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Péladeau sur le JdeM: le syndicat n’a pas compris l’évolution du marché

Le président de Quebecor, propriétaire du Journal de Montréal, a accordé ce matin une rare entrevue à l'antenne du 98,5FM. L'animateur de l'émission matinale, Paul Arcand, l'a questionné pendant près d'une demi-heure sur son investissement dans l'amphithéâtre de Québec, mais surtout sur le conflit de travail qui a affecté le navire amiral de son empire…

Le président de Quebecor, propriétaire du Journal de Montréal, a accordé ce matin une rare entrevue à l'antenne du 98,5FM. L'animateur de l'émission matinale, Paul Arcand, l'a questionné pendant près d'une demi-heure sur son investissement dans l'amphithéâtre de Québec, mais surtout sur le conflit de travail qui a affecté le navire amiral de son empire pendant les deux dernières années.

Le président de Quebecor, propriétaire du Journal de Montréal, a accordé ce matin une rare entrevue à l'antenne du 98,5FM. L'animateur de l'émission matinale, Paul Arcand, l'a questionné pendant près d'une demi-heure sur son investissement dans l'amphithéâtre de Québec, mais surtout sur le conflit de travail qui a affecté le navire amiral de son empire pendant les deux dernières années. Projetj a retranscrit un extrait de l'entretien:

Le retour au travail semble difficile. Beaucoup d'employés auraient décidé de ne pas revenir au Journal de Montréal

Je suis très attristé de toute la situation qui s'est produite au Journal de Montréal. Je pense que c'est un conflit qui n'aurait jamais dû avoir lieu. Dès 2008, durant l'été, j'ai rencontré Mme Carbonneau (présidente de la CSN- Confédération des syndicats nationaux). Je lui disais que nous étions face à une situation incontournable.

La presse écrite depuis plusieurs années, et particulièrement depuis les quelques dernières années avec l'évolution des technologies et la multiplication des canaux de distribution, n'est plus le duopole avec la télévision qu'ils ont été durant les 30-40 dernières années. Il y a eu l'explosion d'internet, là il va y avoir le sans-fil, on va avoir accès à des tonnes d'informations, de divertissement de façon mobile. Cette conjoncture vient transformer le marché de façon complète et absolue.

Nous avions proposé de négocier dans un climat d'apaisement, avant le cadre formel de la négociation, soit les trois mois avant la fin de la convention collective selon la loi. Mais ça n'a pas marché. Nous avons donc négocié pendant les trois mois prévus et jusqu'à l'échéance de la convention collective, le 31 décembre.

J'ai personnellement rencontré le président du syndicat, Raynald Leblanc, le 24 décembre. Je lui ai demandé s'il était d'accord avec le règlement au Journal de Québec qui s'accompagnait de réduction d'effectif. C'est inévitable. On ne peut plus aujourd'hui gérer avec pléthore d'effectifs dans le contexte des nouveaux médias. Ça s'est passé comme ça chez les typographes et les pressiers.

Mais vous avez tout de même un historique de lock-out. Êtes-vous le champion des mauvaises relations de travail au Québec?

Non, je ne crois pas. Nous sommes un employeur important au Québec. Des conventions collectives, on en a des centaines et on les renouvelle les unes après les autres. C'est exceptionnel qu'il y ait un conflit.

Est-ce que c'était le lock-out parfait au Journal de Montréal, comme le disait le député François Ouimet, c'est-à-dire que vous avez mis tout en place pour pouvoir durer 2-3 ans?

Nous prenons nos responsabilités, nous sommes payés pour ça. L'évolution de la presse écrite, on l'a anticipé. En tant que plus important éditeur au Canada, nous avons pris tous les moyens nécessaires pour y faire face. Nous avons consolidé nos centres d'impression en investissant à Mirabel et à Toronto. Nous avons consolidé nos centres d'encartage et nos branches administratives. Est-ce que c'est normal d'avoir dans chaque journaux, quelqu'un qui va ouvrir des enveloppes pour payer nos comptes de Bell à l'extérieur du Québec? Bien sûr que non!

On a aussi consolidé nos salles de rédaction. Pourquoi on aurait dans 8, 10, 12 quotidiens à travers le Canada, 8,10, 12 personnes qui feraient exactement la même chose: les statistiques de la LNH! C'est ridicule. C'est justement parce que nous avons cette envergure que nous pouvons faire en sorte de diminuer nos coûts pour assurer la pérennité des emplois. Il faut être conscient que le Journal de Montréal ce n'est pas juste la salle de rédaction. Il y a aussi les représentants publicitaires, les gens qui l'impriment, et ceux le distribuent.

Ça voulait dire casser le moule, mais aussi le syndicat?

Nous avons toujours souhaité qu'il n'y ait pas de conflit. Mais devant le refus de négocier de l'organisation syndicale, nous ne pouvions pas faire autrement. Ils ont signé un document à la suite de notre rencontre du 24 décembre. Tout l'exécutif syndical se disait en faveur des paramètres de négociation menant à un règlement similaire à celui du Journal de Québec, ce qui entraînait une diminution des effectifs avec des indemnités de départ extrêmement généreuses.

Mais 2 ou 3 semaines après, ils ont renié leur engagement. Ils le savaient fort bien que nous n'avions aucune autre possibilité que de déclencher un lock-out, mais ils disaient, «on s'en fiche, on a un fond de grève qui va nous permettre 2 ans». Ensuite, pendant 18 mois, ils ont refusé de négocier en s'opposant aux réductions d'effectif.

Mais vous aussi vous étiez prêt à durer longtemps…

C'est sûr. Il faut s'organiser! On ne peut pas négocier avec un fusil à eau, lorsqu'en face il y a des mitraillettes et des bazookas! C'était notre responsabilité de dirigeants de nous assurer que le Journal de Montréal continue de paraître. Ça a été fait, d'ailleurs avec un taux de lectorat plus élevé que celui que nous avions antérieurement, et nous en sommes très heureux.

Sincèrement, ça demeure une tâche titanesque pour des cadres de sortir un journal tous les jours. Étiez-vous tous les matins satisfait de ce qu'il y avait dedans?

Mon opinion n'est pas très importante. C'est l'opinion du public qui compte. Je regarde ce que le public nous donne comme résultats et les deux plus récentes études indiquent qu'il apprécie davantage le journal. Il y a plus de lecteurs et de lectrices, c'est ça le nerf de la guerre: si vous n'avez plus de lecteurs, vous n'avez plus d'annonceurs.

Vous mêlez-vous du contenu?

Ce ne sont que des légendes urbaines. C'est bien évidemment que ça peut faire plaisir à certains journalistes de dire ça. J'ai cru comprendre que ça a été dit pendant le conflit au Journal de Montréal, mais j'ose espérer que les gens ont assez de jugement pour comprendre que dans le cadre d'un conflit ce n'est que de la démagogie syndicale. Non, je n'interviens pas. On a 280 journaux dans le groupe, si je devais intervenir j'en ferais des heures supplémentaires!

Si c'était à refaire, déclencheriez-vous un lock-out au Journal de Montréal?

Non, si nous avions été capables de négocier de façon honnête et convenable à la table de négociation en faisant en sorte que le syndicat comprend les objectifs de l'entreprise qui ont été établis partout ailleurs dans nos journaux.

Je suis attristé que le Syndicat des travailleurs de l'information du Journal de Montréal n'ait pas été en mesure de comprendre l'évolution incontournable de la presse écrite. Je suis très attristé d'avoir été obligé de souffrir un conflit pendant deux ans et aussi pour le sort de nos employés, mais il faut savoir que nous avons offert des indemnités de départ extrêmement généreuses.

Est-ce qu'on doit attendre que les entreprises ferment pour faire justement ce que les dirigeants sont payés pour faire, c'est-à-dire s'assurer que les entreprises soient rentables? Sans rentabilité une entreprise n'existe pas.

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