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Quebecor vs Radio-Canada: Gesca s’en mêle

Le président et chef de la direction de Quebecor, Pierre Karl Péladeau a tenu «des propos inexacts et injustifiés à l'égard de La Presse Télé», selon le vice-président aux Affaires juridiques de Gesca, Patrick Buchholz. En réponse à la comparution de M.Péladeau, le mois dernier, devant le Comité permanent de l'accès à l'information de la…

Le président et chef de la direction de Quebecor, Pierre Karl Péladeau a tenu «des propos inexacts et injustifiés à l'égard de La Presse Télé», selon le vice-président aux Affaires juridiques de Gesca, Patrick Buchholz. En réponse à la comparution de M.Péladeau, le mois dernier, devant le Comité permanent de l'accès à l'information de la Chambre des communes, M.Buchholz a adressé une lettre à la présidente du comité Jean Crowder.

Le président et chef de la direction de Quebecor, Pierre Karl Péladeau a tenu «des propos inexacts et injustifiés à l'égard de La Presse Télé», selon le vice-président aux Affaires juridiques de Gesca, Patrick Buchholz. En réponse à la comparution de M.Péladeau, le mois dernier, devant le Comité permanent de l'accès à l'information de la Chambre des communes, M.Buchholz a adressé une lettre à la présidente du comité, Jean Crowder.

Devant les parlementaires, le patron de Quebecor s'est plaint du refus de Radio-Canada de répondre aux demandes d'accès à l'information concernant ses dépenses, des données qu'il juge d'intérêt public, mais sur lesquelles son groupe de presse est le seul à pouvoir enquêter, selon lui. «Malheureusement, la réalité veut que Sun Media soit actuellement le seul groupe de presse ayant la distance et l'indépendance requise pour poser ces questions au diffuseur d'État, tant les autres médias sont inféodés à Radio-Canada», a-t-il déclaré. Il a ensuite illustré ses propos en ajoutant, au sujet de La Presse Télé, «ce producteur a reçu 150 millions de dollars en crédits d'impôt. Il vend 80% de sa programmation à la CBC/Radio-Canada, mais plus précisément à Radio-Canada, puisqu'il s'agit d'émissions francophones».

«Ces affirmations sont fausses et injustes. D'abord, même en tenant compte à la fois des crédits d'impôt fédéraux et provinciaux applicables à ses productions télévisuelles, La Presse Télé n'a reçu qu'à peine le cinquième de ce montant depuis qu'elle a commencé à exercer ses activités en 2002. En ce qui a trait à la vente de nos émissions à la Société Radio-Canada (SRC), les chiffres avancés par monsieur Péladeau sont également exagérés. Ce que ce dernier n'a pas dit aux membres du Comité, alors qu'il le sait pertinemment bien, c'est que si autant d'émissions de La Presse Télé ont été diffusées sur les ondes de la SRC plutôt qu'à TVA, c'est d'abord et avant tout parce que TVA n'a jamais voulu diffuser les émissions produites par La Presse Télé, politique qui nous a été signifiée par un président de TVA lors de la fondation même de La Presse Télé», répond M.Buchholz jugeant les propos de M.Péladeau «outrageux».

Radio-Gesca?

Dans sa lettre publiée sur Cyberpresse, M.Buchholz ne se porte cependant pas à la défense des journaux de son groupe. Deux jours avant la comparution de M. Péladeau à Ottawa, La Presse avait pourtant publié un article exclusif dévoilant le montant des primes au rendement distribuées par Radio-Canada et CBC entre le 1er janvier et le 14 septembre 2011, des données obtenues en vertu de la Loi sur l'accès à l'information. Le vice-président aux Affaires juridiques de Gesca n'en parle pas. Il n'évoque pas non plus l'entente de promotion croisée signée en janvier 2001 par le président et éditeur de La Presse, Guy Crevier, et l'ancien vice-président principal des Services français de Radio-Canada, Sylvain Lafrance (voir le document sur le site QuébecLeaks).

«Si cette entente écrite n'a plus cours, il existe encore plusieurs collaborations d'affaires entre Radio-Canada et Power Corporation», souligne le professeur Marc-François Bernier, titulaire de la Chaire de recherche en éthique du journalisme de l'Université Laval dans une étude exploratoire questionnant le phénomène «Radio-Gesca». Selon le chercheur, il n'y aurait pas d'agenda conjoint aux deux sociétés. L'entente soulignait en effet n'impliquer «aucune incidence sur la liberté éditoriale de chaque média qui demeurera entièrement maître et responsable des contenus et des positions éditoriales diffusées sur une plate-forme commune».

M. Bernier attribue plutôt la proximité des deux entreprises à «une certaine conception partagée des questions ou de sujets dignes d'un intérêt journalistique, laquelle favoriserait les contenus radio-canadiens plutôt que ceux de Quebecor». Cependant, ces affinités pourraient nuire à la diversité des sources d'information et favoriser «une autocensure subtile chez les journalistes de Gesca qui collaborent régulièrement aux émissions de Radio-Canada», craint l'éthicien. Critiquant la forte présence de journalistes de La Presse à l'antenne du réseau public, le Syndicat des communications de Radio-Canada s'était lui aussi inquiété de la proximité entre les deux sociétés en 2008.

 

Voir aussi:

Quebecor vs Radio-Canada: la guerre se corse

 

 

 

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