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«Que Québecor réintègre le Conseil de presse apparait comme une exigence absolue»

C’est le point de vue du secrétaire général de l’institution, Guy Amyot, en réponse à l’annonce de la candidature de Pierre Karl Péladeau, actionnaire majoritaire du conglomérat qui contrôle 40% de l’information au Québec. Et ce sera sans conteste l’un des grands objectifs du futur président du Conseil, alors que John Gomery quitte ses fonctions…

C’est le point de vue du secrétaire général de l’institution, Guy Amyot, en réponse à l’annonce de la candidature de Pierre Karl Péladeau, actionnaire majoritaire du conglomérat qui contrôle 40% de l’information au Québec. Et ce sera sans conteste l’un des grands objectifs du futur président du Conseil, alors que John Gomery quitte ses fonctions au printemps et que les candidats à sa succession n’ont plus qu’une semaine pour déposer leur dossier.

C’est le point de vue du secrétaire général de l’institution, Guy Amyot, en réponse à l’annonce de la candidature de Pierre Karl Péladeau, actionnaire majoritaire du conglomérat qui contrôle 40% de l’information au Québec. Et ce sera sans conteste l’un des grands objectifs du futur président du Conseil, alors que John Gomery quitte ses fonctions au printemps et que les candidats à sa succession n’ont plus qu’une semaine pour déposer leur dossier.

Par Hélène Roulot-Ganzmann

«C’est certain que l’objectif de n’importe quel président d’un Conseil de presse, c’est d’unir tous les acteurs importants de l’industrie et de ce champ professionnel, estime M. Amyot, en entrevue à ProjetJ. Québecor est un joueur très important au Québec avec le degré de concentration que l’on connait. C’est impératif pour tout dirigeant de conseil de presse de l’avoir en son sein.»

Le futur président est donc prévenu, sa mission numéro un sera de faire revenir ce géant à la table du Conseil de presse du Québec, lui qui l’a quittée fin 2008, emmenant tous les médias lui appartenant, le Journal de Montréal, le Journal de Québec, TVA et LCN en tête. Et la tâche ne sera pas aisée si l’on considère que John Gomery en avait lui aussi fait son grand cheval de bataille lors de son arrivée à la tête de l’organisme de régulation en février 2010.

[Précision à 18h15: TVA et LCN ont quitté le Conseil de presse fin 2008, mais le Journal de Montréal et le Journal de Québec sont partis en juin 2010.]

«Or, on voit bien aujourd’hui les problèmes que ça pose, soutient Guy Amyot. Les chefs de l’opposition, tant à la Coalition avenir Québec (CAQ) qu’au Parti libéral (PLQ) tentent de remettre en question la crédibilité de toute une partie des professionnels de l’information parce que leur actionnaire principal se présente aux élections. Ce n’est pas rien de remettre en cause la qualité de ce travail. Pour ne pas qu’il y ait ce type d’inquiétudes et de critiques, il y a des mécanismes qui existent pour s’assurer de l’indépendance journalistique dans tous les conglomérats. L’un d’entre eux s’appelle le Conseil de presse et cette polémique met en évidence la nécessité que toutes les entreprises de presse y participent.»

Réflexions et difficultés déontologiques

Ainsi, selon Guy Amyot, les journalistes de Québecor sont en train de vivre les conséquences des choix malheureux de leurs dirigeants, choix qui les ont sortis de tous les mécanismes d’imputabilité. Et pour régler cette situation, le futur président devra avoir tous les atouts, toute l’expérience, tout le poids nécessaires pour faire revenir Québecor à la raison.

«Bien sûr nous cherchons le meilleur candidat et nous savons que remplacer John Gomery n’est pas chose facile, admet le secrétaire général. C’est un poste très important, un porte-étendard, un porte-parole. C’est essentiel d’avoir quelqu’un de prestigieux, mais les candidatures rentrent et nous avons des gens de cette trempe, souligne-t-il sans vouloir dévoiler de noms. On est dans un moment très important où le Conseil de presse doit réfléchir sur sa vocation, ses priorités, sa façon de remplir son mandat. Le contexte est difficile économiquement pour les entreprises de presse. Ça implique des réflexions ou des difficultés déontologiques. Il y a plusieurs confrontations entre la mission économique des médias, leur mission sociale et le respect de l’éthique. Le président devra donc être vraiment alerte, éveillé pour continuer à renforcer cet outil qu’est le Conseil de presse.»

Un président qui ne doit, statutairement, pas appartenir à l’industrie, mais bien à la société civile. Tout comme sept autres membres, soit plus d’un tiers du conseil d’administration de l’organisme, qui profite d’ailleurs de cet appel à candidatures pour renouveler sa banque de bons candidats. En plus du président, deux membres de la société civile devront effectivement quitter l’institution au printemps au terme de leurs trois mandats, et un troisième poste devrait être à combler dans les prochains mois.

La déontologie, ça ne s’improvise pas

«C’est au cœur de la logique et de la crédibilité du Conseil de presse depuis sa création en 1973 que la société civile soit partie prenante, explique Guy Amyot. C’est une union entre les représentants du public et ceux de l’industrie, journalistes et propriétaires des médias. Ça illustre le pacte qu’on scelle entre les médias et le public. Et c’est cette entente qui est merveilleuse et qui fait en sorte que la régulation est possible sans aucune intervention de l’État ni d’autres acteurs.»

Des futurs membres qui auront notamment la tâche de se pencher sur les plaintes formulées par le public à l’encontre de tel ou tel média ou tel ou tel journaliste. Une fonction bénévole et exigeante, qui requiert d’avoir une grande connaissance des médias et de chérir la liberté de presse. Un comité de sélection retiendra les meilleures candidatures en tentant le plus possible de représenter le Québec dans toute sa diversité régionale, socio-économique et culturelle.

«Les candidat retenus doivent étudier un cas concret et nous faire part de leurs réflexions, explique M. Amyot. Et lorsqu’ils sont choisis, ils suivent alors une formation en déontologie, car ça ne s’improvise pas. Les gens de corporations ou d’ordres professionnels sont initiés à leurs propre déontologie, c’est plus naturel. Mais on sent que les personnes qui déposent leur dossier d’intéressent aux métiers de l’information, à la responsabilité des médias d’information, et ont par eux-mêmes, déjà initié une réflexion sur la déontologie. Nous avons notamment souvent des jeunes retraités qui veulent rester actifs et intellectuellement éveillés en devenant les chiens de garde des médias d’information.»

Date limite des candidatures pour la présidence du Conseil de presse du Québec: mercredi 19 mars 2014.

Date limite des candidatures pour les représentants du public: lundi 31 mars 2014.

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