Pour un Québec transparent
Depuis deux ans, devant la commission Charbonneau, des hommes d’affaires, des ingénieurs et des hauts fonctionnaires viennent avouer honteusement à quel point ils vous ont volé au mépris de la morale la plus élémentaire. Et savez-vous qui est à l’origine de la Commission Charbonneau? Ce sont les journalistes, vos journalistes, qui ont amené la création de cette commission. Leurs enquêtes percutantes ont ébranlé le gouvernement du Québec et toute la société au point où, acculé au mur, le premier ministre Charest n’a eu d’autre choix que de créer la Commission Charbonneau.
Par Pierre Craig, président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec
La Fédération professionnelle des journalistes du Québec demande instamment aux candidats à la présente élection de s’engager à réaliser un gouvernement transparent.
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Depuis deux ans, devant la commission Charbonneau, des hommes d’affaires, des ingénieurs et des hauts fonctionnaires viennent avouer honteusement à quel point ils vous ont volé au mépris de la morale la plus élémentaire.
Et savez-vous qui est à l’origine de la Commission Charbonneau? Ce sont les journalistes, vos journalistes, qui ont amené la création de cette commission. Leurs enquêtes percutantes ont ébranlé le gouvernement du Québec et toute la société au point où, acculé au mur, le premier ministre Charest n’a eu d’autre choix que de créer la Commission Charbonneau.
Et pour y arriver, croyez-vous que vos journalistes se sont appuyés sur la loi québécoise d’accès à l’information? Non. Cette loi n’est qu’une boîte à outils servant à bloquer l’accès à des informations que vous avez payées de vos taxes et de vos impôts.
L’article 9 de la loi dit : «toute personne qui en fait la demande a droit d’accès aux documents d’un organisme public». C’est faux! Les 170 articles qui suivent contiennent une cinquantaine d’exceptions qui vous empêchent, vous et les journalistes, d’avoir accès à ces documents.
Sinon, comment expliquer que le ministère des Transports ait refusé de fournir à un journaliste la liste des membres des comités qui sélectionnent les firmes d’ingénieurs, alors que la même liste était remise aux firmes d’ingénieurs qui la demandaient?
Sinon, comment comprendre qu’un journaliste qui voulait expliquer pourquoi la Caisse de dépôt et placement a perdu 40 milliards de vos dollars ait dû obtenir les informations essentielles à son enquête de la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario, et non pas de l’Autorité des marchés financiers du Québec à qui il les avait demandées?
Madame Marois, monsieur Couillard, monsieur Legault, madame David, êtes-vous prêts à prendre l’engagement de réformer en profondeur la loi québécoise sur l’accès à l’information? Avez-vous le courage politique de gouverner des citoyens bien informés?
Transparence du gouvernement
Cette opacité se retrouve aux plus hauts échelons. La première ministre elle-même refuse de plus en plus souvent de répondre aux questions des journalistes. La première journée de sa campagne l’a malheureusement illustré.
Le gouvernement de monsieur Charest n’avait pas fait mieux : il avait centralisé à l’extrême les communications du gouvernement au sein du Secrétariat aux communications gouvernementales. Résultat : dans les ministères et les organismes publics le mot d’ordre est devenu protéger l’image du ministère et du ministre… pour protéger sa chemise. Le principe sacré de l’intérêt public a été aboli.
Madame Marois, monsieur Couillard, monsieur Legault, madame David, prenez-vous l’engagement de déclarer haut et fort que l’opacité qui nous gouverne doit faire place à un État transparent? Dites-nous quel principe doit primer : l’intérêt des citoyens ou celui de votre parti?
Démocratie municipale
Chaque année, ces citoyens québécois versent 19 milliards de dollars à leurs municipalités. Dans de trop nombreuses municipalités, les maires se conduisent en véritables roitelets. Plusieurs interdisent tout enregistrement des séances du conseil, pourtant publiques. D’autres remettent aux journalistes des documents budgétaires tronqués qui ne leur permettent pas d’informer leur public.
Madame Marois, monsieur Couillard, monsieur Legault, madame David, allez-vous accepter que cette situation perdure? Allez-vous tolérer que les citoyens des municipalités du Québec continuent d’être tenus dans l’ignorance de ce qu’on fait de leur argent, de leurs espoirs, de leurs rêves?
Vous engagez-vous à modifier les lois pour enfin permettre aux citoyens et aux journalistes de savoir ce qui se passe dans leurs propres villes?
Si vous restez silencieux, vous laisserez la noirceur envahir notre démocratie. Si vous n’agissez pas, vous laisserez tomber les Québécois.
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