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Les médias pensent-ils ?

Martine-Emmanuelle Lapointe, Spiralemagazine.com | Les médias pensent-ils ? La question est provocante et mérite sans doute d’être nuancée. Ne juxtapose-t-elle pas deux mots piégés, médias et penser, qui exigent à eux seuls d’infinis développements terminologiques… Entendons-nous d’emblée sur le sens ou sur l’étendue conceptuelle qu’ont ces deux mots dans le présent contexte : médias sera…

Martine-Emmanuelle Lapointe, Spiralemagazine.com |

Les médias pensent-ils ? La question est provocante et mérite sans doute d’être nuancée. Ne juxtapose-t-elle pas deux mots piégés, médias et penser, qui exigent à eux seuls d’infinis développements terminologiques… Entendons-nous d’emblée sur le sens ou sur l’étendue conceptuelle qu’ont ces deux mots dans le présent contexte : médias sera conçu au sens large, incluant autant la télévision, la radio que le cinéma documentaire et l’Internet. Le mot penser sera, quant à lui, défini de la manière la plus sobre et la plus ouverte qui soit, désignant simplement le fait d’appliquer son esprit à concevoir quelque chose. Sous ces deux mots, il ne faudra donc pas chercher de jugements de valeur ou de hiérarchies voilées qui révéleraient encore une fois les partis pris d’une certaine élite.

Néanmoins, nombreux sont les intellectuels qui affirment que la pensée a déserté les médias. La littérature et la philosophie auraient pour ainsi dire disparu des chaînes radiophoniques, cédant leur place à la culture au sens large. La télévision serait devenue le lieu de débats stériles autour de sujets sensationnalistes et consensuels. Les journaux, vitrines des corporations auxquelles ils appartiennent, accorderaient plus d’importance aux aveux publicitaires d’une chanteuse ou d’un acteur qu’à la véritable critique des œuvres contemporaines. Chassée, répudiée, bâillonnée, la pensée se réfugierait désormais dans les interstices et les recoins de la grande sphère médiatique, voire dans les revues universitaires, les magazines culturels à tirage limité, les radios Internet quasi clandestines, ne laissant affleurer à la surface que ses versions les plus digestes. En somme, comme l’écrivait Guy Debord dans La société du spectacle, « [l]’ensemble des connaissances qui continue de se développer actuellement comme pensée du spectacle doit justifier une société sans justifications, et se constituer en science générale de la fausse conscience. Elle est entièrement conditionnée par le fait qu’elle ne peut ni ne veut penser sa propre base matérielle dans le système spectaculaire » (Paris, Gallimard, « Folio », 1992 [1967], p. 188).

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Les médias pensent-ils ? La question est provocante et mérite sans doute d’être nuancée. Ne juxtapose-t-elle pas deux mots piégés, médias et penser, qui exigent à eux seuls d’infinis développements terminologiques… Entendons-nous d’emblée sur le sens ou sur l’étendue conceptuelle qu’ont ces deux mots dans le présent contexte : médias sera conçu au sens large, incluant autant la télévision, la radio que le cinéma documentaire et l’Internet. Le mot penser sera, quant à lui, défini de la manière la plus sobre et la plus ouverte qui soit, désignant simplement le fait d’appliquer son esprit à concevoir quelque chose. Sous ces deux mots, il ne faudra donc pas chercher de jugements de valeur ou de hiérarchies voilées qui révéleraient encore une fois les partis pris d’une certaine élite.

Néanmoins, nombreux sont les intellectuels qui affirment que la pensée a déserté les médias. La littérature et la philosophie auraient pour ainsi dire disparu des chaînes radiophoniques, cédant leur place à la culture au sens large. La télévision serait devenue le lieu de débats stériles autour de sujets sensationnalistes et consensuels. Les journaux, vitrines des corporations auxquelles ils appartiennent, accorderaient plus d’importance aux aveux publicitaires d’une chanteuse ou d’un acteur qu’à la véritable critique des œuvres contemporaines. Chassée, répudiée, bâillonnée, la pensée se réfugierait désormais dans les interstices et les recoins de la grande sphère médiatique, voire dans les revues universitaires, les magazines culturels à tirage limité, les radios Internet quasi clandestines, ne laissant affleurer à la surface que ses versions les plus digestes. En somme, comme l’écrivait Guy Debord dans La société du spectacle, « [l]’ensemble des connaissances qui continue de se développer actuellement comme pensée du spectacle doit justifier une société sans justifications, et se constituer en science générale de la fausse conscience. Elle est entièrement conditionnée par le fait qu’elle ne peut ni ne veut penser sa propre base matérielle dans le système spectaculaire » (Paris, Gallimard, « Folio », 1992 [1967], p. 188).

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