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Les journalistes indépendants prennent leur destin en main

La tournée de l’AJIQ prend fin cette semaine dans les territoires nordiques du Nunavut. Durant près de deux mois, l’association a écouté les journalistes indépendants partout au Québec: entre espoir et frustration, ils évoquent leur situation et entrevoient des pistes de solution. La tournée de l’AJIQ prend fin cette semaine dans les territoires nordiques du…

La tournée de l’AJIQ prend fin cette semaine dans les territoires nordiques du Nunavut. Durant près de deux mois, l’association a écouté les journalistes indépendants partout au Québec: entre espoir et frustration, ils évoquent leur situation et entrevoient des pistes de solution.

La tournée de l’AJIQ prend fin cette semaine dans les territoires nordiques du Nunavut. Durant près de deux mois, l’association a écouté les journalistes indépendants partout au Québec: entre espoir et frustration, ils évoquent leur situation et entrevoient des pistes de solution.

Par Hélène Roulot-Ganzmann

Des centaines d’heures d’enregistrement à compiler. Depuis le 9 avril, l’équipe de l’Association des journalistes indépendants du Québec (AJIQ) et du journal d’information indépendant, Ensemble, se promène sur les routes de la province à la recherche de solutions pour sortir les journalistes indépendants de la précarité. Trente dates, trente lieux, trente réalités distinctes.

Premier constat, personne ne s’accorde sur le sens qu’il donne au journalisme indépendant. Statut ou philosophie de vie? Suffit-il d’être travailleur autonome pour prétendre être journaliste indépendant? Ou faut-il se battre bec et ongle pour son indépendance vis-à-vis des conglomérats et de la publicité?

Indépendance et objectivité

Est-ce qu’un pigiste qui travaille exclusivement pour un client, en l’occurrence l’un des quelques poids lourds qui détiennent les médias au Québec, est-il encore indépendant?

Est-on vraiment plus indépendant lorsque l’on travaille en dehors des conglomérats? Ou au contraire, la précarité pousse-t-elle à renier parfois ses propres principes éthiques?

Indépendance et objectivité sont-elles deux notions liées? Ou chaque journaliste n’est-il pas amené à lire les événements par le biais de son propre spectre, qu’il soit économique, écologique, social, souverainiste, etc.?

Qui a réellement intérêt à sortir le journaliste indépendant de sa précarité? Les employeurs, à qui cette démarche coûterait cher? Le gouvernement, qui ne voit pas forcément d’un très bon œil que des électrons libres puissent bénéficier de plus de moyens pour s’immiscer dans ses affaires et faire sortir quelques squelettes du placard?

Voilà quelques-unes des réflexions entendues le 30 mai dernier lors de l’étape montréalaise.

Sur le modèle de l’UDA

Parmi les pistes de solutions discutées, le contrat type, mis en place par l’AJIQ il y a plusieurs mois. Un contrat qui protège le journaliste contre toute atteinte à ses droits d’auteur et ses droits moraux.

«Pour que ça fonctionne, il faudrait cependant qu’aucun pigiste n’accepte de rogner ces deux droits fondamentaux, admet Nicolas Falcimaigne, membre du Conseil d’administration de l’AJIQ. Or ce n’est pas le cas et on ne peut reprocher à personne d’accepter un contrat pour faire bouillir la marmite, quelles qu’en soient les conditions.»

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Les journalistes présents à Montréal sont souvent revenus sur la nécessité pour eux de s’unir pour monter au front. Revaloriser le prix du feuillet, qui n’a pas évolué depuis une quinzaine d’années, serait une des premières batailles à mener. Pour arriver, à terme, à un statut qui ressemblerait à celui de l’Union des artistes (UDA): rémunération minimale, protection syndicale et juridique, assurance collective, régime d’épargne-retraite collectif, congés payés, etc.

De l’éducation aux médias

Mais comment arriver à mettre la pression sur le gouvernement? Pétition? Grève générale? Manifestations? Retour des casseroles dans les rues? Tout y passe… mais personne dans la salle n’a véritablement espoir d’avoir l’appui de la population.

«Les gens lisent le journal ou regardent la télévision sans se poser de questions, estime l’un des intervenants. Personne ne se demande comment est fabriquée l’information qu’on lui sert et c’est bien normal. Si nous sommes ici à en parler, c’est parce que nous sommes directement concernés.»

L’idée de rendre obligatoire l’éducation aux médias dès l’école primaire fait cependant partie des solutions proposées. Face à la multiplicité des sources d’information disponibles aujourd’hui, on souligne l’importance de donner des outils pour reconnaître une information fiable.

Création d’un label

L’un des participant évoque même la création d’un label, qui serait remis par un comité indépendant aux sites internet proposant de l’information vérifiée de manière journalistique.

«Ça donnerait plus de crédibilité aux journalistes indépendants qui veulent lancer leur propre média sur internet, explique-t-il. Et de cette crédibilité pourrait découler des revenus, qu’ils soient publicitaires ou via un mur payant.»

La tournée terminée, l’AJIQ va maintenant se lancer dans un processus de compilation de toutes les idées. Le résultat de ces consultations sera dévoilé le 28 septembre prochain lors des États-Généraux du journalisme indépendant.

 

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