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La Presse+: confusion entre rédaction et promotion?

Dans un courriel envoyé à ses membres et dont ProjetJ a obtenu copie, l’exécutif du Syndicat des travailleurs de l’information de La Presse (STIP) dénonce des écrans promotionnels non clairement identifiés sur La Presse+, et avoue que les échanges avec la direction en vue de trouver des solutions ont abouti à un «cul de sac».…

Dans un courriel envoyé à ses membres et dont ProjetJ a obtenu copie, l’exécutif du Syndicat des travailleurs de l’information de La Presse (STIP) dénonce des écrans promotionnels non clairement identifiés sur La Presse+, et avoue que les échanges avec la direction en vue de trouver des solutions ont abouti à un «cul de sac». Une direction qui nie toute confusion des genres.

Dans un courriel envoyé à ses membres et dont ProjetJ a obtenu copie, l’exécutif du Syndicat des travailleurs de l’information de La Presse (STIP) dénonce des écrans promotionnels non clairement identifiés sur La Presse+, et avoue que les échanges avec la direction en vue de trouver des solutions ont abouti à un «cul de sac». Une direction qui nie toute confusion des genres.

Par Hélène Roulot-Ganzmann

Dernier en date de ces écrans promotionnels, dans la section Pause santé de l’édition du 29 avril de la La Presse+. En page 8, démarre un dossier sur le sommeil qui s’étale sur cinq pages. Aucune mention qu’il ne s’agit d’un article promotionnel. Une fois averti, et à y regarder de plus près, on dénote peut-être une légère modification de la typographie, une absence de signature, et un cadre gris autour de l’article… mais la mise en page, très proche de celle des pages rédactionnelles, laisse supposer qu’il s’agit d’un dossier monté par la salle de nouvelles. Or, c’est purement et simplement une publicité payée par un annonceur.

«Notre convention collective prévoit que les textes promotionnels doivent être identifiés comme tels, explique Charles Côté, président du STIP en entrevue à ProjetJ. Non seulement, ces pages doivent être identifiées comme «publicité», «promotion» ou «reportage publicitaire», mais il existe également des règles en matière de typographie, des filets, etc., de manière à ne pas tromper le lecteur. Ça, c’est pour l’édition papier. Sur les autres plateformes, l’employeur s’est engagé à déployer les moyens requis pour éviter toute confusion entre la matière publicitaire et la matière rédactionnelle publiée. S’il y a eu quelques différends à ce sujet au début, ça s’est vite réglé. Mais depuis deux mois, nous constatons une certains confusion sur La Presse+ et nos échanges sont aujourd’hui arrivé dans un cul de sac.»

 Car du côté de la direction, on affirme qu’il n’y a pas confusion.

«Il y a un cadre gris autour de l’article, ce qui est toujours le cas lorsqu’il s’agit de publicité et le lecteur l’a bien compris, affirme Éric Trottier, éditeur à La Presse, entrevue à ProjetJ. La typographie n’est pas la même et si vous appuyez tout en haut, vous arrivez sur le résumé des sections, et là, c’est indiqué très clairement qu’il s’agit de promotion. Nous avons choisi une approche graphique, nous respectons entièrement la convention collective et nous n’irons donc pas plus loin.»

Pétition

Des normes suffisantes du point de vue de la direction, mais pas de celui du syndicat, qui dès les premiers reportages publicitaires de ce type, à la fin du mois de février, s’est insurgé.

«Tout le monde s’en est inquiété et a réagi fortement, assure Éric-Pierre Champagne, vice-président du syndicat et bien au fait du dossier. Nous avons déposé un grief à la direction, et depuis, une vingtaine d’autres. Nous avons même fait signer une pétition. Ça faisait une quinzaine d’années que nous n’avions pas utilisé ces méthodes. Force est de constater que 242 personnes ont signé, journalistes, photographes, vidéastes, graphistes, etc.»

Face à cette mobilisation, la direction s’est d’abord montrée ouverte, Guy Crevier, éditeur de La Presse, recevant les membres du syndicat le 17 avril dernier.

«Il nous a alors affirmé qu’il avait l’intention de respecter la convention collective. Or, il ne la respecte pas», estime Charles Côté.

«Improvisation et manque de crédibilité»

«L’employeur a retiré certaines pistes de solutions proposées une semaine plus tôt, peut-on lire dans le courriel envoyé aux membres du STIP. Ces possibles améliorations présentées par Benoît Giguère [ndlr, directeur principal design à La Presse] prévoyaient entre autres l’affichage obligatoire du logo des annonceurs dans le haut des écrans promotionnels. Cette mesure aurait pu aider, avec d’autres, à éviter «toute confusion» en matière rédactionnelle et publicitaire, tel que l’exige notre convention collective. Nous nous apprêtions à étudier les propositions de Benoît Giguère en petit comité quand Éric Trottier nous a appris qu’elles ne tenaient plus. Pourtant, une semaine avant, l’éditeur de La Presse, Guy Crevier lui-même, avait invité le syndicat à les prendre en considération. Le STIP est déçu devant tant d’improvisation et considère que la haute direction de La Presse a perdu toute crédibilité dans ce dossier. Nous revenons donc à la case départ et nous explorerons tous les modes d’action qui s’offrent à nous pour faire cesser la confusion intolérable qui s’est installée au sein de notre édition sur tablette.»

En attendant de statuer sur la suite des choses, le STIP invite les lecteurs choqués, à porter plainte au Conseil de Presse du Québec, qui a la responsabilité de faire appliquer les normes journalistiques, et auquel La Presse adhère.

«En tant que syndicat, nous pourrions le faire, mais nous devrions pour cela suspendre nos griefs, explique Charles Côté. Ce n’est pas la stratégie que nous privilégions pour l’instant. À notre connaissance, il n’y a pas eu de plaintes déposées au Conseil mais c’est certain qu’il aurait la légitimité pour statuer.»

Dans un communiqué publié à la mi-avril à l’occasion des un an de l’application iPad, Guy Crevier révélait que La Presse+ générait aujourd’hui 30% des revenus publicitaires de l’ensemble des supports.

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