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Lanceurs d’alerte à leurs risques et périls

Manning, Snowden, Assange… traitres ou héros? Chacun a sa petite idée là-dessus. Mais lanceurs d’alerte, personne ne le conteste. CBC Radio one lance une série sur ces hommes et ces femmes, qui au nom de la vérité et de l’intérêt public, décident de porter à la connaissance du public, souvent contre l’avis de leur hiérarchie,…

Manning, Snowden, Assange… traitres ou héros? Chacun a sa petite idée là-dessus. Mais lanceurs d’alerte, personne ne le conteste. CBC Radio one lance une série sur ces hommes et ces femmes, qui au nom de la vérité et de l’intérêt public, décident de porter à la connaissance du public, souvent contre l’avis de leur hiérarchie, des informations qu’ils détiennent et qui selon eux, menacent l’homme, la société, l’économie ou encore l’environnement. Le premier épisode s’intéresse à ce phénomène à l’intérieur du système de santé.

Manning, Snowden, Assange… traitres ou héros? Chacun a sa petite idée là-dessus. Mais lanceurs d’alerte, personne ne le conteste. CBC Radio one lance une série sur ces hommes et ces femmes, qui au nom de la vérité et de l’intérêt public, décident de porter à la connaissance du public, souvent contre l’avis de leur hiérarchie, des informations qu’ils détiennent et qui selon eux, menacent l’homme, la société, l’économie ou encore l’environnement. Le premier épisode s’intéresse à ce phénomène à l’intérieur du système de santé.

Par Hélène Roulot-Ganzmann

White Coat Black Art: Blowing the Whistle on Bad Medicine, le titre de ce premier épisode sur les lanceurs d’alerte en dit long sur la loi du silence qui sévit dans le système de santé canadien et par ricochet, sur la difficulté, pour les journalistes, de trouver des sources acceptant de parler à visage découvert de ce qui ne tourne pas rond dans le milieu médical.

Le reportage donne la parole à plusieurs travailleurs en santé, notamment un résident qui explique que son nom a été mis sur une liste noire, sa santé mentale remise en question et sa carrière freinée parce qu’il avait osé révéler une erreur médicale. Un avocat explique également qu’il n’essaye même plus d’obtenir un quelconque témoignage du personnel médical d’un hôpital contre lequel un de ses clients se bat en justice, car il sait d’avance que personne n’acceptera de ruiner la carrière d’un collègue et que l’administration de l’hôpital, quant à elle, se cachera derrière le respect de la vie privée.

Si le reportage donne la parole à plusieurs membres du milieu médical ayant perdu leur poste ou ayant été poussés à démissionner pour avoir fait montre d’un peu trop de zèle et avoir révélé des informations aux médias, reste que les cas présentés se retrouvent tous du côté du Canada anglophone. Est-ce à dire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes au Québec?

À visage découvert

«Il y a des problèmes dans le système de santé au Québec, estime Valérie Borde, blogueuse en sciences et en santé sur le site du magazine l’Actualité. Mais comme vous pouvez le constater, les scandales sortent régulièrement et les personnes qui en parlent aux médias le font souvent à visage découvert, sans sembler craindre pour leur carrière. Le rôle de ces lanceurs d’alerte est fondamental parce qu’il y a des choses qui ne peuvent être dénoncées que de l’intérieur.»

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Mme Borde évoque notamment le cas du Dr Geneviève Dechêne, médecin de famille à Verdun, qui n’a pas hésité à lui donner une entrevue pour dénoncer le corporatisme à l’intérieur du Collège des médecins du Québec.

«Il est vrai qu’ici, les critiques viennent aussi beaucoup de l’extérieur, c'est-à-dire du milieu de la recherche, précise Valérie Borde. Mais nous arrivons à avoir des sources en interne qui assument tout à fait ce qu’elles ont à nous dire. Bien entendu, pas en passant par les relations médias…»

Dans les firmes pharmaceutiques

Au Québec, c’est plutôt au sein des firmes pharmaceutiques que la loi du silence sévirait. Valérie Borde préparait justement un article sur le sujet lorsque Projet J  lui a parlé hier matin.

«La plupart du temps, les études cliniques ne sont pas publiées dans des revues savantes ou ailleurs, raconte-t-elle. Santé Canada approuve ou non des médicaments, approuve ou non leur remboursement, sans que l’on sache sur quelle base. C’est très inquiétant cette non transparence parce qu’il y a une véritable maffia pharmaceutique. Ce n’est pas moi qui l’avance, mais le médecin danois Peter Gøtzsche dans son dernier livre, Deadly Medicines and Organised Crime: How big pharma has corrupted healthcare. Un livre qui s’appuie sur une analyse détaillée des études qui ont conduit à la mise en marché de plusieurs médicaments dans les dernières années.»

«Or, la recherche pharmaceutique est tellement importante pour l’économie québécoise, qu’il y a une véritable chape de plomb. Il pourrait y avoir des lanceurs d’alerte en interne, comme on le voit chez les médecins, qui raconteraient et dénonceraient, notamment la manière dont sont menées les études cliniques. Mais à l’intérieur de ces compagnies, c’est vraiment la loi du silence et c’est très compliqué de faire sortir des informations, même de manière anonyme.»