron de News Corp., Rupert Murdoch, affirme qu'il n'était pas au courant que son tabloïd, News of the World, infiltrait illégalement des boîtes vocales. Appelé à s'expliquer aujourd'hui devant les parlementaires britanniques en compagnie de son fils James, il a nié toute responsabilité dans le scandale du hackgate, rejetant le blâme sur ses subordonnés.

Le patron de News Corp., Rupert Murdoch, affirme qu'il n'était pas au courant que son tabloïd, News of the World, infiltrait illégalement des boîtes vocales. Appelé à s'expliquer aujourd'hui devant les parlementaires britanniques en compagnie de son fils James, il a nié toute responsabilité dans le scandale du hackgate, rejetant le blâme sur ses subordonnés.

Face à dix députés qui souhaitaient savoir jusqu'à quel point ils étaient au courant de l'affaire et s'ils ont tenté de l'étouffer, notamment en distribuant des enveloppes brunes aux victimes, Rupert et James Murdoch ont martelé qu'ils étaient blancs comme neige. À la question «qui est responsable?», Rupert Murdoch a répondu: «les personnes à qui j'ai fait confiance et ensuite peut-être les personnes à qui elles ont fait confiance».

Murdoch père et fils

Son fils et lui ont rejeté en bloc les accusations de l'ex-journaliste du News of the World, Sean Hoare, décédé hier, selon qui les écoutes illégales étaient une pratique courante et encouragée au sein de la branche britannique de News Corp., News International. Pour eux, cette pratique était marginale et doit être attribuée à des journalistes électron-libres employés par un tabloïd qui ne représentait qu'une infime proportion d'une gigantesque entreprise internationale.

Refusant de porter seul le bonnet d'âne, Rupert Murdoch a par ailleurs rappelé que le Daily Telegraph, propriété des frères Barclay, a acheté des documents volés dans le cadre de son enquête sur les notes de frais des parlementaires britanniques, en 2009. Tout en martelant qu'il n'avait jamais encouragé ses reporters à enfreindre la loi, il a livré un plaidoyer en faveur de l'investigation journalistique terreau, selon lui, d'une société transparente et libre.

L'audition des Murdoch pères et fils s'est terminée abruptement après que le magna de 80 ans ait été entartré sous l’œil ahuri de l'assistance. L'agresseur serait un comédien et activiste britannique nommé Jonathan May-Bowles et connu sous le pseudonyme Johnnie Marbles. Il avait pris place aux côtés d'une cinquantaine de ses concitoyens qui ont fait la file pendant de nombreuses heures tôt ce matin pour obtenir une des 50 places réservées au public dans la salle.

Rebekah Brooks

L'ex-rédactrice en chef du News of the World et patronne de News International, Rebekah Brooks s'est présentée devant les députés juste après ses patrons. La reine déchue des tabloïds a quitté ses fonctions vendredi puis a été arrêtée par la police et longuement interrogé avant d'être relâchée sous caution. Tout en s'excusant auprès des victimes du hackgate, elle a, elle aussi, affirmé qu'elle n'était pas au courant des pratiques illégales de ses journalistes.

Rédactrice en chef du tabloïd au moment où il aurait espionné les boîtes vocales de milliers de personnes et corrompu des policiers, Rebekah Brooks est soupçonnée «de participation à l'interception de communications» et de «corruption». En 2003, lors d'une autre comparution devant la Commission des médias, elle avait admis, avant de se raviser, avoir déjà payé la police pour obtenir des informations. Aujourd'hui, elle nie tout. Contrairement à ses patrons, elle a cependant assuré qu'elle assumera ses responsabilités de rédactrice en chef, si les écoutes sont prouvées par la police.

La police et le gouvernement

La Commission des médias a également entendu aujourd'hui le chef de Scotland Yard, Sir Paul Stephenson, et le patron de l'antiterrorisme, John Yates, qui ont tous deux démissionné dans les derniers jours. Ils se sont eux aussi dissociés des accusations d'incompétences et de corruption qui accablent la police britannique, assurant n'avoir rien à voir avec le hackgate. Sir Paul Stephenson n'a cependant pas tenté d'apaiser les soupçons de connivence entre ses services et News Corp. Il a en effet déclaré qu'une dizaine de membres du département communication de Scotland Yard sont des anciens de News International.

Également éclaboussé par le scandale, le Premier ministre, David Cameron, sera le prochain à s'exprimer devant les parlementaires. Le chef du gouvernement est vivement critiqué pour avoir embauché Andy Coulson en tant que responsable de ses communications, en 2007, alors qu'il venait de démissionner de ses fonctions de rédacteur en chef du News of the World. Le journal était alors déjà dans l'eau chaude pour écoutes illégales. À l'époque, le journaliste, Clive Goodman, et le détective, Glenn Mulcaire, avaient été les seuls condamnés.

Interrogés sur leurs liens avec la police et le gouvernement, les dirigeants de News Corp. n'ont pas nié. Rupert Murdoch a affirmé avoir depuis longtemps des relations privilégiées avec les gouvernements britanniques. Il a indiqué avoir pris le thé très souvent au 10 Downing Street, y compris en mai 2010 pour féliciter David Cameron au lendemain de sa victoire électorale. Il a cependant affirmé ne jamais avoir garanti le soutien de ses publications à quiconque. Pour sa part, Rebekah Brooks a admis être une amie du Premier ministre et avoir eu des contacts très fréquents avec la police en tant que rédactrice en chef, notamment dans le cadre d'enquêtes mettant en cause des pédophiles.

 

Voir aussi:

L'empire Murdoch s'enfonce dans la tempête

News of the World: le roi du scandale s'y noie

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