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Hebdos: Quebecor poursuit l’offensive dans le sud du Québec

Quebecor poursuit son offensive dans le sud du Québec. Après avoir tendu ses filets en Montérégie en absorbant les 15 journaux des Hebdos Montérégiens, début février, le conglomérat s'apprête à lancer deux nouveaux hebdomadaires et constitue actuellement des équipes de journalistes à St-Jean-sur-Richelieu et à Granby. *titre et second paragraphe modifié Quebecor poursuit son offensive…

Quebecor poursuit son offensive dans le sud du Québec. Après avoir tendu ses filets en Montérégie en absorbant les 15 journaux des Hebdos Montérégiens, début février, le conglomérat s'apprête à lancer deux nouveaux hebdomadaires et constitue actuellement des équipes de journalistes à St-Jean-sur-Richelieu et à Granby.

*titre et second paragraphe modifié

Quebecor poursuit son offensive dans le sud du Québec. Après avoir tendu ses filets en Montérégie en absorbant les 15 journaux des Hebdos Montérégiens, début février, le conglomérat s'apprête à lancer deux nouveaux hebdomadaires et constitue actuellement des équipes de journalistes à St-Jean-sur-Richelieu et à Granby.

Quebecor Media décline les demandes d'entrevues à ce sujet, se contentant de faire circuler une offre d'emploi. «Dans le cadre du développement de nouvelles publications à Saint-Jean-sur-Richelieu, Granby et les environs, Sun Media, une compagnie de Quebecor Media, est à la recherche de candidatures pour combler les postes suivants: journalistes multiplateformes et pigistes», indique l'annonce relayée sur Internet et dans le Journal de Montréal.

Face à face avec Le Canada Français

En lançant des hebdomadaires à St-Jean-sur-Richelieu et à Granby, Quebecor Media fera son entrée sur un territoire déjà riche en journaux locaux. Le conglomérat concurrencera directement le groupe Le Canada Français, qui possède notamment L'Express à Granby et le mythique hebdomadaire Le Canada Français, à St-Jean-sur-Richelieu. Cet éditeur indépendant joue déjà des coudes pour conserver sa part du marché publicitaire. Au cours de la dernière décennie, il a ainsi absorbé et fermé les journaux de l'éditeur indépendant Khaled Kalille. L'homme d'affaires, propriétaire d'un bar sportif dans le Vieux Saint-Jean, a depuis lancé d'autres hebdomadaires dans la région, sous la bannière Le Courrier.

Le Canada Français s'est aussi vu accuser d'user d'intimidation contre le journal Les professions 'L' d'ici, en 2006. Selon l'éditrice du journal, Hélène Paquette, le groupe aurait exigé, dans son contrat avec Publisac – filiale de Transcontinental –, que Les professions 'L' d'ici ne soit plus distribué avec les circulaires pour favoriser son propre hebdomadaire, L'Avenir & Des Rivières. Elle accusait également son concurrent d'avoir forcé les organisateurs d'événements régionaux à lui réserver l'exclusivité médiatique, sans quoi il les priverait de toute couverture de presse.

L'autre ennemi: Transcontinental

Ce conflit n'est pas sans rappeler celui qui oppose Quebecor à Transcontinental. Ensemble, ils contrôlent 65% du marché des hebdomadaires régionaux et se livrent une concurrence féroce, autant dans ce secteur que dans celui de la distribution de circulaires publicitaires, où Quebecor a fait son entrée en juillet 2009. Les équipes de camelots décrochent les sacs de circulaires du concurrent, allant parfois jusqu'à vandaliser les boîtes aux lettres, rapporte InfoSuroit. L'affaire est d'ailleurs devant les tribunaux depuis plus d'un an.

Transcontinental a pour politique de ne pas concurrencer les hebdomadaires qu'il distribue, ce qui explique qu'il se tienne loin des publications du Canada Français. Reste à voir si l'offensive de Quebecor ne lui fera pas changer d'avis, car il y a un marché très lucratif à la clef. Les hebdomadaires régionaux sont en effet un des seuls médias consultés pour les annonces. D'après l'étude StatHebdo 2010, 68% des lecteurs de ces publications s'en servent pour planifier leurs achats de la semaine et ils sont nombreux: 64% des adultes québécois consultent l'hebdomadaire de leur coin.

Qualité de l'information

S'ils devaient se faire face à St-Jean-sur-Richelieu et à Granby, Transcontinental et Quebecor pourraient offrir des baisses de prix aux annonceurs, ce qui ferait très mal aux plus petits éditeurs locaux que sont le Canada Français et Le Courrier. En mars 2010, face à ce phénomène, qui a mis sur la corde raide le défunt groupe Hebdos Montérégiens, le directeur général du Canada Français, Renel Bouchard, déclarait à La Presse Affaires: «On ne joue pas avec notre carte tarifaire. On est plutôt dans une guerre de qualité». Il défendait ainsi les 150 ans d'histoire de son journal, qui a été un des premiers au Québec, en 1976, à se doter d'un code d'éthique, sous l'impulsion de son ancien patron, Yves Gagnon.

Décédé en 1986, M.Gagnon a dirigé l’École de journalisme de l’Université Laval et a été un des fondateurs du Conseil de presse du Québec, organisme dont la crédibilité et la pérennité sont mises en doute depuis que Quebecor en a claqué la porte en 2010. Il a également présidé l'ancêtre de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec, l'Union canadienne des journalistes de langue française, qui s'oppose à l'avancée du conglomérat sur le marché des hebdomadaires. La fédération y voit une menace envers la diversité de l'information et a demandé au gouvernement du Québec d'intervenir pour empêcher la vente des Hebdos Montérégiens, sans succès.

 

Voir aussi:

Les hebdos se jouent-ils de la crise?

Les Québécois de plus en plus friands d'info locale

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