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Photojournalisme: la vérité derrière l’actualité

Par Hugo Prévost, Pieuvre.ca Le Collège Dawson accueillait mardi soir la seconde conférence organisée dans le cadre de l’exposition World Press Photo en recevant Jodi Bieber, la photographe qui a remporté le premier prix de l’édition 2011 du concours avec son portrait de la jeune Aïcha, une Afghane qui a été horriblement défigurée pour s’être…

Par Hugo Prévost, Pieuvre.ca

Le Collège Dawson accueillait mardi soir la seconde conférence organisée dans le cadre de l’exposition World Press Photo en recevant Jodi Bieber, la photographe qui a remporté le premier prix de l’édition 2011 du concours avec son portrait de la jeune Aïcha, une Afghane qui a été horriblement défigurée pour s’être enfuie de la maison de son époux. Devant un parterre d’étudiants et de curieux, Mme Bieber s’est longuement exprimée sur le métier de photographe, mais surtout sur la possibilité de trouver matière à reportage près de chez soi, sans devoir s’exiler à l’autre bout du monde.

Par Hugo Prévost, Pieuvre.ca

Le Collège Dawson accueillait mardi soir la seconde conférence organisée dans le cadre de l’exposition World Press Photo en recevant Jodi Bieber, la photographe qui a remporté le premier prix de l’édition 2011 du concours avec son portrait de la jeune Aïcha, une Afghane qui a été horriblement défigurée pour s’être enfuie de la maison de son époux. Devant un parterre d’étudiants et de curieux, Mme Bieber s’est longuement exprimée sur le métier de photographe, mais surtout sur la possibilité de trouver matière à reportage près de chez soi, sans devoir s’exiler à l’autre bout du monde.

La photographe, timide, voire gênée devant un public si nombreux, se situe pratiquement à l’opposé de ses clichés: autant peuvent-ils être percutants, autant elle semble s’effacer derrière son oeuvre, quitte à laisser parler sa pellicule et son déclencheur pour présenter sa vision du monde, plutôt que de l’expliquer sans l’aide de ces images qui valent bien plus que mille mots.

Née en Afrique du Sud, Mme Bieber a grandi alors que les grandes perturbations politiques débutaient au pays de Nelson Mandela et de l’apartheid. Formée pratiquement à la sauvette, elle apprendra sur le terrain, au fur et à mesures des manifestations et des soubresauts de son pays, mais aussi du monde entier. Mardi soir, elle donnait l’image d’une femme qui a dépassé le stade des photoreporters attirés par les conflits et les guerres comme les insectes autour d’une flamme, au risque de s’y brûler.

«Je n’ai plus besoin d’aller couvrir ce genre d’événements, explique-t-elle. Je trouve désormais mon inspiration dans l’actualité de tous les jours, près de chez moi… je vais voir les gens derrière les conflits, pour retrouver la vérité derrière l’actualité.»

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Cette quête de réel, de vérité, de solidité derrière des généralisations souvent hâtives dans les médias, caractérise le travail de Mme Bieber, qui reprend le thème de l’intégrité soulevé à plusieurs reprises lors de la conférence de la veille par Stephen Mayes, secrétaire du World Press Photo et directeur général de l’agence VII. Interrogée d’ailleurs par celui-ci sur le lien entre la couverture des conflits et la forte proportion de photographes mâles lors de ces événements, Mme Bieber explique qu’il est plus difficile pour les femmes d’aller photographier les guerres et les événements violents:

«On considère plus normal de voir les hommes partir couvrir les guerres et de revenir ensuite à la maison, où la femme s’occupe des enfants. Pour une femme, ce n’est pas une carrière facile, en raison des choix à faire. Quiconque veut devenir photographe doit savoir que ce ne sera pas du neuf à cinq… mais en étant une femme photographe, je crois que les portes sont ouvertes pour moi; les gens sont souvent moins intimidés par une femme. Je dis à toutes celles dans cette salle qui désirent être photographes: allez-y! Soyez passionnées, mais sachez qu’il y a parfois des conséquences personnelles.»