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Urbania: l’entrevue de campagne en 140 caractères

Les municipales ont été une nouvelle occasion pour la rédaction web d’Urbania de tester l’entrevue sur twitter. La semaine dernière, le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, s’est en effet prêté au jeu de l’interview en 140 caractères. Même s’il a parfois dû utiliser plus d’un tweet pour clarifier sa pensée. Les municipales ont été…

Les municipales ont été une nouvelle occasion pour la rédaction web d’Urbania de tester l’entrevue sur twitter. La semaine dernière, le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, s’est en effet prêté au jeu de l’interview en 140 caractères. Même s’il a parfois dû utiliser plus d’un tweet pour clarifier sa pensée.

Les municipales ont été une nouvelle occasion pour la rédaction web d’Urbania de tester l’entrevue sur twitter. La semaine dernière, le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, s’est en effet prêté au jeu de l’interview en 140 caractères. Même s’il a parfois dû utiliser plus d’un tweet pour clarifier sa pensée.

Par Hélène Roulot-Ganzmann

En février dernier, Urbania se targuait d’avoir inventé «le concept d’entrevue sur twitter, en direct devant toute la twittosphère». L’interviewé était en l’occurrence l’acteur David La Haye, qui annonçait réfléchir sérieusement à se présenter aux élections municipales à Montréal.

En réalité, et n’en déplaise à Frédéric Guindon, directeur du contenu web et Olivier Morneau, gestionnaire de communauté, le concept n’a pas été inventé par le plus urbain des magazines québécois, puisqu’en janvier 2012 déjà, Devon Glendon, rédactrice en chef du blogue new-yorkais SocialTimes, délivrait ses trucs et astuces pour mener une bonne entrevue sur twitter.

Mais si finalement, l’acteur de Mirador n’a pas cru nécessaire de partir a l’assaut de l’Hôtel de Ville, Urbania a depuis, réitéré l’expérience du twinterview plusieurs fois, notamment cet été avec quelques artistes se produisant dans les divers festivals, et la semaine dernière avec le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron.

Projet J : Comment vous est venue cette idée de mener des entrevues via twitter?

Frédéric Guindon: j’ai eu un flash en tombant sur un énième tweetfight, ces conflits qui se règlent sur twitter et auxquels toute la twittosphère peut se mêler. À un moment donné, j’ai eu l’idée d’organiser ce genre de débats, de rencontre. Faire en sorte que deux personnes se parlent, de façon virtuellement publique puisque tous leurs abonnés peuvent suivre la conversation en temps réel, comme sur une place publique en somme.

Olivier Morneau: En fait, beaucoup de gens suivent le débat en direct, il y en a même qui posent leurs propres questions. Ensuite, lorsqu’on poste l’entrevue sur le blogue, d’autres viennent lire la conversation, mais c’est sûr qu’à ce moment-là, c’est figé, il n’est plus possible de participer.

Quels sont les avantages de l’entrevue sur twitter, selon vous?

F.G.: Ça force les gens qui sont interviewés à donner des réponses courtes et concises. 140 caractères, c’est peu. Alors bien sûr, ile peuvent utiliser deux, trois tweets pour développer leurs idées, mais rarement plus. Ils ne peuvent donc pas démarrer avec un long préambule sur lequel la question n’a pas été posée.

O.M.: Le fait que les abonnés puissent intervenir est aussi très pertinent. Ça a été le cas avec Richard Bergeron, certains ont eu des idées de questions très intéressantes auxquelles ont avait pas pensé à la rédaction.

Et les limites de l’exercice?

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F.G.: si je prends l’exemple de Richard Bergeron, je dirais que le fait d’être limité dans le temps a été problématique. Nous avions convenu de nous en tenir à trois quarts d’heure. Mais nous ne sommes pas face-à-face. Je pense qu’autour de lui, il y avait une petite équipe pour l’aider à répondre. Ils devaient faire des vérifications sur internet ou dans leurs dossiers. Puis, il faut rédiger la réponse pour que ça tienne dans le format, relire pour éviter les fautes d’orthographe, etc. Tout ça prend deux à trois minutes par question. J’aurais préféré avoir plus de temps pour creuser d’avantage les sujets. Je pense qu’il faut tabler sur deux heures environ pour avoir une bonne entrevue sur twitter.

Au final, vous trouvez que c’est une plateforme qui se prête vraiment à l’entrevue?

F.G.: Twitter est juste un nouvel outil dans notre corpus, une avenue possible. Ça ne fait ni une moins bonne, ni une meilleure entrevue. Ça ne change rien à mon travail de journaliste, à part que je n’ai pas à faire d’effort vestimentaire particulier puisque je suis derrière mon écran. Mais je dois faire mes devoirs de la même façon, connaître mes dossiers, etc.

Pourquoi n’avez-vous eu que Richard Bergeron et pas les autres candidats?

F.G.: En fait, nous avons fait la proposition aux quatre candidats principaux. Aucune réponse de la part de Denis Coderre. Mélanie Joly était intéressée mais ensuite, nous n’avons pas réussi à nous entendre sur un moment. Quant à Marcel Côté, nous n’avons eu aucune réponse jusqu’à ce que nous publions l’entrevue avec Richard Bergeron. Là, son équipe de communication est entrée en contact. Elle a dû se dire que finalement, ça pouvait avoir un impact et qu’il pourrait rejoindre ainsi les jeunes. Mais ils n’ont pas donné suite…

Mais pour que l’entrevue soit bonne, il faut que l'interviewé soit à l’aise avec l’outil twitter…

O.M.: les politiciens qui ne sont pas à l’aise avec twitter sont en voie de disparition! Ou alors, ils ont une équipe qui l’est. Toute personne publique est capable de répondre à une entrevue sur twitter aujourd’hui. On peut imaginer ce genre d’exercice aussi bien avec des politiciens qu’avec des artistes ou des joueurs de hockey. C’est juste le média qui change. Tant qu’il y a de la matière et un public intéressé, c’est pertinent. À Urbania, c’est une idée qui flotte depuis pas mal de temps et aussitôt qu’une occasion se présente et s’y prête, on le tente.

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