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Information: une rupture générationnelle

Les moins de 35 ans s’informent deux fois plus sur les médias numériques que leurs aînés, et le fossé se creuse chez les plus jeunes encore. À part cela, pas de grande révolution dans les habitudes des Québécois en matière de consommation de nouvelles, la télé restant, et de loin, le média le plus consulté…

Les moins de 35 ans s’informent deux fois plus sur les médias numériques que leurs aînés, et le fossé se creuse chez les plus jeunes encore. À part cela, pas de grande révolution dans les habitudes des Québécois en matière de consommation de nouvelles, la télé restant, et de loin, le média le plus consulté pour s’informer.

Les moins de 35 ans s’informent deux fois plus sur les médias numériques que leurs aînés, et le fossé se creuse chez les plus jeunes encore. À part cela, pas de grande révolution dans les habitudes des Québécois en matière de consommation de nouvelles, la télé restant, et de loin, le média le plus consulté pour s’informer.

Par Hélène Roulot-Ganzmann

«On est toujours dans la continuité depuis 2007, analyse Daniel Giroux, secrétaire général du Centre d’études sur les médias de l’Université Laval et co-auteur de la version 2013 de l’enquête concernant les habitudes des Québécois en matière d’information, réalisée tous les deux ans. Les chiffres que nous dévoilons ce matin démontrent que les habitudes changent plus lentement que ce que beaucoup de gens affirment. Oui, il y a un glissement vers les supports numériques, puisqu’aujourd’hui 20% du temps que les gens consacrent à l’information est passé sur les nouveaux médias. Les médias traditionnels en pâtissent. Mais si la télévision commence à perdre de son importance avec une baisse de 5% en six ans, elle domine toujours.»

Cela dit, la rupture générationnelle est réelle.

«Il y a des écarts très importants, que l’on soupçonnait déjà, commente-t-il, mais qui se creusent d’avantage. L’âge de cette rupture se situe à 35 ans. En deçà, nous trouvons les grands adeptes des nouvelles plateformes, téléphones intelligents, tablettes, etc. Au-delà, la pénétration se fait moins rapidement. C’est une donnée très importante parce qu’on imagine mal que les jeunes délaissent les supports numériques en vieillissant. Petit à petit, les plus jeunes viennent s’ajouter à eux, alors que les plus vieux disparaissent. Il va y avoir une baisse de fréquentation des médias traditionnels, et je pense que ce sont surtout les médias écrits qui vont en souffrir.»

Sujets lourds vs légers

Globalement, la multiplication des sources et des moyens va de paire avec une augmentation constante du temps consacré à la nouvelle. Ainsi, entre 2007 et 2013, le temps quotidien moyen passé à s’informer a augmenté de 84 à 96 minutes.

«Sauf que lorsque l’on regarde de plus près les sujets les plus consultés, d’un côté dans les médias traditionnels et de l’autre dans les médias modernes, analyse Daniel Giroux, on s’aperçoit que pour les sujets lourds comme l’actualité politique, l’économie et la finance ou encore les affaires publiques, la télévision et les médias écrits dominent, alors que les internautes s’intéressent plutôt à des sujets pratiques et légers, comme la météo, les livres, les disques, le cinéma et l’automobile.»

Plusieurs explications à cela, selon le co-auteur de l’étude: soit les gens font plus confiance aux médias traditionnels lorsque les enjeux sont de taille, soit les jeunes ne s’intéressent pas à ces sujets. Dans la deuxième hypothèse, on ne sait pas s’ils y viendront en vieillissant ou s’ils sont définitivement perdus.

Problème de financement

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«Est-ce qu’au fur et à mesure que la consommation de nouvelles sur internet va croître, on ira aussi y chercher de l’information lourde?, se questionne Daniel Giroux. Peut-être, mais ce n’est pas certain.»

«Est-ce que le fait de n’être plus obligé de s’installer devant son téléviseur pour écouter tout le bulletin de nouvelles, et que l’on ait aujourd’hui le choix, démontre tout simplement le peu d’intérêt que les Québécois portent à la chose publique? On ne le sait pas non plus. Mais une chose est certaine, c’est que ça va poser des problèmes en termes de financement pour les nouvelles qui demandent plus d’argent pour être produites.»

Et d’ajouter, que sans doute les hommes politiques ont eux-aussi leur rôle à jouer en faisant en sorte d’intéresser un public, qui jusque-là n’avait pas le choix d’écouter leurs discours au téléjournal, mais qui désormais, peut s’informer autrement et se gêne de moins en moins pour le faire. Et pour commenter.

Participation citoyenne

«C’est un des signes très encourageants de cette nouvelle étude, affirme M. Giroux. De plus en plus de gens participent à des débats sur les sites internet et sur les médias sociaux. C’est une pratique courante que de donner son opinion chez les moins de 35 ans, et tout particulièrement chez les moins de 25 ans. Ça peut être sur un disque, un film, pas forcément sur des grands enjeux politiques, mais cette participation citoyenne, plus facile qu’avant, est peut-être annonciatrice d’une autre façon de s’informer.»

Alors que nombre d’observateurs parient sur l’extinction programmée des médias traditionnels, notamment écrits, cette nouvelle étude vient démontrer que, si une tendance se dessine bel et bien vers un basculement de plus en plus net en faveur des nouveaux médias, l’évolution demeure lente. Il faudra maintenant attendre deux ans, et les résultats de la prochaine étude, pour savoir si les Québécois entrent profondément et définitivement dans l’ère de l’information numérique.

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