Procès Lapierre c. Sormany: «une faute accidentelle»
Pierre Sormany admet avoir commis une faute en associant le chroniqueur et ex-politicien Jean Lapierre à la mafia sur Facebook. Néanmoins, il assure qu'il s'agit d'un accident. Les deux hommes se font face au Palais de justice de Montréal depuis mardi. M. Lapierre réclame 350 000 dollars à l'ancien patron de l'émission Enquête pour diffamation.
Voir aussi: Lapierre contre Sormany: l'aveuglement 2.0 et Duchesneau et l'intimidation médiatique
Pierre Sormany admet avoir commis une faute en associant le chroniqueur et ex-politicien Jean Lapierre à la mafia sur Facebook. Néanmoins, il assure qu'il s'agit d'un accident. Les deux hommes se font face au Palais de justice de Montréal depuis mardi. M. Lapierre réclame 350 000 dollars à l'ancien patron de l'émission Enquête pour diffamation.
Loin de nier les conséquences de son geste, M.Sormany a lui-même démissionné de Radio-Canada peu après les allégations en cause, alors que la direction du réseau public l'avait suspendu pour infraction aux normes et pratiques journalistiques.
«J'ai pris ma retraite à cause de la faute que j'avais commise malencontreusement. Avec les responsabilités que j'avais aux émissions Enquête, et généralement aux affaires publiques, je devais m'assurer que tout ce qu'on diffusait était vérifié et rigoureux. De par mes fonctions, je n'étais pas autorisé à émettre publiquement des opinions. (…) J'avais violé toutes les règles. Il me semblait très difficile, et pour mon employeur et pour moi, de me maintenir dans ces fonctions-là. À mes yeux, ma carrière venait tout simplement de finir», a-t-il expliqué hier.
En septembre dernier, en interview à Tout le monde en parle, Jacques Duchesneau se dit victime de tentatives d'intimidation médiatique et accuse des journalistes de servir l'intérêt des corrompus en tentant de le discréditer. À titre d'exemple, l'ancien direction de l'Unité anticollusion explique qu'un journaliste a affirmé à tort qu'il a joué au golf avec le chef de la Coalition pour l'avenir du Québec (CAC), François Legault. Sur Facebook, la journaliste Lise Millette, rédactrice en chef du Trente, demande à quel journaliste M.Duchesneau fait référence.
M.Sormany pointe illico l'ancien ministre libéral: «Jean Lapierre, ancien politicien et animateur-choc de TVA et LCN, mais qui offre aussi ses services-conseils en relations publiques et qui a parmi ses clients nul autre que son "ami" l'entrepreneur Antonio Accurso». Cette déclaration est rapidement transportée sur Twitter par un des contacts Facebook de la journaliste et se répand comme une traînée de poudre.
En effet, le lendemain matin, M.Lapierre doit se défendre pendant sa chronique au micro de Paul Arcand au 98,5FM. L'animateur a pris les allégations très au sérieux, car elle venait d'un journaliste «d’excellente réputation». «Mon intention était de congédier (Lapierre) si c’était vrai», a-t-il dit. La déclaration de M.Sormany a également été prise au sérieux à TVA, où M.Lapierre est également chroniqueur politique. «La nouvelle était grave», a insisté l'avocat du chroniqueur, Me Jacques Jeansonne, en expliquant que son client avait été interrogé par un des patrons de la chaîne.
L'ancien patron d'Enquête se défend toutefois d'avoir voulu nuire à la réputation de M.Lapierre. Son fils Jean-Sylvain Sormany a été appelé à la barre hier pour expliquer que son père n'avait que peu de connaissances en informatique. Ce fameux soir du 25 septembre, il croyait envoyer un message privé à Mme Millette, mais a plutôt écrit directement sur son mur Facebook au su et au vu de tous.
Le montant des dédommagements qu'il devra verser à M.Lapierre est intimement lié au caractère intentionnel de la faute. Si son avocate, Me Julie Chenette – qui a également défendu Sylvain Lafrance, l’ex-vice-président des services français de Radio-Canada, lors du procès en diffamation intenté contre lui par le patron de Quebecor, Pierre Karl Péladeau –, parvient a convaincre le juge que M.Sormany n’a pas commis de diffamation de manière intentionnelle, M.Lapierre recevra des dédommagements à titre moral et non à titre punitif et exemplaire.
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