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Le scandale Rob Ford s’empare des médias québécois

Les journalistes n’ont semble-t-il pas apprécié de se faire traiter de «bande d’asticots» par le maire Ford, dimanche. Si la semaine dernière, les médias québécois étaient restés plutôt à l’écart de la polémique entourant une supposée vidéo montrant l’édile de Toronto fumer du crack, rares sont les quotidiens qui font aujourd’hui l’impasse sur cette affaire.…

Les journalistes n’ont semble-t-il pas apprécié de se faire traiter de «bande d’asticots» par le maire Ford, dimanche. Si la semaine dernière, les médias québécois étaient restés plutôt à l’écart de la polémique entourant une supposée vidéo montrant l’édile de Toronto fumer du crack, rares sont les quotidiens qui font aujourd’hui l’impasse sur cette affaire.

Les journalistes n’ont semble-t-il pas apprécié de se faire traiter de «bande d’asticots» par le maire Ford, dimanche. Si la semaine dernière, les médias québécois étaient restés plutôt à l’écart de la polémique entourant une supposée vidéo montrant l’édile de Toronto fumer du crack, rares sont les quotidiens qui font aujourd’hui l’impasse sur cette affaire.

Par Hélène Roulot-Ganzmann

Première au Québec à s’intéresser de près au scandale Rob Ford, Nathalie Collard. Jeudi dernier, dans les colonnes du journal La Presse, elle s’interroge sur la pertinence de publier une nouvelle aussi brutale avant même d’avoir pu s’assurer de son authenticité. Elle évoque alors l’effet Gawker.

«Le Toronto Star aurait-il publié la nouvelle si le site Gawker ne l’avait pas fait le premier? Probablement pas. Mais voilà, écrit-elle, jeudi soir, un rédacteur de Gawker a twitté avoir visionné la vidéo du maire Rob Ford fumant du crack. (…) Gawker n’est pas une entreprise journalistique. (…) Par contre, on peut s'interroger sur la décision du Toronto Star, média d’information sérieux, de publier une nouvelle dont la source est criminelle.»

«bunch of maggots»

Nombre de journalistes au Québec semblaient alors sur la même longueur d’ondes. Leur credo? D’abord, rien n’assure que cette vidéo soit authentique. Et si jamais elle l’est, elle reste aux mains de personnages peu fréquentables – des trafiquants de drogue somaliens -, qui demandent 200 000$ à qui voudrait en obtenir une copie. Ce qui fait dire à Sophie Durocher dans les pages du Journal de Montréal de vendredi: Je ne veux pas voir la vidéo de Robert Ford.

Mais voilà, dimanche, le maire Ford reprend les manettes de l’émission hebdomadaire qu’il anime avec son frère et néanmoins proche conseiller sur une station de radio torontoise. Émission qu’il avait délaissée la semaine précédente alors que la polémique venait tout juste d’éclater. Loin de la jouer profil bas, l’élu s’en prend aux journalistes, les traitant de «bunch of maggots».

Que l’on traduise maggot par asticot ou par larve, la référence n’est pas des plus amicales et c’est sans doute ce qui a poussé plusieurs confrères à s’intéresser à l’histoire d’un peu plus près. Depuis hier, La Presse publie plusieurs articles par jour et Marie-Claude Lortie a été dépêchée à Toronto.

Rob Ford et les médias

Lundi, le journal de la rue Saint-Jacques s’intéresse aux départs en cascade des plus proches collaborateurs du maire. Dans un article intitulé Rob Ford perd deux porte-parole, Gawker recueille 200 000 $, Colin Perkel de la Presse canadienne rapporte que MM. Christopoulos et Ransom n’ont pas expliqué les raisons de leur départ. Et que de son côté, M. Ford s’est contenté de dire que les deux hommes avaient «décidé d'emprunter une avenue différente».

Ce matin, dans l’édition papier, Marie-Claude Lortie consacre sa chronique aux rapports qu’entretient le maire Ford avec les représentants des médias. Toronto: feuilleton politique, titre-t-elle.

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«Les journalistes sont habitués aux frasques du maire, écrit-elle. (…) M. Ford a une conception fort particulière de la liberté de la presse. Celle-ci s’articule autour de préférences et d’animosités ciblées. On ne vit pas dans un régime de transparence et d’ouverture à la salle de presse de l’hôtel de ville. «Est-ce que vous me demandez si cela fait du mal à la démocratie? Oui, c’est clair», précise M. Cruickshank, éditeur du Toronto Star».

Au-delà de nos frontières

Les autres médias adoptent plutôt un angle criminel, notamment le Journal de Montréal via l’agence QMI. La police de Toronto à la veille de mettre la main sur la vidéo du maire Ford? se demande-t-il hier après-midi. «C’est qu’un meurtre pourrait avoir été commis en lien avec la vidéo, selon ce qu’a rapporté lundi le quotidien The Globe and Mail, peut-on lire. Des sources auraient mentionné au journal que la personne à qui appartenait cette vidéo pourrait avoir été tuée pour son contenu potentiellement intéressant».

L’éventualité que le maire de la plus grande métropole du Canada ait été filmé en train de fumer du crack en compagnie de revendeurs de drogue intéresse d’ailleurs les médias du monde entier. Dans son édition de vendredi, Courrier international rapporte les faits en donnant la parole aux journalistes du Toronto Star et au rédacteur en chef de Gawker.

Quant au New-York Observer, il est allé demander aux Canadiens ce qui les a motivé à participer à la campagne de financement de Gawker. Et pour nombre d’entre eux, la seule raison réside dans l’espoir, même minime, de voir le maire Ford quitter l’hôtel de ville au plus vite.

 

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